Pérégrinations sous une pluie battante

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méandres
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Enregistré le : mercredi 23 juillet 2008 14:47
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Pérégrinations sous une pluie battante

Message par méandres »

Cela faisait une demie heure que la pluie tombait à verse. Les cheveux collé sur le front, il se forçait à garder les yeux grand-ouverts, à la merci des gouttes. Longeant le bas côté, il s'amusait du son de ses pas sur le sol détrempé, tantôt claquants sur la route tantôt bruissant dans l'herbe mouillée. Il s'inventait ainsi des rythmes saccadés sautillant d'un côté puis de l'autre. Le klaxon d'une voiture le força à la fausse note, un nuage de gouttelettes soulevé derrière elle, et lui sourit à la vue de son allure. Aller vite, vite pour arriver quelque part, y rester un temps puis repartir. Une succession de petits moments et entre eux des distances, temporelles aussi. Lui désirait briser sa perpétuelle attente, en ne s'arrêtant plus jamais. Semer les objets de ses désirs, se trouver dans un environnement si étranger que repenser ces choses lui serait impossible. Vaste entreprise de fuite en avant... mais il ne se le cachait pas, en assumait l'issue incertaine. Un nouveau bruit de moteur, et cette fois il eu le temps de se retourner et de lever le bras. La voiture le dépassa mais freina bientôt pour finalement s'immobiliser quelques mètres en avant. C'était une vielle carcasse souffrotante à la couleur incertaine, quelque chose entre le marron et le beige et il s'en réjouissait un peu. La dernière voiture qui l'avait pris sortait tout juste de chez le concessionnaire, elle embaumait le neuf, de cette odeur commune à trop de choses. Indéterminée et impersonnelle, un peu comme son propriétaire, et comme la musique qu'il lui avait infligé. Arrivant à la hauteur de la vitre avant, côté passager, il la trouvait ouverte. Le visage d'une vielle femme, le coup tendu dans sa direction l'y attendait. Elle était seule et il marqua un temps d'arrêt à sa vue, soixante ou soixante dix ans, la première femme à s'arrêter pour lui en deux mois d'auto-stop.
«Jeune homme, montez vite... » lui lança t'elle.
Un petit merci pour toute réponse et il balança son sac à dos à l'arrière puis prit place à côté d'elle. Etrangement mal à l'aise, il la regardait en coin, s'étonnant qu'elle ne fit pas de même... Pas de question sur sa destination, elle reparti simplement conduisant lentement sous cette pluie battante. Au travers des nuages le soleil gris se couchait.
Elle avait quelque chose d’une religieuse, sa robe crème peut être, fait d’un tissu rêche ; et puis ce détachement calme lisible sur ses traits. Aucun indices pourtant dans ce vieux taco, ni croix de bois au rétroviseur, ni vierge de Lourdes sur le tableau de bord. Rien qu’une homogène couche de poussière, un vieux chiffon bigarré et les restes de petites fleurs séchées. Il surpris soudain au fond de sa gorge une maussade saveur, de celle que l’on ne ressent qu’à l’intérieur. Assis dans une voiture ou devant une fenêtre grisée de mélancolie. Celle d’un dimanche après-midi, ou d’une sonate de piano, d’une averse d’automne ou du réveil d’une sieste trop longue.
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claudine
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Message par claudine »

Bonjour méandres,

C'est le début d'un roman ? :pense:

C'est très bien écrit et cela donne envie de savoir la suite :up2:

Amitiés :bisouss:
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méandres
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Message par méandres »

Merci... je ne sais pas trop de quoi c'est le début, d'ailleurs très souvent mes débuts rèstent sans suite mais je pense qu'au final cela prendra la forme d'une petite nouvelle.
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