L’histoire de Pomme, déesse danseuse, sirène rêveuse, oiseau rieur, fée céleste

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Alia
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L’histoire de Pomme, déesse danseuse, sirène rêveuse, oiseau rieur, fée céleste

Message par Alia »

Pomme : Petit rat de l’opéra qui a perdu l’envie, puis la vie.

C’est son histoire que je raconterais aujourd’hui.

Pomme. Petite fille, elle avait voulu suivre le modèle de son père. C’était un prestigieux danseur étoile. Il avait emmené sa mère toucher la lune. D’une main, elle l’avait frôlé.

Lune n’était pas contente. Un humain se permettait de venir troubler son céleste repos.
D’une voix opaline elle avait dit : « Vous avez pénétré dans mon ciel, j’aspirerais votre vie jusqu’ici quand le jour m’en dira»

Pomme était née, un jeudi six du mois de mars. A la sortie de l’hôpital, son père la tenait fier dans ses bras tandis que sa mère marchait près d’eux. Un essuie glace s’arracha, le conducteur ne voyait plus rien à cause des litres de pluie qui engloutissaient sa vitre. La seule chose dont il se souvient encore, c’est du choc.

Elle était là, morte sur le bitume d’un parking de plein air.

Pomme avait grandit, et la seule chose qui avait su combler l’absence de sa mère était la danse. Elle se sentait tellement libre, en tournant, tournant, tournant …

Depuis toujours son père la prenait dans ses bras, la serrait contre lui et se mettait à danser doucement. Mais Pomme avait grandit.
Elle devint un petit rat de l’opéra. Aucun reproche ne pouvait être formulé à son égard.
Elle avait sans nul doute hérité de la technique de son père et de la grâce de sa mère.
Elle brillait, petite constellation à elle seule.

Un mardi neuf, du mois de novembre, sa vie bascula. Son père mourût sur scène, en pleine représentation. C’était le final. La musique battait son plein. Elle était dans les coulisses, lieu où elle avait grandit. Le corps paternel ondula et resta inerte à terre.

Danser était un échappatoire. De longues heures pendant lesquelles elle ne pensait plus à rien. Elle s’arrachait aux mondes des hommes, à leur souffrance, à leur mensonge, à leur n’importe quoi éreintant.
Danser, c’était aussi le lieu de rencontre. Le rendez-vous entre ses parents et elle, lorsqu’elle atteignait presque les nuages saupoudrés de larmes.

Elle sentait parfois la folie furieuse s’emparer de chacun de ses membres et la conduire vers ce même ciel qui s’était emparé de sa mère. Elle n’en franchit jamais les barrières.

Elle s’appelait Cerise. Elle était belle et surtout nouvelle. Elle se rapprocha vite de Pomme, si vite, trop vite. Cerise fulminait intérieurement. Elle le savait : face à Pomme elle n’avait aucune chance. Le concours commença. Cerise lui tendit une bouteille d’eau.
Une gorgée qui s’éternisa avant le levée de rideau des auditions.

D’abord douce, Pomme dessinait avec ses jambes et ses bras des portes vers d’autres mondes. Ses yeux étaient mi-clos. On devinait le contrôle de chacun de ses gestes.
La musique s’accéléra, son cœur aussi. Ses membres devinrent plus durs. Elle rompait avec la rythmique précédente. Elle prit un peu d’élan, pour son final.
Le jury se souvient certainement de sa jambe droite tendue à l’horizontale. De son pied courbé à l’extrême et de la chute : nette et gracieuse.

Elle revint au milieu de la scène, haletante. Une sensation de vertige s’immisçait sourdement dans son corps. Elle tituba jusqu’au centre. Elle baissa la tête et le corps. On l’applaudit encore, à l’unanimité elle gagnerait. Elle savourait son triomphe.
Elle tomba.

Lorsqu’elle se réveilla et comprit le geste de Cerise, elle ne croyait plus en rien.
Elle rangea ses chaussons de danse sous les yeux anéantis de Delta qui l’avait recueillit. Le vieil ami de son père amena le carton danseur à la cave et regarda la lente descente aux enfers de son propriétaire.

L’envie s’était perdue entre ciel et terre. Elle franchissait doucement le paillasson de l’enfer. La chute fut sans fin et après de longs mois d’agonie, Pomme partit rejoindre les siens.

Ce fut l’histoire de Pomme, déesse danseuse, sirène rêveuse, oiseau rieur, fée céleste, un ange qui s’en alla un matin de juin.
J’aime raconter son histoire, car ainsi, j’ai l’impression que Pomme vit toujours quelque part.

Pendant les nuits d’automne, regardez le ciel. Vous saurez qu’elle contrôle tout cela.
Voyez le vent faire plier les arbres. Ce vent qui vole vos chapeaux. Cet air frais et inconstant qui tournoie autour de vous et qui vous incite à vous détourner de votre route. Cet air ni léger ni fort. Cet air frivole qui veut vous voir danser. Ce souffle qui fait tournoyer les feuilles, les oiseaux, vos peines et vos larmes. Sentez ce vent qui danse et sachez que Pomme est toujours là...
° Je voudrais mourir dans un éclat de rire °
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claudine
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Message par claudine »

Ce texte est magnifique ! :clap2:
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Lotus
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Message par Lotus »

Alia... je ne trouve pas les mots mais ton texte est très beau !!! :clap2:
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Alia
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Message par Alia »

C'est très gentil à vous,

contente si ça vous plait !

et MERCI :bisouss:
° Je voudrais mourir dans un éclat de rire °
Canapé lit

Message par Canapé lit »

Trés beau texte.

Elle devait être jolie dans ses chaussons de ballerine, pomme. :oh:
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Alia
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Message par Alia »

Merci :bisouss:
° Je voudrais mourir dans un éclat de rire °
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