Ma reprise du boulot après mon arrêt de travail pour dépression !

[run974]

Amis dépressifs, je vous salue bien bas.

Comme promis, je vous raconte ma reprise qui a eu lieu hier et qui a été comment dire ?? Du gros foutage de gueule ? Oui, ça me parait le mot juste. J'ai angoissé tout le week-end, mais boosté par votre soutien et celui de mon mari, je suis partie anxieuse mais pleine d'espoir. Mes adjoints m'ont manifesté leur joie de me revoir, ça m'a fait chaud au coeur. Au niveau de mes chefs par contre, je pense qu'un accueuil plus froid impliquait l'usage d'armes à feu. Mais bon, j'ai décidé que c'était un peu normal, un mois d'absence, c'est long.

Et puis j'ai été convoquée chez mon chef de service (psychologue de formation, je le précise). Il m'a envoyé illico à l'infirmerie, où le médecin m'attendais avec un arrêt de travail déjà tout prêt. On m'envoie à Bordeaux jeudi pour une expertise psychiatrique (habitant Paris, ça me parait évident que c'est le plus prêt), le rendez-vous était déjà pris, mon ordre de mission établi. La décision du psychiatre déterminera mon avenir, mais manifestement, les dés sont jetés. J'ai eu un peu l'impression d'être chassée comme une malpropre. Je serai vraisemblablement mutée dans les semaines à venir, dans un autre poste sur Paris, ce qui anéantit toute possibilité de mutation conjointe avec mon mari en province tel que c'était normalemet prévu pour cet été.
Et vous savez quoi, le plus marrant dans cette histoire, c'est que je voulais absolument reprendre le boulot pour éviter cette situation (mon statut impliquant qu'au bout de 60 jours consécutifs d'arrêt, on peut demander la mutation de l'intéressé) et ne pas retarder nos opportunités de mutation ailleurs.

Je ne vous cache pas que l'expertise psy va me suivre toute ma carrière, mais à la limite, je m'en fous. Par contre, quand je vous disais que la dépression est une maladie honteuse, je crois que, dans mon milieu professionnel du moins, c'est une tare.

Ce qui me détruit, c'est que l'ensemble de ma famille est impliquée, mon mari a bossé dur pour pouvoir repartir en province, et il risque de perdre une belle opportunité professionnelle à cause de ça. En revanche, c'est une belle leçon pour moi : ça ne sert à rien d'essayer de faire comme si on pouvait vivre normalement avec cette maladie. Je ne veux plus travailler, je ne peux plus tant que je ne me serai pas un peu remontée, je ne veux plus jouer la comédie et essayer de dissimuler ma souffrance pour assumer à tout prix. JE LACHE PRISE. J'ai le droit d'être malade, j'ai le droit d'être névrosée.

J'ai lu cette semaine un livre qui m'a bouleversée : DE LA DEPRESSION AU GOUT DU BONHEUR d'Hélène Roubeix chez Eyrolles. C'est la première fois que je lis ce que je vis. Elle y décrit MA souffrance, j'ai été très troublée. Et elle m'a redonné l'espoir en décrivant la maladie comme une étape nécessaire, une rupture entre une vie d'insatisfaction, de culpabilité, de colère... et la reconstruction de sa véritable identité pour retrouver le goût de vivre. Je vais donc me laisser le temps d'être malade, de pleurer, de souffrir, de me cacher. Et de faire connaissance petit à petit avec moi même, de me pardonner et de faire le deuil des rêves que je ne réaliserai jamais (j'ai la chance d'avoir un psy super, et disponible, je sais qu'on va y arriver) et ça prendra le temps que ça prendra.

Ce matin je me sens heureuse de ma souffrance, je l'aime. Et j'ai envie de vous dire que je vous aime aussi, je voudrais vous faire partager l'espoir qui vient de naître en moi.

Je vous adresse mes amitiés les plus sincères.

[lewis]

Bonsoir Run ,

Ils n'ont pas l'être très sympa dans ta boîte
Si j'ai bien compris tu es en arrêt 1 mois et ils t'envoient chez un expert psychiatre
A coté de cela le patron de mon ancienne boîte était un ange
Je pense que tu travailles dans une grande structure car ce n'est pas très humain tout cela, et ca a l'air bien rodé

Visiblement ils ne respectent pas les les conventions collectives de ton secteur??? peut être faudrait ils le leur rappeler mais je comprends que tu n'es pas en position de force.

Au niveau de l'expertise, ne peux-tu revenir en arrêt de travail pour la retarder? Puisque de toute façon ils ont décidé de te muter. Cela te donnerait le temps de réfléchir à tout cela car apparemment ils veulent aller vite.

C'est évident que dans ton milieu professionnel encore plus qu'ailleurs, la dépression à l'air d'être un véritable frein. Comme quoi on se demande si on ne devrait pas brouiller les pistes au niveau de la maladie tout comme le font les malades du VIH en cas de demande de prêt immobilier...

Un autre sujet que tu abordes est la reconstruction. En effet si la dépression est destructrice,
elle permet en quelque sorte de crever l'abcès et de repartir. N'est ce pas préférable à une vie entière bancale???
Je suis heureux que tu abordes le problème ainsi, c'est aussi ainsi que je voies les choses.
Le chemin est long mais il en vaut la peine et c'est très important que tu ais aussi un bon psy.

Tu reprends le travail demain?

[run974]

Salut Lewis,

Merci pour ta réponse. Ben non, je ne reprends pas le travail demain. Le médecin m'a collé un arrêt jusqu'à jeudi matin, jour où je vais à Bordeaux voir "l'expert". Comme tu dis, j'appartiens à une grande structure (la "grande muette" pour ne pas la citer, mais tu m'auras compris). Tout ça sent la fumisterie, j'ai appris que la décision avait été prise il y a une quinzaine de jours. Ils veulent se débarasser de moi, c'est une évidence. Le plus drôle, c'est que c'est un psychiatre de l'institution qui me suit en thérapie, qu'il m'avait estimée capable de reprendre mon taf et qu'un vulgaire généraliste (de la boutique quand même, mais pas un spécialiste) m'impose un arrêt forcé. C'est sûr qu'un allez-retour Paris-Bordeaux sur la journée pour le motif que tu sais c'est une ballade de santé, ça va me faire un bien fou.

Bref, grosse baisse de moral ou plutôt grosse colère. Qu'ils se mettent d'accord à la fin, où je suis malade et on m'aide, où je suis mytho et oui, alors c'est normal que je sois sanctionnée professionnellement. Si c'était le cas, je demanderai un nouvel arrêt, maintenant je n'ai plus besoin d'essayer de sauver les meubles.

M'en fous, ma décision est prise, ma dépression sera comme une nouvelle gestation. Après l'épreuve, je vais renaître et apprendre à vivre, avec ma petite personne aussi imparfaite soit-elle et avec les autres. Apparemment, tu partages ma réflexion. Faisons un bout de chemin ensemble, veux-tu?

Je vous embrasse tous.

[lewis]

Bonjour run,

Oui maintenant que je sais ou tu travailles, je comprends mieux ce qui se passe. Il est évident que cela était comme je le pensais assez calculé
Un des problème qui se pose à toi est que visiblement le corps médical n'est pas neutre
Quand j'ai été en arrêt de travail les médecins que je consultais étaient totalement extérieurs à ma boîte, d'ailleurs ils n'y a jamais eu aucun contact entre ma société et mes médecins.

Comme tu le dis, et tu as entièrement raison, tu peux maintenant demander un nouvel arrêt, il ne faut pas culpabiliser sur la durée, ce n'est pas en 1 mois qu'on se remet d'une chute comme tu l'as vécu.

En tout cas je sens en effet plus une grosse colère chez toi, plutôt qu'une baisse de moral.
Tout ça m'indique que la prise de conscience va très vite chez toi. Pour faire court je dirais que tu as fait en quelque temps le cheminement qui peut prendre très longtemps chez d'autres personnes. Cela a par exemple été beaucoup plus long pour moi

[Serena777]

Bonjour !

Me voilà de retour après 4 mois de problèmes avec mon pc !

Voilà ! Je n'ai plus d'autre solution que de retravailler ! J'ai encore la possibilité d'avoir 2 mois de CLD (fonction publique) et à partir du 18 décembre 2011 je serais en mise en retraite pour invalidité si je n'ai pas réussi à trouver un boulot pendant ces deux mois !

- d'un côté je ne voudrais plus jamais rebosser ! je hais la fonction publique et plus particulièrement le secrétariat que je fais depuis 1987 et que je ne supporte plus..... je voudrais changer de domaine !!! bosser avec des petits enfants !......

- de l'autre côté, si je ne reprends pas une activité, je serais définitivement grillée socialement et financièrement et cela je ne pourrai le supporter !
720 Euros pour vivre par mois sans RSA, cela ne sera pas possible et je pense que je retomberai dans un grand abîme..............

Coté médicaments, je ne prends qu'un thymorégulateur et des stimulants naturels de mon naturopathe ! Apparemment cela marche ! J'ai encore 1 bon mois pour me retaper et arriver à me lever le matin à 7 h sans me recoucher de la journée (impossible à ce jour encore)

Une grande question : Comment faites vous pour vous lever tôt pour travailer et tenir toute la journée sans avoir l'impression de craquer ou mourir à chaque instant ????????? JE NE SAIS PAS SI JE VAIS Y ARRIVER A NOUVEAU UN JOUR !!!! ET J'AI TRES PEUR !!!

Merci pour vos conseils ! De tout coeur !!!!!

Serena

[butterfly]

Bonjour Serena 777

C'est normal que tu appréhendes ton retour après une si longue absence. c'est tout un nouveau rythme chronobiologique, une dynamique physique et intellectuelle à relancer. mais je te rassure, c'est comme tout. ça s'acquière (et se réacquière) avec du temps, parfois beaucoup de temps. et de la compréhension de la part des collègues et supérieurs (pas besoin d'être psychologue pour être indulgents avec une collègue en retour d'arrêt maladie de longue durée). pour faciliter ce nouveau départ tu vas reprendre en mi-temps thérapeuthique (obligatoire) pendant quelques mois (durée à l'appréciation du comité médical). comme ça tu n'auras pas à "tenir" une journée complète. si c'est le réveil qui t'angoisse particulièrement dis toi que tu pourras faire une sieste l'après-midi. et qui sait? avec un peu de chances tu ne travailleras peut-être pas le matin (je ne sais pas si on peut intervenir sur la répartition du mi-temps ). et enfin, si ça ne va vraiment pas tu pourras toujours demander à poser un congé par ci par là. ou au pire un petit arrêt maladie de 2-3 jours. je sais que ça doit pas être évident cette période de pré-reprise mais parfois ça aide de se dire que la réalité financière ne nous donne pas le choix. ça nous oblige à mettre nos angoisses de coté. mais si celles-ci nous envahissent et portent trop atteinte à notre santé il ne faut pas hésiter à s'arrêter de nouveau. tout est question de proportions. en tout cas ici on sera là pour t'encourager.

[Lady_woupss]

Bonjour Serena,

je comprends tout à fait ce que tu peux ressentir. Je suis bipolaire, arrêté depuis presque deux ans et bientôt je devrais commencer à chercher un emploi à temps partiel heureusement mais ça me panique quand même.
Je n'ai jamais compris comment tous les gens, pour moi les héros du quotidien, arrivaient à aller bosser 5 jours par semaine, 8 heures par jour sans s'écrouler!

Je n'ai pas résolu la question sauf de te conseiller de voir si tu peux faire quelque chose dans le domaine qui t'attire: pourquoi ne pas faire des gardes d'enfants? du soutien scolaire? nounou?

Sinon je pense comme butterfly que tu peux reprendre le boulot et te ré arrêter si cela se passe mal! La santé avant tout.

En tous cas courage à toi.

[Serena777]

Bonjour !

Merci de tout coeur pour ton message !

En fait, je n'ai plus droit au mi-temps thérapeutique car j'ai déjà utilisé tout mon quota.......... de ce fait, j'ai demandé un 80 %, mais là je suis en attente pour savoir si ma proposition de poste est acceptée ............... et comme je suis très superstitieuse, je ne préfère pas trop en parler sinon ça va mal se passer... je prie.....


Serena