La recherche en Psychiatrie : la pharmacogénétique ou les médicaments de demain

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Zooey
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Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15

La recherche en Psychiatrie : la pharmacogénétique ou les médicaments de demain

Message par Zooey »

Bonjour à tous!

Je ne sais pas si vous avez entendu parler de l'étude menée par un groupe de chercheurs dirigés par l'université de Cardiff en Grande-Bretagne qui a dénombré 83 nouveaux marqueurs génétiques de la schizophrénie, amenant le nombre de marqueurs de cette maladie à 108 et confirmant sa composante majoritairement génétique.

On savait déjà, grâce aux études épidémiologiques et génétiques depuis les années 1980, que les gènes étaient impliqués et responsables de la genèse (transmission et susceptibilité) de certaines maladies mentales graves. Notamment l'origine polygénique (plusieurs gènes) de la schizophrénie et du trouble bipolaire. Mais les recherches des deux dernières décennies ont pu le prouver pour l'autisme (2003: par l'unité de recherche génétique de l'Institut Pasteur, cocorico), et faire de grandes avancées dans l'identification des marqueurs génétiques de la maladie bipolaire et de la schizophrénie.

Il apparaît, par exemple, qu'il y ait plus de recoupements entre les gènes de susceptibilité à la schizophrénie et à la bipolarité qu'on ne le pensait.
On s'éloigne aussi définitivement du déterminisme biologique, vu que l'interaction gène-environnement (épigénétique = modification par l'environnement de l'expression moléculaire des gènes) est démontrée.

Épigénétique qui permet au passage que la psychiatrie adopte un abord neuro-développemental des maladies (connectivité: développement de réseaux neuronaux particuliers), au lieu de les regarder comme neuro-déficitaires (avoir une case en moins quoi ^^), ce qui devrait produire de nouvelles formes de traitements.

Mais la très bonne nouvelle, c'est que cette étude scientifique, menée sur 150.000 personnes, a décroché un gros financement pour poursuivre dans cette voie:
650 millions de $. Elle a aussi validé certaines pistes, comme celle du rôle joué par les gènes impliqués dans le fonctionnement du système immunitaire. Les scientifiques comptent augmenter leur panel de sujets tests et utiliser le financement pour investiguer aussi la bipolarité et l'autisme.
Ce qui laisse espérer le développement de nouveaux protocoles de détection (prévention) et de soins de la schizophrénie, de la bipolarité et de l'autisme. En particulier, de nouveaux types de médicaments, administrés en fonction du génotype des individus atteints, et ciblant enfin les troubles cognitifs de ces maladies au lieu de n'en atténuer que les symptômes les plus spectaculaires.

Moins d'errance médicamenteuse.
Plus d'efficacité.

Cela s'appelle la pharmacogénétique.

J'ai essayé de résumer un petit peu ce que j'ai lu et écouté ces derniers jours. N'hésitez pas à corriger s'il vous semble que j'ai mal compris quelque chose, car j'ai zéro formation scientifique.
Je vous encourage à écouter cette émission Avec ou sans rendez-vous: la recherche en psychiatrie qui m'a beaucoup aidée à la fois à relativiser et à comprendre où se situe la véritable percée et l'importance de cette étude. Cela date de 2012 mais fait un bon état des lieux de la recherche en psychiatrie.
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Sheol
Messages : 798
Enregistré le : samedi 15 mars 2014 21:17

La recherche en Psychiatrie : la pharmacogénétique ou les médicaments de demain

Message par Sheol »

Même vulgarisé, ça reste un peu ardu à comprendre.
Zooey a écrit :
On s'éloigne aussi définitivement du déterminisme biologique, vu que l'interaction gène-environnement (épigénétique = modification par l'environnement de l'expression moléculaire des gènes) est démontrée.
Ca ça m’intéresse. ce que j'en comprend c'est que certains considérés comme des malades le sont dans notre monde actuel.
Dans un monde différent, dans le passé, dans l'avenir, ailleurs dans une autre culture, ils auraient peut-être été bien adaptés, et satisfaits de leur vie.
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Zooey
Messages : 701
Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15

La recherche en Psychiatrie : la pharmacogénétique ou les médicaments de demain

Message par Zooey »

Sheol a écrit :
Même vulgarisé, ça reste un peu ardu à comprendre.
Oui mais c'est sans doute parce que je maîtrise pas. C'est pour ça que je propose d'écouter l'émission sur "la recherche en psychiatrie", le toubib-chercheur explique bien les choses.
Sheol a écrit :
Zooey a écrit :
On s'éloigne aussi définitivement du déterminisme biologique, vu que l'interaction gène-environnement (épigénétique = modification par l'environnement de l'expression moléculaire des gènes) est démontrée.
Ca ça m’intéresse. ce que j'en comprend c'est que certains considérés comme des malades le sont dans notre monde actuel.
Dans un monde différent, dans le passé, dans l'avenir, ailleurs dans une autre culture, ils auraient peut-être été bien adaptés, et satisfaits de leur vie.
Ben plus ou moins. Disons plutôt que les gens ont exprimé leurs souffrances différemment en fonction des époques, et qu'en fonction des cultures aussi ça se manifeste différemment. Ça c'est certain. Par exemple, à l'époque de Freud ou de Charcot, ils voyaient beaucoup de ces grandes crises d'hystérie qu'on ne voit plus vraiment de nos jours. L'expression "autorisée" à changé. Et oui, un certain comportement en l'an 1532 pouvait être considéré comme "fou" alors qu'aujourd'hui on trouverait ça plutôt normal et inversement.
Cependant... les troubles mentaux, c'est en général des troubles du lien social, donc quelque soit la pathologie, et quelque soit le milieu, c'est toujours ce qui sort des conduites habituelles qui est jugé comme fou et quelque part, il y a du bon sens là-dedans - les gens se sentent différents, ou les autres sentent qu'il y a une incommunicabilité avec telle ou telle personne à un moment donné. Et il y aura de l'incompréhension devant la personne, de la peur devant "l'inquiétante étrangeté", qui va d'une part interroger la société, mais aussi parfois la religion (de façon positive ou négative d'ailleurs), et finalement la science. Et depuis que la médecine existe, il y a de ce fait une volonté de comprendre, de classer, de façon scientifique, d'expliquer par x ou y théorie.

Après bien sûr, si on parle des représentations du monde que l'on peut avoir, bon aujourd'hui comme hier, il y en a qui sont plus ou moins tolérées. Mais ça c'est pas vraiment une question de folie, de la vraie. Celle qui rend la personne incapable de faire sa vie, de se protéger, de prendre soin d'elle, de supporter les situations diverses auxquelles elle est exposées, ou qui la plonge dans des abîmes d'angoisse, de délires, de pulsions autodestructrices...

Mais après, ce que ça veut dire cette histoire d'épigénétique, c'est que par exemple une infection, une prise d'alcool répétée, des polluants, ce genre de choses, peut modifier ce qui, à la base, semble coulé dans le béton. En somme, le code génétique n'est pas une base aussi fixe et inchangeable qu'on a pu le penser. ce qui veut dire "exit le déterminisme". On parlera de toute façon plutôt de "susceptibilité" génétique, c'est à dire que des personnes auront plus de risque que d'autres de développer une maladie.
Faut bien se rendre compte que l'origine des la schizophrénie et de la bipolarité et POLYgénétique, c'est à dire que pleins de gènes entrent en jeu. Et on a tous certains de ces marqueurs génétiques. Ce qui abolit aussi en partie les limites entre nous.

De plus, il est désormais prouvé, par l'imagerie cérébrale notamment, que la plupart des thérapies par la parole, que ce soit psychanalytique ou comportementaliste ou autre, modifient le fonctionnement du cerveau. Que les expériences en général, modifient les chemins neuronaux construis dans notre cerveau. On pourrait parler de recâblage. On arrive désormais à évaluer l'efficacité des thérapies. Au début, il n'y avait que les TCC qui faisaient cela, mais maintenant toutes se sont mises à évaluer leur efficacité. Et... beh ça marche quoi

Il y a bien sûr des maladies psychiatriques chroniques qui sont encore assez irréductibles, mais on peut améliorer nettement le vécu des gens aujourd'hui. Et ça devrait encore avancer dans les prochaines années. Encore faut-il que la recherche en psychiatrie soit suffisamment financée... et en France, on fait partie des pays "occidentaux" qui la financent le moins, même si on a fait des progrès.

Mais si la question t'intéresse, y'a des conférences vidéo en ligne par un chercheur qui est très intéressant là-dessus, c'est Pierre-Henri Castel. Sur youtube tu trouves des vidéos de la maison d'édition Ithaque notamment où il parle de la psychiatrie à travers l'histoire. Son approche est historique, anthropologique et sociologique. C'est très intéressant ce qu'il a à dire.
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