J'ai peur que ma copine suicide

[Julem]

Bonjour,

Tout d'abord je fais une brève description de ma situation ;

Cela fait un peu plus de deux ans que je vis en couple avec ma copine, avec laquelle je me suis fiancé.
Elle est dépressive depuis plusieurs années maintenant du fait de son passé, de ce qu'elle a vécu et des responsabilités qu'elle a du prendre suite à tout ça.

Bref, je vais pas étaler sa vie, c'est pas ce qui m'amène ici.

Actuellement elle est sous antidépresseurs, elle en a repris durant l'année après une interruption mais suite à une visite chez son généraliste, celui-ci lui en a prescris à nouveau. Elle doit par ailleurs prendre rendez-vous chez un psychiatre afin d'être suivi. J'essaye de l'accompagner, je ne la laisse pas seule face à tout ça et je fais mon possible pour être compréhensif sur ses problèmes.

Je l'aime mais parfois certaines "phase" sont difficilement gérable... La distance, l'inattention, les idées suicidaire et j'en passe mais peu importe, j'affronte ça, je ne l'enfonce pas, je fais de mon mieux pour la comprendre.

Ce qui m'amène finalement à avoir besoin de votre avis c'est cela :

Hier soir, alors que je dormais, elle es venu me réveillé pour me dire qu'elle souhaitais sortir un peu pour téléphoner à un amis, car elle veux parler de certaines choses qui pourraient me faire mal et elle ne le veux pas.
S'en est suivi d'une longue discussion durant laquelle elle m'a fait preuve d'une grande attention, me disant qu'elle était contente de m'avoir, que malgré son caractère (très fort) je restais calme, qu'elle voudrait même avoir un enfant avec moi et qu'elle me remerciait pour tout ce que je faisais pour elle.

Durant cette discussion, qui était très appréciable au début, elle a évoqué ses idées noires, comme quoi elle aimerait aussi que tout s'arrête, qu'elle souhaitait partir afin de ne plus souffrir.
Elle m'a dit que malgré son envie d'avoir des enfants avec moi, elle s’interrogeait vraiment si c'était le bon choix, de peur de ne pas pouvoir les élever convenablement, de peur de les prédisposés eux aussi à la dépression (c'est héréditaire?).

Ce qui m'a le plus perturbé durant cette seconde partie de la discussions c'est qu'elle a évoqué le fait que si jamais elle n'était plus là, elle aimerais que je refasse ma vie, que je la garde dans mon cœur mais que je me reconstruise, elle m'a demandé de lui promettre, de garder une pensée pour elle.

Je ne sais pas réellement quoi penser, je peux comprendre (ou tout du moins essayer) sa dépression, ses angoisses etc mais hier soir j'ai vraiment eu peur.
J'ai peur de rentrer du travail et de tomber nez à nez avec ma copine au sol, inerte.

Elle est bien revenue se coucher après être sortie, j'ai finalement pu me rendormir car je n'y arrivais pas lorsqu'elle était dehors.

À savoir également qu'hier soir, nous avons fait un petit diner (romantique) et que l'on avait bu, j'ai senti que l'alcool l'avait poussée ou "aider" à me dire tout ça.

Que dois-je pensé de ça ? Dois-je m'attendre à quelque chose ?

J'aimerais beaucoup avoir votre avis, cela m'aiderais beaucoup à réagir comme il faut car je n'ai, auparavant, jamais fait face à ça.
je ne connaissais pas non plus véritablement ce que signifiait la dépression avant elle.

[chak]

bonsoir julem
et bienvenu sur le forum
je vis en couple depuis 19 ans, et ai fait une dépression il y a 7 ans.
mon chéri aussi supporte mes "sautes d'humeur" et mes angoisses… encore actuelles mais moins fréquentes.
je ne pense pas que la dépression est héréditaire, mais je dirais qu'il y a des terrains favorables.
mes parents n'ont jamais fait de dépression… mes grand-parents non plus… et dans mes oncles et tantes, à ma connaissance, juste 1 tante sur les 13 donc, non, je ne crois pas à l'hérédité.
un trop plein, une sensibilité plus prononcée, des expériences personnelles douloureuses… les sources des dépressions sont multiples (et peuvent venir d'un climat familial difficile parfois).
je ne saurais pas vraiment quoi te dire.
moi, quand je ne vais pas bien, je m'enferme, parfois plusieurs jours d'affilée, et j'écris (et je pleure bien sur).
mon chéri, lui (quand je me décide à sortir de mon trou), me dit ce qu'il ressent, ce qu'il pense, et me remet les pendules à l'heure quand il estime que je vais trop loin dans mes délires.
j'accepte difficilement quand il me raisonne, mais je sais qu'il a raison d'agir comme ça, et dans le fond, je crois que ça me rassure, car je vois qu'il ne sombre pas, qu'il ne lâche pas l'affaire, qu'il est là, qu'il me "protège" en quelque sorte, qu'il vit !
alors, je lui propose qu'on sorte faire une balade, qu'on aille prendre l'air, qu'on fasse un truc différent… car j'ai envie de tout sauf de mon quotidien quand je suis comme ça.
je ne sais pas si mes propos t'aideront, mais je te souhaite bon courage et j'espère que ta fiancée et toi arriverez tout doucement à trouver des solutions.
il faut du temps pour guérir… il faut prendre le temps aussi.
et n'hésites pas à communiquer avec elle, à te prononcer sur ce que tu ressens.
je t'embrasse, courage

[Julem]

Bonjour,

Merci pour cette réponse, c'est toujours rassurant de savoir que l'on est pas seul à faire face à ça.

Malheureusement, je ne me vois pas lui "remonter les pendules" lorsqu'elle sort d'une de ses phases. Je la connais bien et ça ne ferait qu'empirer les choses ou tout simplement ça me reviendrait à la figure assez violemment à cause de son caractère.

En revanche, je n'hésite pas à lui faire part de mon ressenti, mes sentiments vis à vis de ça. J'essaye tant bien que mal de lui dire que la dépression n'est pas une fin en sois mais je me heurte à chaque coup à un mur. Elle est persuadée qu'elle ne pourra jamais en guérir ou même vivre encore longtemps, évoquant le suicide.
Je n'ai pas l'impression de m'y prendre comme il le faudrait, malgré que j'essaye de faire tout mon possible pour qu'elle puisse voir un avenir, qu'elle pourrait plus tard devenir une bonne mère.

[clairette]

Coucou Julem,

Je ne vois pas ce que tu pourrais faire de mieux. Tu la soutiens au quotidien, tu es présent sans être oppressant, elle peut se confier à toi...
A mon sens, ce qu'il lui faut maintenant c'est un thérapeute. Elle a besoin de comprendre comment emprunter un chemin où elle ne peut aller que seule. Un thérapeute saura l'accompagner. Mais ce n'est pas ton rôle à toi,

Ce n'est pas toujours simple d'impliquer son conjoint dans sa dépression. Quand j'ai connu mon homme, il savait que j'étais malade, je lui ai fait lire mon histoire, je lui ai montré mes médicaments et leurs notices. Il m'a vue dans de sales états. Il m'a soutenu au quotidien, accompagnée à mes RDV. Mais il y a certaines choses que je ne partage pas avec lui. Pour nous préserver. Et c'est à cela que sert un psy, c'est là que nous aide ce forum.

Pour la question de l'hérédité de la dépression, il me semble que cela a été avancé dans certaines études comme l'un des facteurs possibles (parmi tant d'autres...)
Mais il ne faut pas limiter son désir d'enfant à cette simple donnée. Il y a quantité d'autres pathologies transmissibles des parents à l'enfant. Et il y a surtout une prépondérance de l'environnement dans le déclenchement de la dépression. Je suis fermement convaincue que le véritable amour d'une famille permet de surmonter bien des obstacles, qu'ils soient d'ordre matériel, physique ou psychologique. D'autant qu'un parent initialement "malade" et "conscient" sera généralement plus attentif au développement psychologique et émotionnel de son enfant

[Julem]

Bonjour Clairette,

Merci pour ton retour.
Il est clair que je continuerais à la soutenir jusqu'au bout, je l'accompagnes autant que faire se peut et j'espère que je suis vraiment un soutien pour elle car parfois j'ai l'impression de ne servir à rien lorsqu'elle ne va pas bien et qu'elle s'isole complètement dans une bulle infranchissable.

Je comptes beaucoup sur le spécialiste qu'elle consultera car je souhaite vraiment pouvoir faire mon bout de chemin avec elle même si parfois c'est difficile et que je dois encaissé beaucoup de choses, car moi aussi il m'arrive d'avoir des problèmes.