Un club d'expression écrite libre

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Agrume
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Message par Agrume »

E,F,G pour moi...
Je sais c'est pas très rigolo...
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Wonder
Heidi
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Message par Wonder »

A et B impossible pour moi (ça ne m’empêchera pas de vous lire)

Le G me plaît bien aussi, comme Agrume.
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AnnaKarenine
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Message par AnnaKarenine »

Je vote pour "Vous êtes un oreiller, confiez-vous".
Mais peut être peut-on élargir à d'autres objets pour favoriser l'inspiration ?
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doloplus
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Message par doloplus »

AnnaKarenine a écrit :
Mais peut être peut-on élargir à d'autres objets pour favoriser l'inspiration.
Bonne idée de proposer d'autre objets. On pourrait garder ce thème sur plusieurs semaine, juste en changeant d'objet. Si tu as des idées, elles sont bienvenues.
Par contre, je pense qu'il faut laisser un objet commun à tous pour la cohérence des textes. Ce sera intéressant de lire différent de points de vue posés sur un même objet.

Qui a envie de s'exprimer cette semaine, il reste encore plein de places :oui: Encore deux heures pour choisir de thème de la semaine...Allez, venez : ici vous avez la parole!
:fleur:
PJPJPBF

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Message par PJPJPBF »

:bye:
Pas de connexion où j'étais depuis mercredi, mais j'ai "travaillé".
Mais j'avoue que tout en étant très, très très intéressée, le fait de savoir que je serai lue m'effraie.
Peut-être parce qu'ici, j'avais compris qu'on pouvait écrire de la fiction? Et que pour moi, c'est un peu/beaucoup ce que je trouve attirant dans ce club.
Dans mon cas, encore davantage que sur le forum -et c'est assez bizarre-, c'est moi que je mettrai à nu bien plus que des personnages ou des situations, . J'ai d'ailleurs bien écrit : "je serai lue".

Puis je suis d'une lenteur :coma: ...
"Un merveilleux moment" a surgi en mots de mon gastro-cerveau seulement cet après-midi :newblush: , et encore ça ne me plaît pas du tout. J'aime travailler, et retravailler les textes. Encore encore. Les premiers jets, je ne connais presque pas.
J'ai beaucoup beaucoup beaucoup aimé vous lire toutes, tous ces textes sont très sensitifs, et font se côtoyer la violence des sentiments, des attentes, et la recherche ardue de la sérénité. Tous laissent le lecteur dans le constat délicat d'une paix possible.

I, D, F -c'est bien l'oreiller qui se raconte?-, C sont tentants.
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espérance61
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Message par espérance61 »

Coucou... :fleur: :fleur:

Alors c'est quoi qu'est-ce le thème retenu cette semaine? :smile2:

"vous êtes un oreiller, confiez vous?" ou bien autre chose?
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doloplus
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Message par doloplus »

Les votes sont très dispersés, mais celui qui est le plus cité est celui de l'oreiller.
Donc c'est parti pour : "Vous êtes un oreiller, confiez-vous."

C'est bien l'oreiller qui se raconte, faites le vivre selon vos envies!

Plus particulièrement pour Petit Joyau, ici chacun est LIBRE d'écrire comme bon lui semble. Fiction, autobiographie, poème...tous les genres sont permis. Si tu as envie de poster ton texte sur le thème de la semaine passée, n'hésite pas. On le lira avec plaisir :oui: Il n'y a pas de sanction prévue pour les retardataires :rotfl:

Comme nous sommes finalement assez peu à participer, je pense proposer moins de thèmes samedi prochain. En effet, les votes sont très dispersés et je crains qu'on arrive régulièrement à des comptes ex aequo. Qu'en pensez-vous?
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espérance61
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Message par espérance61 »

Coucou Dolo, :fleur: :fleur:

Ouiiiiii je pense que ce serait une bonne idée de proposer moins de thèmes...

Pas à cause du nombre de participants car franchement je trouve que ton idée a du succès et ceci rapidement...
Merci encore...

La semaine passée je trouvais vraiment l'idée du "merveilleux moment" superbe mais je n'étais pas dedans...
Là, avec cet oreiller qui s'exprime, chouette alors... :up: :up:
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ouille
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Message par ouille »

comme ça à chaud .....

bonjour,
je suis l'oreiller de l'ouille,
je ne voudrais pas me plaindre,
car je l'aime bien,
mais qu'es ce qu'elle bouge,
elle me bouscule, m'écrase,
mais quel tracas elle a,
je la réconforte,
avec mes plumes,
pour que ces nuits soient douces
et légères comme une plume.

:smile2:
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espérance61
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Message par espérance61 »

Aaaahhhh quel bonheur d'avoir été secoué ce matin... :etire:
Je me sens tout regonflé, mmmmmmmm...
Mes plumes sont à l'aise :siffle:
Espérance a posé son tit mouton sur moi :rire1:
Mon voisin de droite est tranquillement installé sur son petit polochon
Je sens l'air frais qui entre par la fenêtre ouverte...
les acariens n'ont qu'à bien se tenir :box:
Quelle heure est-il? Il est midi, c'est le soleil qui le dit...
Il serait temps de refermer la fenêtre, il fait frisquet
Aaaahhh oui, c'est mieux comme ça...
Va t'elle poser sa tête sur moi?
Ah non, elle ressort de la chambre
Tiens, voilà rase moquette
Il se pose sur le lit pour la sieste lui...
Et maintenant quelle heure est-il? 17h?
Je m'ennuie un chouillat moi... :sad:
Et toi mouton, ça va? :bisouss:
La nuit tombe... Je me prépare à bientôt oeuvrer...
Il fait nuit noir,ça ne devrait plus tarder...
Ah! tiens je n'entends plus rien, c'est le silence...
La lumière de la chambre s'allume :idée:
Espérance vient allumer ses 2 loupiottes, là, tout près de moi
Et enfin elle file éteindre la grande lampe
Là voilà qui me plie en 2 :zinzin:
Elle pose un coussin sur moi :pense:
Et puis mouton sur le coussin... :vue0:
Tous les soirs c'est pareil, quelle drôle d'idée...
Elle se couche, cale le mouton dans sa nuque...
Elle ouvre un livre et les pages tournent tournent tournent...
Et moi j'attends, j'attends, j'attends...
Aaahhhh la voilà repartie...
Ohhh à peine 2 minutes d'absence... :wink2:
Elle se recouche, balance le coussin par terre...
Et enfin, enfin, elle me remet en forme...
Mmmmmmmmmm quel bonheur... :zenzen:
Elle se met sur le côté droit,
pose sa tête sur moi...
Je sens sa respiration ralentir...
Et mouton, il est où mouton?
Aaahhh je le vois,
Espérance l'a pris dans ses bras... :console:
La couette nous recouvre...
Mmmmmmm quelle bonne nuit...
Bien au chaud...
:oreiller: :sleep: :oreiller: :sleep:
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Onagre
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Message par Onagre »

Je me sens étouffé.
Sa tête est lourde, et elle remue sans cesse.
Quand ils sont deux c'est encore pire.
Je les aime bien mes humains.
Mais absorber leur stress de fin de journée c'est tout un travail croyez-moi.

Je me sens confident.
J'en entends des choses vous savez.
Quand ils sont deux c'est encore pire.
Des secrets, des jérémiades.
Des rires et des gémissements.

Je me sens apprécié.
Je suis tendre et rebondi.
Quand on est deux c'est encore mieux.
Double dose de douceur et de moelleux.
D'absorption de larmes et de moments heureux.

:oreiller:
Hello darkness, my old friend...
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ouille
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Message par ouille »

:autop:
super les topines...
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doloplus
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Message par doloplus »

"J'ai souvent cherché un sens à ma vie...

Ca fait des années que je suis là, toujours disponible, près à écouter, à réconforter. On peut toujours compter sur moi.
J'en ai vu passer des âmes chagrines depuis le temps. Combien de fois ai-je essuyé des larmes? Et pas seulement quelques pleurs mais de véritables torrents de désespoir . De sanglots incoercibles mêlés de morve et de douleurs indicibles. Les grandes souffrances c'est toujours pour moi. Je les attire comme le miel attire les mouches.
La plupart des gens vous diront qu'ils ne pleurent jamais, les hommes surtout. Et bien moi, je peux vous dire que j'en ai vu passer des hommes qui pleurent! Et de toute sorte : des petits, des gros, des intellos, des sportifs, des machos, des ados, des fortunés, des anonymes, des riches, des vieux, des people... Avec moi, point de faux semblant, point de fausse pudeur. La détresse n'épargne personne...

Ca fait des années que je suis là, témoin privilégié de ces choses dont on ne se vante pas. Parce qu'il n'y a pas que la détresse que l'on me confie. Parfois, c'est pire. C'est la colère que l'on déverse sur mon dos.
Je ne compte plus les fois où j'ai été battu, frappé, violenté. A coups de poing, de pieds. Que de hurlements sauvages n'ai-je entendu. Je me suis souvent retrouvé projeté au sol, réceptacle innocent d'une rage dont j'ignore la raison.
La plupart des gens vous diront qu'ils sont maitre d'eux même. Pourtant, je peux vous assurer que j'en ai surpris plus d'un à hurler comme un fou, le visage déformé par la haine, les poings près à cogner sans limites, près à m'anéantir... J'ai même cru parfois que j'allais y rester. Même qu'une fois, j'ai failli craquer...

Ca fait des années que je suis là, toujours disposé à soulager les corps meurtris. Je me suis souvent senti impuissant devant toutes ses attentes. Comment faire pour amoindrir toutes ces douleurs : lumbago, migraines, membres fracturés... C'est toujours vers moi que l'on se retourne quand le corps est amoché. On me demande de soutenir, de maintenir, d'immobiliser... Quitte à me broyer, m'écraser. Même à l'hôpital on me sollicite! Mais je ne suis pas médecin moi! Je fais ce que je peux pour aider, je me plie en quatre s'il le faut, mais quand même! C'est loin d'être facile...

Ca fait des années que je suis là, et j'en ai vu passer des drôles de choses. Parfois j'en suis tout retourné. On me fait faire de ces trucs... Ce n'est même pas avouable...
Souvent ça commence par une tête qui se pose contre moi, des cheveux qui me frôlent délicatement, une nuque qui s'étire... Puis le rythme s'accélère, les cervicales se cambrent, se tendent comme un arc. Je roule, je tourneboule...Une tête, puis une autre, et encore l'autre...Tout est sans dessus dessous.
Je ne sais plus où je suis. Je saisis l'intensité du moment. Les corps qui s'agitent, les mots susurrés, les souffles qui se mêlent... Je n'existe plus jusqu'à l'instant suprême.
C'est quand tout est terminé que je redeviens l'indispensable. Peu importe que j'ai été le témoin impudique de ces ébats, peu importe que je me sente honteux de ce voyeurisme imposé. Je dois reprendre ma place, impassible, discret.

J'ignore si ma vie a un sens. J'ignore si je suis heureux ainsi. J'ignore si j'aurais pu avoir une autre destinée... Le sort en a décidé ainsi. Je suis et je resterai l'oreiller de la chambre à coucher. "
Doloplus.
memoniak2014

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Message par memoniak2014 »

je suis l'oreiller de Mémo
et pourtant je ne la connais que très peu
car elle se lève trop tôt
j'aimerai la connaître un peu mieux

je garde sur moi pourtant
les traces de ses larmes
c'est désespérant
sa tristesse me désarme

je voudrai lui offrir
une nuit entière de sommeil
qu'elle puisse à nouveau rire
et étendre le bruit du réveil

je suis l'oreiller de mémo
son ami, son ennemi
je ne le sais pas trop
ce de quoi elle a envie

le matin elle me prie
de lui offrir le repos
et elle étouffe un cri
dans mon ventre tous ces maux

je suis l'oreiller de mémo
je n'ai plus rien à dire
à travers tous ces mots
de longues nuit à prédire
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ouille
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Message par ouille »

il est l'heure, ouille ne devrait plus tarder,
j’entends que l'on ferme les volets, la petite lumière est allumée,
la petite va au lit,
et ouille ne devrait pas tarder à enfiler ta tenue de nuit...
je l'ai aperçu, elle a l'air tendu, elle a besoin de sa bulle,...
vite, vite, je me regonfle pour l'accueillir,
PJPJPBF

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Message par PJPJPBF »

:enrond:
Ce que ça va vite...!
Je "rendrai mes copies" à la session de septembre... :wink2: , ce sera bien ainsi :rire1: .

Ecrivez-vous directement au clavier?
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ouille
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Message par ouille »

PJPJPBF a écrit :
Ecrivez-vous directement au clavier?
:oui: :oui:
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Cara
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Message par Cara »

Enfin je trouve le temps de passer dans le coin.
waouhhh... quel endroit superbe et merci Dolo pour cette idée super chouette :up:

j'ai passé un moment hyper reposant et émouvant à vous lire et promis, je vous rejoins très bientôt, le temps que je rattrape mon retard mais ce coin me plait vraiment beaucoup.

merci à tous et toutes pour ces beaux moments de partage que vous offrez ici :zenzen:
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Cara
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Message par Cara »

Dans quelques heures, je la retrouverai.
Comme d'habitude, elle soulèvera ses cheveux pour coller sa nuque contre mon moelleux
Et puis, dans la torpeur de la nuit, je sentirai sa joue contre moi et son souffle s'apaiser.
Là, je saurai qu'elle est bien et qu'elle se repose.
Enfin, j'espère ....

ça fait des années que nous cohabitons, ou du moins que je vis pour elle.
Parfois, je la partage mais j'en suis heureux.
Lui, il est plus lourd, c'est vrai et je m'aplatis sous son poids
Mais je sais aussi que s'il est là, c'est parce que pendant un moment magique,
Elle oublie, elle s'oublie et s'abandonne
Elle est amour ...
Enfin, j'espère ....

Là, elle n'est plus la même.
ça faisait un moment que je ne l'avais pas perdue comme ça.
oh bien sûr, elle répète inlassablement le même rituel,
Soulève ses cheveux, pose sa nuque contre moi.
Mais très vite, elle pose une joue contre moi,
Puis l'autre, puis la nuque, puis la joue.
Tout va vite, toujours très vite.
Parfois, elle me jette au pied du lit
Me reprend
Me chiffonne
et puis tout à coup, je sens ses larmes m'inonder
dans le silence de la nuit.
Je sais qu'elle a mal
Je sais son silence que nous partageons
Je sais aussi qu'un jour, tout s'apaisera
Enfin, j'espère ....

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doloplus
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Message par doloplus »

Un petit nouveau, tout droit sorti de mon imagination...

Mémoires d'un oreiller

"Il fut un temps où la vie avait un sens pour nous. Une époque révolue où nous étions considérés, respectés.
Cette époque je vais vous la conter :
Je ne saurais vous dire combien d'années se sont écoulées, sans doute plusieurs dizaines de dizaines. Disons que c'était avant, avant que nous ne soyons devenus ce que nous sommes aujourd'hui, des objets sans âme, interchangeables, consommables...

Jadis, tout commençait par le choix de l'étoffe. Il fallait qu'elle soit robuste tout en restant souple et agréable au toucher. Elle serait notre parure, notre marque de fabrique. La plupart du temps nous étions issus d'un long travail de filage et de tissage, depuis les champs de cotons éclos au soleil jusqu'aux plus ateliers de tisserands. Nous avions souvent le plaisir d'être colorés, rayé de vert, de gris, de beige, de bleu parfois. Chacun de nous avait sa toile, comme autant de signe d'appartenance à une même famille.
Puis il y avait l'assemblage. Nous prenions naissance entre les doigts habiles des femmes de la maison. Nous avions chacun notre mère. Celle qui allait nous donner vie, pour de longues années. Celle qui saurait nous faire devenir grand, celle qui prendrait soin de nous au fil des année, celle qui saurait réparer nos blessures...
Nos mères prenaient grand soin de nous. Nous devions devenir forts et solides. Pas question d'être chétifs et maigrichons, non, il fallait nous remplumer du mieux possible. Là encore, nous étions l'objet des plus grandes attentions.

Nos entrailles aussi avaient une âme, une âme animale. Nous étions les héritiers de longues heures passées à élever et soigner toutes sortes de gallinacées. C'est beau une oie, c'est noble, c'est précieux. De ces volatiles nous étions les légataires d'un plumage doux et moelleux. La nature nous offrait toute sa richesse.
Puis venait le temps de nous vêtir, avec soin et élégance. Chacun de nous avait droit à une taie délicatement cousue. La dentelle mettait en valeur nos rondeurs tant appréciées. Les plus chanceux avait même droit à un costume brodé d'initiales savamment choisies.
Parce qu'en ce temps là, nous faisions parti d'une famille. Nous étions indispensables lors des naissances, toujours disposés à soulager les reins des jeunes accouchées et à accueillir les nouveaux nés.
Nous étions aussi présents lors des veillées funèbres, auprès de ceux qui avaient partagés leur joies et leurs peine à nos côtés. Nous étions là pour eux, fidèles jusqu'au bout.
J'aimais cette époque. Je me sentais vivant, précieux, indispensable. Je me souviens avec émotion du jour où ma mère me confia à sa fille devenue femme. Je faisais parti du trousseau de la jeune mariée. Je passai d'un foyer à l'autre, je portais en moi une filiation. On me confiait la lourde tâche de prendre soin la petite devenue grande. Je ressentais à la fois une grande fierté et une certaine peur. Serai-je à la hauteur?

Mais le temps a passé. De nos jours, nous n'existons plus. Les plus anciens d'entre nous tentent de résister, de transmettre ces valeurs séculaires, mais la relève n'est plus assurée.
Aujourd'hui nous n'avons plus ni mère, ni âme. Nous prenons vie dans de sordides usines, dispersées à milliers de kilomètres de notre lieu de vie. Nous n'avons plus de lien avec cette précieuse nature qui nous donnait une âme. Plus de champs de coton, plus de plumes d'oie... Le monde actuel a fait le choix du tout synthétique. Nos étoffes, nos entrailles sont autant de substances issues de mélanges improbables de molécules inconnues, de solutés au nom imprononçables et dont les créateurs se protègent eux même dans d'immondes combinaisons.
Il paraît que c'est mieux ainsi. Nous sommes devenus anti-tâches, anti-acariens, anti-transpiration, ergonomiques, à mémoire de forme...Nous portons tous le même uniforme blanc immaculé.
Et à la moindre défaillance nous serons tout bonnement jetés aux ordures sans aucun ménagement. Un autre clone prendra notre place, échangé contre quelques euros, un autre venu d'un pays lointain, sans âme..."

Doloplus.
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