Désir de retourner dans le ventre de la mère

[Blanc Carmin]

Cela fait deux postes en même temps, mais les deux peuvent peut-être se compléter. Depuis le collège je suis hanté par le désir puissant de retourner à mes toutes premières années, voire de retourner dans le ventre de ma mère. Je pense sans cesse au temps où j’étais encore coupé du monde, le temps situé entre la naissance physique et la seconde naissance, l’entrée véritable dans la vie. Cela me tue à petit feu, car ce désir fait sans cesse contrepoids à toutes mes autres volontés. Je ne parviens pas à m’épanouir dans mes passions parce que je ne suis pas perpétuellement passionné. Je peux travailler avec acharnement quelques heures puis être abattu par ce prégnant désir de retrouver ma mère, et me remettre au travail seulement quelques jours après. Je voudrais faire des stages, être capables de travailler des heures durant au service de mes passions comme tant d’autres, me reconnaître dans les histoires d’écrivains qui passaient des nuits entières à écrire, ou dans les aventures d’artistes qui passaient leurs journées à peindre des graffitis et à essayer de se faire remarquer. Mais non. Moi, c’est une ou deux heures de création suivie de journées voire de semaines complètement vides, ou je n’ai plus la moindre force.

J’ai plein de rêves, mais je n’ai même pas une envie suffisante pour tenter de les réaliser. Quand je pleure, je pense à ces belles années de solitude en compagnie de la seule personne qui m'a jamais aimé et qui m'a donné de l'affection un temps.

Hé oui, j'ai 19 ans.

[claudine]

Blanc Carmin,


Je pense qu'il faut que tu arrives à comprendre qu'on ne peut pas retourner dans le ventre de sa mère . Nous devons tirer un trait sur cette période de quiétude et affronter la vie.

Cette envie de repartir en arrière montre peut-être que tu as des difficultés à grandir et il faudrait que tu parviennes à savoir pourquoi

[lewis]

Bonjour Blanc Carmin

Comment se comporte ta mère avec toi ?

[Clémence]

Je te comprend fort bien, moi non plus je n'arrive pas à travailler avec assiduité et constance et ça me bouffe la vie, je pense aussi que quand on est dépressif on refuse en quelques sorte les responsabilités de la vie adulte, en tout cas c'est ce que ça me fait, cela vient aussi d'un manque de confiance en soi de toujours vouloir rester comme un enfant, mais cela vient en grande partie aussi de l'éducation.

Ce que t'a donné ta mère, tu l'as dans ton coeur pour toujours, cet amour doit te donner la force , mais je sais que moi aussi je m'en veux souvent de ne pas arriver à faire ce que veux et d'être épuisée à avoir fait presque rien alors que d'autres ont de meilleurs ressources en eux.

Je voudrais être bien sur la durée, le travail demande cette faculté, et qd on est dépressif c'est dur dur, car on se fatigue plus vite.

Bon courage.

[nanou]

oh oui Blanc Carmin...

je le partage avec toi se désir irréprécible de revenir à la source...
l'enfance laisse un goût délicieux...et perdu à jamais...
j'ai aussi bien du mal à en faire le deuil...et j'ai pourtant 44 ans!!...

j'ai réussi par mon métier à en rester proche le plus longtemps possible...( j'étais instit en maternelle)...j'ai passé ma vie à bichonner tous les p'tits bouts dont j'avais la charge...
j'ai beaucoup donné mais tellement reçu de leur part...qd tu regardes un petit enfant vivre...tu ne peux jamais désespérer de rien...tout est en devenir...ils ont une telle énergie ,une telle soif de vivre...

aujourd'hui je suis en invalidité à cause de cette foutue dépression...et je suis en train de réaliser qu'il n'y aura plus jamais de rentrée pour moi...et c'est terriblement difficile...
comment vais-je pouvoir vivre sans eux...comment vais-je pouvoir trouver du goût à qq chose...
je suis très très malheureuse de cette nouvelle réalité à affronter...je ne sais pas si j'aurais la force de tenir sans ça...

pourtant je te souhaite d'avancer...tu as plein de choses merveilleuses à vivre...il faut t'accrocher...