Dépression: je ne m'en sors pas.

[Anastasia,1995]

Bonjour, j'ai 28 ans et je suis en dépression depuis plusieurs années. Je suis suivie par un psychiatre.

Or, je n'arrive pas à m'en sortir, malgré tous les médicaments essayés. Je n'arrive pas à être bien, les idées suicidaires reviennent régulièrement. J'ai de très violentes crises de nerfs, pendant lesquelles je hurle, je casse tout, je me frappe, etc... J'ai essayé pleins de types d' antidépresseurs, les régulateurs d'humeur, les neuroleptiques. Plus 2000 euros de thérapie. Je fais du sport, je mange sainement, je lis, j'écris, j'essaye de penser positif.

Mais ces dernières années je ne supporte plus ma vie, j'ai l'impression d'étouffer, de mourir à petit feu. Personne ne prend de mes nouvelles, je suis bloquée chez mes parents sans porte de sortie, sans emploi. Je ne vois personne, car ils vivent en haute-montagne, il n'y a pas de transports en commun, et j'ai raté mon permis... 3 fois!!!

Cela fait, en cumulé, 22 mois pendant lesquelles je n'ai pu avoir aucune autre interaction sociale qu'avec mes parents. On a même pas de voisins, on vit littéralement en pleine forêt.

On me répète que ma situation est enviable: personne pour m'embêter. Certes, on peut le voir comme ça. Mais je m'entends mal avec mes parents, ils me traitent d'assistée, de parasite, de fardeau.

Seulement voilà, j'ai fait des études extrêmement longues et prenantes, je ne sortais jamais. Résultat, à 28 ans, non seulement je n'ai jamais réussi à garder un emploi malgré mes beaux diplômes, mais en plus, je n'ai jamais eu de vie sociale ni de petit ami.

Je ne peux même pas payer un loyer en ville, je n'ai droit à rien, ni indemnités chômage ( car bossé à l'étranger uniquement) , ni RSA ( car je suis sur le foyer fiscal de mes parents, malgré mon âge).

Je suis transparente, un fantôme.

Je ne sais pas quoi faire, j'ai peur que cette dépression soit un début de schizophrénie. Je suis diagnostiquée tdah+ Asperger léger depuis l'enfance.

Je n'en peux plus, je suis à bout.

[Bilirubine]

.... et j'ai raté mon permis... 3 fois!!!

Bonjour Anastasia

La 4e sera la bonne, essaye toutes les méthodes mentales qui peuvent te détendre avant l'examen, je sais, c'est facile à dire...

Je suis curieuse, mais habiterais-tu dans les Pyrénées par hasard ??

Catherine

[Mélankolik]

Bonjour Anastasia,

J'ai bientôt 49 ans. Mais vers mes 25 ans, alors que j'étudiais pour passer un D.A.E.U pour ensuite entrer en fac et reprendre mes études, sans que j'en ai alors conscience, j'ai été sujet à une anxiété sévère et à un manque de confiance en moi extrême qui ont débouché sur une dépression. Rien n'a été traité, ni encore moins soigné (trop long à raconter). Malgré mes très bons résultats à l'université (philosophie), j'ai complètement "vrillé".

Si je me permets de t'écrire cela, ce n'est pas tant pour parler de moi et de mon ancien passé, mais plutôt parce que ton message m'a touché.
Je trouve vraiment très dur ce que tu vis. Et je désapprouve les propos de tes parents envers toi que nous rapportes dans ton message.
Je sais ce qu'est la solitude, car je m'y suis enfermé aussi vers 27/28 ans, alors que j'avais un entourage proche très important avec lequel j'aurai pu nouer davantage d'amitiés.
Je sais ce qu'est la solitude, car j'y suis comme enfermé depuis bientôt huit années, suite à ma séparation d'avec mon ex-compagne.
C'est vraiment très dur de "tenir", de ne pas être angoissé, de ne pas presque tout lâcher (c'est mon cas, hélas), lorsque l'on aucune "interaction sociale", hormis avec ses parents (pour moi, c'est avec ma mère), et son psy (psychiatre ou psychologue). L'humain, sauf exception, je crois, n'est pas "programmé" pour être seul(e).

Aussi, j'aurai envie de te demander, même si cela pourra te paraitre un peu excessif, si tu ne pourrais pas t'enfuir.
T'enfuir loin de chez tes parents qui te jugent; fuir la solitude que tu vis chez eux.
Je sais bien que c'est facile à dire, et que tu as écrit que tu es sans emploi; or l'argent est déterminant pour un tel projet.
Mais étant donné que tu as des diplômes, peut-être, j'écris bien peut-être, que tu pourrais trouver loin de chez tes parents, dans une autre région, dans une ville, un emploi, même en-deça de tes compétences et capacités, pour changer d'air.
Cela pourrait peut-être te donner une sorte d'horizon.
L'enfermement, si l'on est "fragile"ou en dépression sévère, fait vraiment des ravages et tu es encore très jeune - je me permets de te l'écrire (ce n'est aucunement un jugement, c'est juste pour essayer de te donner un peu d'espoir : tu as heureusement encore toute la vie devant toi ).

Aussi, je crois comprendre pourquoi tu as peur d'être "schizophrène", mais je pense que cette idée est un effet de cette solitude.
J'ai connu deux personnes qui sont devenu "schizophrène" : si tu n'as pas de réelles hallucinations au point de tenir un discours délirant sur la réalité (ta réalité intérieure et/ou la réalité extérieure), alors tu n'es pas schizophrène. En revanche, comme tu le sais sûrement, il est possible que tu développes un autre trouble qui explique tes variations d'humeur, lesquelles, je le crois, si tu pouvais sortir de ta solitude, s'estomperaient sûrement peu à peu.


Aussi, si cela n'est pas trop indiscret : quelles études as tu faites ?
Et qui ose te dire que "que (ta) situation est enviable" ?...

J'espère que je n'aurai pas été trop "intrusif" ou à côté de la plaque dans ce message.

A te lire, si tu en as envie.