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Et merci d’avance pour la lecture de ce message très long.
Cela fait un moment que je veux poser ces questions, alors je vous les adresse. Je ne suis pas en dépression, mais mon « ami » oui.
Nous nous sommes rencontrés sur le lieu de travail il y a un an et demi, et nos situations respectives étaient un peu alambiquées : moi en instance de séparation et lui en couple. Nous avons très vite été attirés l’un par l’autre. Pendant plus d’un an, nous sommes restés très courtois et respectueux, pudiques, puis nous avons flirté une semaine. Une très grande complicité s’est installée entre nous et nous avons entamé une relation (dans les faits adultère), très difficile pour chacun de nous.
Il a fini par quitter son amie après deux mois de notre relation. Cela fait maintenant huit mois que nous nous fréquentons, mais son ex n’a toujours pas quitté leur appartement. Elle est en dépression, et leur couple était depuis longtemps au point mort : ils étaient presque « colocataires ». Il est resté auprès d’elle par culpabilité et parce qu’il lui avait promis de ne pas la quitter.
Dès le début de notre relation, nous avons vécu des moments extrêmement forts : amour, complicité, joie, rires, soutien, mais aussi tristesse. Très tôt, mon ami a perdu son meilleur ami, puis les problèmes de santé de ses parents se sont accumulés. À cela se sont ajoutés le travail, des tentatives de suicide de son ex, des décès dans sa famille et chez ses proches…
Nos disputes à propos de sa situation ont fini par le conduire dans une grande et profonde tristesse, pour ne pas dire une dépression. C’est quelqu’un de très solaire qui s’est énormément battu pour nous deux et qui m’a prouvé son affection par de nombreuses attentions : temps passé ensemble, soutien moral, tendresse, cadeaux, week-ends partagés… Il a essayé de m’exprimer son envie de vivre une histoire à deux et de m’offrir la meilleure vie possible à moi et mes enfants. Il les a rencontrés, mais je lui ai demandé de les présenter comme des amis.
Mais depuis deux mois, j’ai constaté un basculement : je ne le reconnais plus. Il m’a exprimé à plusieurs reprises ne pas se sentir bien et être fatigué. Au début, je pensais que c’était normal vu ce qu’il traversait, puis il m’a dit qu’il était en dépression. Maintenant, après m’être bien renseignée, je comprends mieux ce qu’il vit.
J’essaie d’être très présente pour lui, mais avec son ex toujours chez lui, je ne peux que proposer une aide partielle. De mon côté, vivant avec mes enfants et n’ayant pu officialiser notre relation à cause de son état et de son ex, je ne peux pas l’accueillir chez moi non plus. Cette situation est très délicate.
Il est constamment fatigué, fait beaucoup de crises d’angoisse, pleure énormément. Je ne reconnais plus du tout la personne que j’ai rencontrée et dont je suis tombée amoureuse. Il a perdu goût à tout et notre complicité s’effrite peu à peu. Nous continuons de nous parler ou de nous appeler quotidiennement, mais cela n’a plus rien à voir avec nos rendez-vous et échanges du début de la relation.
Je l’aime tellement, mes sentiments sont sincères et extrêmement forts, mais j’ai peur de me perdre dans cette relation. J’ai bien conscience que je ne peux rien lui demander en ce moment, et qu’il n’est pas disposé à avancer au même rythme que moi. Il a besoin de temps, d’être seul pour se recentrer. C’est très dur de comprendre ce changement alors que nous nous voyions presque tous les jours.
Il me dit être perdu et ne plus savoir s’il est à la hauteur vis-à-vis de moi et de mes enfants, à l’opposé de ce qu’il me disait au début. Je me demande ce qu’une séparation provoquerait dans son état. Il y a deux semaines, je lui ai dit que je devais avancer seule sans lui, car mes demandes restent sans réponse : officialiser notre histoire, rencontrer sa famille ou ses amis, accélérer le déménagement de son ex ou le sien, pouvoir l’aider pour ses parents et venir le voir quand il fait des crises d’angoisse.
L’après-midi même, il prenait rendez-vous chez un thérapeute (cela fait deux mois qu’on en parle). C’est donc un énorme pas en avant. Il me dit se battre pour nous, contre lui, contre ses idées noires. Il se trouve laid et culpabilise pour des choses dont il n’est pas responsable.
Je suis vraiment perdue. Il me dit n’avoir jamais été aussi ouvert à exprimer ses sentiments avec quelqu’un, que je le comprends comme personne et qu’il n’a jamais été amoureux comme ça. Si je reste, ce n’est pas par pitié, mais uniquement par amour. Pour la première fois de ma vie, je mets mes besoins de côté pour l’accompagner dans ce chemin pénible.
Que me conseillez-vous ? Comment cela s’est-il passé pour les « malades » avec leurs conjoints ? Les personnes qui ont vécu cela ou le vivent actuellement : puis-je faire confiance à ses dires ? Est-ce la dépression qui parle ? Ma relation étant encore à ses balbutiements, je n’ai pas vraiment de repères et je ne sais plus qui il est.
Il me dit que tout ce qui a été dit et fait au début de notre relation est lui, mais que ce côté sombre l’est aussi. Il se bat pour redevenir la personne qu’il était : un homme qui prend des décisions et assume ses actes et paroles, ce qu’il faisait au début avec moi et pendant toute la période où je l’ai fréquenté en tant que collègue, ce qu’il fait pour aider ses parents malades et toutes les personnes en grande difficulté (moi y compris).
Il a un cœur énorme, c’est une personne admirable et extrêmement forte, mais cela l’épuise, le fatigue, le culpabilise et le rend triste. Je ne sais pas s’il a vraiment besoin de moi ou si je suis un poids supplémentaire pour lui.
Je suis prête à mettre fin à notre histoire si cela lui permet d’avancer et de ne pas culpabiliser vis-à-vis de ma tristesse à le voir ainsi et à ne pas pouvoir voir notre amour éclore au grand jour. Cela me briserait le cœur, et je ne sais pas comment je me remettrais de ça, mais sa guérison est plus importante à mes yeux que notre histoire d’amour.
Merci de m’avoir lue.
