La dépression, une maladie des pays riches

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Tori
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Enregistré le : samedi 03 mars 2007 23:37

La dépression, une maladie des pays riches

Message par Tori »

Parfois, je prends du recul et je me dis que tout ça c'est de la foutaise... Mes TCA, mes états d'âmes... Je me dit, est-ce que au bout du monde, des personnes qui ont une vie bien plus difficile que la mienne, pour qui la misère n'est pas qu'un mot, est-ce que ces gens là se regardent le nombril en se disant qu'ils sont dépressifs ? Est-ce que dans un pays ou l'on crève la dalle on souffre de TCA ?

La dépression, c'est une maladie de chez nous, les riches, les oppulants, qui non contents d'écraser le reste du monde, se permettent d'avoir des états d'âmes narcissiques...

C'était le message pseudo phylosophique du moment...
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claudine
Membre d'honneur
Messages : 6742
Enregistré le : mardi 05 décembre 2006 19:30

Message par claudine »

Bonjour Tori,

Tu poses des question très intéressantes.

C'est vrai que face à la misère dans le monde on se sent un peu égoïste avec nos problèmes personnels. Je crois toutefois qu'on ne décide pas un jour de devenir dépressif. Cette maladie nous tombe dessus sans nous demander notre avis et avec elle arrive tout un lot de souffrances qui nous fait nous replier sur nous mêmes. Ce n'est pas parce qu'il y a des tas de malheureux dans le monde que nous devons culpabiliser de souffrir.

D'autre part, ce que nous montrent les médias, c'est une souffrance physique (guerres, faim, épidémies.....). On ne nous parle jamais de la souffrance morale de ces gens là. Je suis persuadée qu'elle existe car ce sont des êtres humains comme nous, à la différence qu'eux ils n'ont pas l'aide médicale nécessaire pour soigner leur psychisme. Ils ont pour priorité de manger ou de sauver leur vie mais je crois que leur détresse morale doit être immense aussi.
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Arya
Membre d'honneur
Messages : 548
Enregistré le : mardi 23 janvier 2007 22:09

Message par Arya »

Je pense également que ces gens peuvent souffrir des mêmes douleurs psychiques que nous (voire même pire compte tenu de ce qu'ils vivent en plus).

Mais ils ne bénéficient pas des mêmes informations, des même diagnostiques que nous et ne savent peut-être même pas que ce qui se passe dans leur tête est une maladie. Ils sont, je pense bien plus préoccupés à trouver des moyens de subsistance immédiat comme l'eau saine, la nourriture, un toit...
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Tori
Messages : 51
Enregistré le : samedi 03 mars 2007 23:37

Message par Tori »

Oui, Arya, tout à fait. Ils n'ont pas "le luxe" de s'appitoyer sur leur sort. Est-ce qu'une mère de cinq enfant d'un favelas brésilien décide de rester au lit plutôt que d'aller bosser parce que sa vie est merdique ? La vie doit continuer pour elle.
Ca peut choquer, mais quelque part, c'est un luxe de se laisser aller dans la dépression... Et moi, quand je pense à ça, je me trouve un peu dégueulasse...
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Arya
Membre d'honneur
Messages : 548
Enregistré le : mardi 23 janvier 2007 22:09

Message par Arya »

Non Tori !

Tu n'as pas à culpabiliser d'être née dans un pays où on se préoccupe de soi, où on PEUT se préoccuper de soi.

Il y a une chose que l'on m'a toujours dit et qui me met hors de moi : "fini ton assiette, il y a des enfants qui meurent de faim !"

Et alors, si je fini mon assiette, ils auront plus à manger ? Qu'est-ce que ça changera pour eux ?

Alors je te pose la même question : si tu ne te soigne pas, si tu te laisse souffrir. Est-ce que eux souffrirons moins ?

Oui, tu as de la chance. Tu as plus de chance que certains, mais tu en as moins que d'autres qui passeront toute leur à ignorer ce qu'est la dépression.

Ne culpabilise pas pour cela ! La maladie a une suffisemment grande influence comme ça sur toi pour t'en rajouter.

Je ne suis pas insensible, mais je relativise. Je ne peux pas faire grand chose pour eux si ce n'est participer aux oeuvres humanitaires... Par contre, ici, je peux être utile...
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bennou
Membre d'honneur
Messages : 2815
Enregistré le : vendredi 01 décembre 2006 21:32

Message par bennou »

Dans d'autres pays la dépression existe également.
Ce qui la rend plus insoutenable c'est le "savoir".
Certains peuples ne savent même pas qu'on peut vivre autrement (avoir une maison, une voiture, des loisirs etc.) tout le monde vie la même chose (à quelques détails près). La "fracture sociale" est soit quasi inexistante ou alors si grande que les gens "savent" qu'ils ne pourront jamais atteindre "les sommets" (on oublie).
Chez nous, il ne faut parfois pas grand chose pour "vivre mieux", mais pour les uns c'est tellement facile d'y parvenir, alors que pour d'autres il faut galérer (mais pourquoi ?).
Il y a également une "personne type" (un idéal) chez nous (définit par ????, mais il y a cette image). Le fait de ne pas "ressembler" à cet idéal fait qu'on se retrouve en "marge".
En somme c'est surtout la "société moderne" qui a fait "apparaître" cette maladie (qui existait déjà) mais dont les symptômes sont plus visibles dans notre mode de vie actuel.
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Sang_Noir
Messages : 71
Enregistré le : dimanche 04 mars 2007 19:45

Message par Sang_Noir »

Dans les pays où il y a la misère et la famine, ils sont préoccupés par ces dangers qui les entravent, mais les maladies psychologiques existent également, par contre eux ne peuvent pas les soigner, et d'ailleurs elles peuvent être "masquées" par les autres problèmes qui "sont" plus importants! Ce qui est assez dangereux pour eux également... à un eautre niveau simplement, mais c'est quand même là.
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Archaos
Fondateur/Administrateur
Messages : 17858
Enregistré le : mardi 06 juin 2006 21:20

Message par Archaos »

Je pense aussi à la situation des dépressifs en prison...déjà que nous avons du mal à nous soigner alors...
Sur la base des 799 hommes détenus interrogés, les principales prévalences actuelles projetées sur la population carcérale masculine de France métropolitaine sont estimées à :
• dépression : 40 %
• anxiété généralisée : 33 %
• névrose traumatique : 20 %
• agoraphobie : 17 %
• schizophrénie : 7 %
• paranoïa, psychose hallucinatoire chronique : 7 %

(Enquête de prévalence des troubles mentaux parmi les personnes détenues
Bruno Falissard Professeur, directeur de l’unité de santé publique de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif
Frédéric Rouillon Professeur, conseiller scientifique auprès du DGS, chef de service de psychiatrie à Créteil)
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aiolos
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Enregistré le : mardi 13 février 2007 22:54

Message par aiolos »

Tori, je comprends tres bien ce que tu veux dire, je crois qu'une part de moi pense la meme chose et fait que j'ai tres longtemps culpabilisé d'etre dans cet état. Mais il ne faut pas se voiler la face, en pensant de cette facon on ne se fait du mal qu'a nous meme en minimisant nos problemes et en retardant le moment de nous faire soigner.
Je crois aussi qu'encore aujourd'hui, la dépression est une maladie tres méconnue meme dans nos pays, il suffit de discuter un peu avec les gens pour se rendre compte que beaucoup ne considerent pas la dépression comme une maladie mais presque comme un choix.
Mais tu sais, ces memes personnes qui par leur discours te culpabilisent de ton état, elles n'attendent pas l'accord des autres pour vivre leur vie et ne penser qu'a elles, donc a nous de faire la meme chose, penser à nous avant tout, et pas aux problemes des autres et encore moins a ceux du tiers monde.
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claudine
Membre d'honneur
Messages : 6742
Enregistré le : mardi 05 décembre 2006 19:30

Message par claudine »

Bonjour à tous,

Je ne pense pas que ce soit faire preuve d'égoïsme par rapport aux autres êtres humains qui souffrent à travers le monde, que de se soigner quand on est soi-même malade.

A mon avis, c'est plutôt une preuve de bon sens envers son propre corps.
Cela ne nous empêche nullement de penser aussi aux autres.
DarkArt

Message par DarkArt »

salut Tori,

en fait je me suis aussi demandé ce que ma dépression vallait à côté de la vie de quelqu'un qui crève de faim, et qui a des problèmes vraiment graves dans le sens où ils mettent en jeu ça vie. Je l'ai très mal vécu à l'époque et je pensais que ça faisait de moi un "moins que rien",(...) ou je ne sais pas trop quel autre mot on pourrait mettre. En fait je pense simplement que l'homme est comme ça. On vit dans une société où l'on peut voir tous les jours des gens heureux, qui sont ouverts, qui semblent épanouïes, etc. Il n'y a pas de guerre de famine ou je ne sais quoi. Et je pense que justement c'est ça qui nous fait remarquer que quelque chose ne va pas. Si tu naîs dans un endroit ou tout le monde meurre de faim et que tu ne poses pas de question, tu trouveras ça "normal", ou tu te résigneras, mais si tu es au courant que 10% des habitants de cette planète ont accès à 90% des ressources (ou un truc de ce genre, je ne sais plus exatement) et qu'ils ne manquent surement pas de nourriture au point de la gâcher, tu trouveras ça injuste.

je dis ça aussi parce que les amis que j'avais il y a quelques années sont dans le même état que moi ou à peu de choses près, et c'est justement depuis que je remarque qu'on peut vivre "autrement" en étant vraiment heureux que j'ai remarqué qu'il y avait un problème quelque part. Et comme dit, celui qui vit dans un pays où on crève la dalle est près à tout faire pour que ça aille mieux, et il le fait pour lui. Alors pourquoi on aurait pas le droit d'agir pour nous et de s'occuper de nous ?

(...) modération Claudine
Diana

Message par Diana »

Coucou, Tori,
je ne sais pas si la dépression est "un luxe", en tout cas elle est fille de notre société certes.
Une société qui a bien évidemment d'énormes avantages, mais qui est aussi une machine parfois dure pour les hommes.

Alors, oui, il se peut qu'une maman brésilienne n'ait pas la possibilité de vivre ce qu'on vit, mais elle ne pâtit pas non plus le stress, la vitesse, les relations que notre société occidentale ou industrielle nous fait vivre.

Souffrir est le droit de tous. Comment....cela dépend de ce qu'on vit.
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Tori
Messages : 51
Enregistré le : samedi 03 mars 2007 23:37

Message par Tori »

Diana a écrit :
Alors, oui, il se peut qu'une maman brésilienne n'ait pas la possibilité de vivre ce qu'on vit, mais elle ne pâtit pas non plus le stress, la vitesse, les relations que notre société occidentale ou industrielle nous fait vivre.
Elle n'a pas à patir du stress, crois tu ? Certainement pas le même stress qu'ici, mais un stress dont, je pense nou n'avons même pas idée.
Diana

Message par Diana »

Tout à fait, Tori, je ne me suis pas assez bien expliquée. Quand je parlais de stress, je parlais en effet de stress "occidental", de ce stress de la vitesse, de l'apparence, du résultat, de grosses entreprises, des vacances aux périodes commandées, et tout cela, malgré nous, nous tient dès notre enfance à son niveau....

Je pense que les maux des sociétés industrielles et ceux des sociétés telles que tu les prends en exemple ne sont pas les mêmes. Un exemple: dans certains pays, quand on perd un être cher, un choeur de pleurereuses suit le cercueil. La douleur est manifestement exprimée, dite, criée même.

Qu'en est-il dans nos sociétes? Nous nous cachons dans un "bonheur" feint, et les manifestations sont souvent à proscrire....Les "condoléances" deviennent un mot unique et facile, dit en parlant bas, presque par peur d'envahir le monde de l'autre.

C'est un exemple parmi d'autres. Mais ce "silence" fait intérioriser pas mal de choses, qui du coup deviennent meurtrières pour la personne parfois...
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gamzatti
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Message par gamzatti »

Je suis assez en colère ce matin puisque c'est ce qu'on m'a dit hier soir. Genre mon problème est un problème d'enfant gâtée (j'ai été violée à 6 ans) et si je devais faire 10 bornes par jour pour aller chercher de l'eau je serais beaucoup plus en forme. Du coup j'ai passé la nuit à culpabiliser d'être née dans un pays riche et d'avoir une maison équipée de robinets.

Pour être vraiment honête, je ne suis pas un peu en colère je suis carrément folle de rage.

Le pire c'est que ce sont des réflexions comme ça qui me font retourner dans ma caverne pour 6 mois de plus...

Pensez-vous vraiment qu'on soit tous ici des enfants gâtés ?

Gamzatti qui essaie de se calmer ...
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chaussadas
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Enregistré le : lundi 22 octobre 2007 12:45

Message par chaussadas »

Non, je ne pense pas que nous soyons des enfants gâtés.
La dépression existe aussi dans les pays pauvres mais elle n'est décelée que dans un stade très avancée.
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cinock
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Enregistré le : lundi 12 mars 2007 10:18

Message par cinock »

Bonjour Gamzatti,

pour te rassurer, la depression n'est pas une maladie propre aux pays riches, j'ai lu dans un ouvrage consacré à la depression que même les esquimaux en sont victime....

Donc ne culpabilise pas, sorts de ta caverne, viens nous voir, parle nous....
Vois tu un Psy ? Je pense qu'être violée à 6 ans n'est pas l'expérience idéale pou aborder la vie avec sérénité !!!!

Courage nous sommes avec toi.
Je t'embrasse
"Ensemble nous vaincrons"
Erdaah

Message par Erdaah »

Je me dis souvent que c'est facile pour moi de déprimer puisque je ne dois pas penser à comment je vais remplir mon assiette le soir...
Mais finalement, je crois que, maladie de pays riches ou pas, on ne l'a pas choisi et on n'a donc pas à se sentir coupable de quoi que ce soit!

Je crois que bcp de gens maximisent ce qui n'est qu'une petite baisse de régime.. Ca fait rentrer tous les dépressifs dans le même lot: toujours en train d'exagérer! Alors que pour certains, c'est une vraie maladie...
C'est comme pour l'am, je n'arrêtais pas de voir des messages de gens qui le faisaient par jeu ou pour l'aspect esthétique... Difficile de parler d'une vraie addiction quand on passe après ce genre de discours!
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gamzatti
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Messages : 1406
Enregistré le : jeudi 29 novembre 2007 17:51

Message par gamzatti »

Merci pour vos messages, ils m'ont vraiment réconfortée à un point que vous n'imaginez même pas !

Pour répondre à ta question Cinock j'ai fait une thérapie qui m'a permi d'évacuer ce qui est lié au viol, à la violence, mais par contre là ou j'ai le sentiment de patauger complètement c'est pour réapprendre à vivre, à me faire confiance, à devenir ce qu'on rêve tous d'être c'est à dire un être épanoui.
Que ma mère m'ait abusé c'est paradoxal mais ça a été moins dur que de supporter au jour le jour la haine qu'elle me vouait.

Bref, si vous avez des conseils "comment se créer soi même un entourage propice à la reconstruction" même si c'est en 200 leçons, je suis preneuse !
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caremi
Messages : 39
Enregistré le : jeudi 08 novembre 2007 20:34

Message par caremi »

bonjour gamzatti,
désolé, je n'ai pas de solution "miracle" à te proposer.
Pour ma part, je sais que j'ai besoin d'espace et d'air, alors je sors le plus possible, je n'ai pas arrêté de travailler, et aussi, j'ai eu la chance de pouvoir discuter avec quelqu'un du forum, quelqu'un de formidable qui sait m'écouter et à qui dorénavant je voue une affection particulière (même si on ne se rencontreras certainement jamais)

Je ne crois pas que rester dans ta caverne comme tu dis, soit la meilleure des solutions, certainement nécessaire pendant un certain temps, mais ne reste pas perpétuellement dedans, comporte toi comme les autres attendent que tu te comporte, je sais ce n'est pas toujours facile mais pourtant c'est un bon moyen pour "renouer" avec la vie, pour se reconstruire.

Courage, lutte et persévère dans ton combat, la dépression n'est pas une impasse, c'est un tunnel qui est plus ou moins long pour chacun d'entre nous.
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