Splendeur et misère des Moules d'eau douce

[aletheia]

C'est une tentative de fable, façon "La Fontaine".

C'est comme ça que ça a commencé:
Dieu créa la Moule et Dieu vit que cela était bon.
Mais de tristesse la Moule deperissait.
Y avait-il quelqu'un en ce bas monde qui comprenait
La detresse de la laideur, et de l'idiotie qui se sait? Non.
Alors, ce Dieu bon, grand et magnanime
Lui dit ces quelques mots:
Je sais les sentiments funestes qui t'animent,
En bon père, j'allègerai ce lourd fardeau
Que te sont tes jours
Je te donnerai semblable compagne
Si tu promets de me louer toujours.
Ton nom resonnera jusqu'en Espagne!
Lui promet l'autre
Se voyant dèjà entourée des ses apotres.
Alors, le roi du ciel se mit à l'ouvrage.
Et deposa bientot une Huitre sur le rivage.
Qui saurait dire la joie de la moule?
N'etre plus seule dans ce monde cruel
Pour affronter les rires de la foule!
Se disait le mollusque à lamelles.
Mais ce n'est pas tout d'etre deux!
Encore devons-nous rendre grace à Dieu!
Moule d'eau douce et Huitre donnèrent alors des perles
D'admiration sifflèrent les Merles,
Ces oiseaux si moqueurs.
Et depuis lors on voit pendre au cou
Des belles à l'oeil charmeur
L'oeuvre des animaux plus laids que Pou.

[aletheia]

Allez, je me lance et vous en propose une autre!

La Folie
A l'orée du bois se mourrait d'ennui.
Helas, disait-elle, depuis que la Raison,
Ma soeur, dans le coeur des hommes batit son empire,
Il n'est point de Nation
Que mon nom ne fasse frémir.
On me traque, sans répis on me pourchasse
On écartele les esprits pour ma perte.
Je fascine, certe.
Mais que l'on voit le résultat de cette cruelle chasse!
Là, je dépéris hors du jardin clos de la Raison,
Et sans moi s'écrit l'histoire,
Dans mes veines je sens s'écouler du temps l'amer poison.
Car de moi, l'Amour a perdu toute mémoire.
A nos chimères, à nos promenades nocturnes,
A mon chant, à mes pleurs, à mon rire,
Il préféra, l'imbécile,l'immobilité sainte de ma co-turne
Et l'emmena, sans mot dire.
Cris et pleurs que je ne pouvais contenir,
Reveillèrent Némesis, qui se hata de venir.
Compagne d'infortune et mauvaise conseillère,
Elle eut tot fait, absinthe aidant, de reveiller ma colere.
La où la raison semait,
J'étendais le bras,
Et par le sang remplacais et le miel et le lait.
Pas meme la prière d'une mère, rien ne m'apaisa;
Si ce n'est la Jalousie qui vint,
Ayant, dit elle,une nouvelle propre à me réjouir.
"L'Amour, dit la Perfide, ne fait que bailler du soir au matin,
Les antiques leçons de la Raison lui plurent, mais franchement, il n'y a pas de quoi rire!"
Hélas, l'Amour,
Bon garçon et bien né,
Ne pouvait revenir à ses premieres Amours
Sans Père et Mère mécontenter.
Les Dieux par ailleurs voulurent punir ma mauvaise conduite.
Voici la sentence:
A égarer les hommes en foret je fus réduite,
Et depuis, l'Ennui, terrible, me creve la panse.
Fatiguée de ces bêtes taches administratives,
Je rentre harassée chaque soir.
Et plus que d'une Annah O. maladive,
Je rêve d'une camisole, d'une marotte, d'un entonnoir.

Pour gouter cette moralité,
En vérité,
Point besoin d'etre en Khâgne,
L'Amour sait toujours ce qu'il perd, mais jamais ce qu'il gagne.

[Archaos]

merci