Après, j'ai arrêter le lycée avant le bac, j'ai d'abord fait les vendanges. Et là, j'ai tellement eu mal au dos que je me suis dit : " Voilà, c'est ça le travail ".
Après, un peu de chômage, puis j'ai fait la formation d'infirmière de secteur psychiatrique, 3 ans, plus 1 ans parce que j'ai redoublée une année. Il n'y avait que les cours de psycho qui s'intéressaient, incapable de faire une piqure ( tout mon corps s'y refusait ), nulle pour tout ce qui est médicament et physiologie, encore maintenant d'ailleurs. ( c'était il y a presque 30 ans !, mais c'est comme si c'était hier.) J'étais toujours en conflit avec les équipes, ça allait très loin, blâme et tout ça.
J'ai quand même eu ce diplôme et j'ai exercé en service adulte, à l'époque c'était même pas mixte !
Après j'étais en service enfant, centre de jour, et CMP. C'était vraiement très dur, je ne me sentais pas assez formée, ça me renvoyait sans arrêt à mon enfance, je me sentais incompétente, aussi malheureuse que ces enfants, je ne savais pas les aider.
Au bout de 4 ans, en même temps que le garçon avec qui je vivais me quittait, après un avortement spontané , j'ai tout arrêté, arrêt longue maladie. Dépression, oui, bien sur, mais autre chose je crois. Quelque chose qui était déjà fragile, et qui s'est cassé de façon irrémédiable, un rapport à la vie, à l'autre. Je n'en suis toujours pas sortie
Pourtant j'ai aimé encore, eu deux enfants cadeau de la vie... J'ai travaillé dans une association qui était ma maison, à faire des affiches très engagées, puis les coller sur les murs de la villes. Je volais du lait à Carrefour pour les biberons de mon fils, sans gloire, honteusement. J'ai voyagé un peu, croyant ne jamais revenir, en Gambie, au Maroc, toujours avec mes enfants, et leur père, artiste sérigraphe profondément humaniste je crois, mais dont le mode de vie familial " Marche ou crève " m'a complètement épuisée physiquement, et vidée de tout amour conjugal.
Donc je suis seule avec mes enfants maintenant, solitude que j'ai voulue, c'est vrai, sur ce plan là c'est un mieux, je peux me reposer.
Il y a 2 ans j'ai fait avec le Greta une formation d'auxiliaire de vie sociale, puis je me suis remis au travail, c'est très dur après plus de 15 ans d'inactivité. ( drôle de mot pour dire tout le travail de maman ! )
J'aimais bien aussi ce travail, me sentir utile, et l'être réellement je crois.
Mais ça me fais pleurer encore, trop de détresse pour ces vieilles personnes pourtant si courageuses, trop de solitudes, et qu'une porte de sortie, la dernière. J'aurai voulu pouvoir les accompagner, qu'elles soient moins seules, j'ai vu trop de souffrances, je n'y arrive pas.
Et aussi financièrement ça ne va pas, à la fin du mois je n'avais plus de quoi prendre le bus pour aller au travail, et puis des horaires très difficiles parce que coupés, et aussi une grosse fatigue pour le dos
Voilà, je suis Rmiste, c'est vraiement pas glorieux, je vais à l'aide alimentaire, et nous y sommes nombreux...
Professionnellement je ne sais plus quoi faire, je ne me fais plus confiance, et du coup je ne veux pas qu'on me fasse confiance !
Je pleure encore, ça fait quelque jours que moi = pleure.
Hier j'ai vu une psychologue du Conseil Général, ça fait 2 fois que je la vois... elle m'écoute mais je ne vois pas d'issue. Je crois que je voudrais travailler chez moi, je fais un peu de broderie, il faudrait peut-être que je développe ça ?
Merci de me dire ce que vous en pensez,
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