Vouloir se sentir mal ?
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- membre5522
- Messages : 2346
- Enregistré le : lundi 30 juin 2014 21:33
Vouloir se sentir mal ?
Bonjour,
Je ne sais pas trop comment présenter les choses, dans ma tête c'était bien clair puis pour mettre par écrit ça devient tout de suite beaucoup plus compliqué ^^'.
Disons que depuis que je vois un psychologue qui m'a donné des exercices de respiration à faire pour me sentir plus serein et moins prompt aux crises d'angoisse, j'ai l'impression que je ne "veux" pas me sentir mieux.
Bon, au-delà du fait que je ne fais pas souvent les 2 mini-exercices que je suis censé faire plusieurs fois par jour en grande majorité par fainéantise, je me suis rendu compte que dans les moments où je me sens le plus mal et que je m'en rappelle, je n'ai absolument aucune envie de les faire ! Pire encore, parfois quand je me sens bien, que je rigole un peu et que je passe du bon temps je me sens mal à l'aise, mais pas assez. Je me demande ce que je fous à m'amuser, pourquoi je ne suis pas complètement effondré et dans mon lit en train de trembler de peur. J'ai envie de souffrir, pas physiquement parce que je me sens incapable de m'auto-mutiler (ce qui me dérange, d'ailleurs...), mais mentalement.
Si j'ai fait un bref passage à l'hopital, c'est parce que j'ai arrêté les médicaments du jour au lendemain pour pouvoir me sentir assez mal pour faire une tentative de suicide. Et maintenant que je vais probablement reprendre les cours, parmi toutes les questions que je me pose, il y a "Quand est-ce que je vais pouvoir trouver le temps de penser à pleurer?"
Evidemment, je n'ai jamais rien dit à personne, je dis toujours à mon psy que je fais ses exercices régulièrement et que ça m'aide dans mes moments de détresse. Mais du coup, les questions restent là. Est-ce que c'est normal quand on est dépressif? Y a-t-il d'autres personnes qui font la même chose? Est-ce qu'à la fin on se dit "allez, cette fois je veux vraiment aller mieux !"? (La première psychologue que j'ai vu m'a dit après un an de thérapie qu'elle pouvait pas m'aider si je voulais pas m'en sortir.) Comment expliquer ce phénomène? J'ai bien des théories là-dessus, mais si quelqu'un a de vraies réponses, je préfèrerais.
Je ne sais pas trop comment présenter les choses, dans ma tête c'était bien clair puis pour mettre par écrit ça devient tout de suite beaucoup plus compliqué ^^'.
Disons que depuis que je vois un psychologue qui m'a donné des exercices de respiration à faire pour me sentir plus serein et moins prompt aux crises d'angoisse, j'ai l'impression que je ne "veux" pas me sentir mieux.
Bon, au-delà du fait que je ne fais pas souvent les 2 mini-exercices que je suis censé faire plusieurs fois par jour en grande majorité par fainéantise, je me suis rendu compte que dans les moments où je me sens le plus mal et que je m'en rappelle, je n'ai absolument aucune envie de les faire ! Pire encore, parfois quand je me sens bien, que je rigole un peu et que je passe du bon temps je me sens mal à l'aise, mais pas assez. Je me demande ce que je fous à m'amuser, pourquoi je ne suis pas complètement effondré et dans mon lit en train de trembler de peur. J'ai envie de souffrir, pas physiquement parce que je me sens incapable de m'auto-mutiler (ce qui me dérange, d'ailleurs...), mais mentalement.
Si j'ai fait un bref passage à l'hopital, c'est parce que j'ai arrêté les médicaments du jour au lendemain pour pouvoir me sentir assez mal pour faire une tentative de suicide. Et maintenant que je vais probablement reprendre les cours, parmi toutes les questions que je me pose, il y a "Quand est-ce que je vais pouvoir trouver le temps de penser à pleurer?"
Evidemment, je n'ai jamais rien dit à personne, je dis toujours à mon psy que je fais ses exercices régulièrement et que ça m'aide dans mes moments de détresse. Mais du coup, les questions restent là. Est-ce que c'est normal quand on est dépressif? Y a-t-il d'autres personnes qui font la même chose? Est-ce qu'à la fin on se dit "allez, cette fois je veux vraiment aller mieux !"? (La première psychologue que j'ai vu m'a dit après un an de thérapie qu'elle pouvait pas m'aider si je voulais pas m'en sortir.) Comment expliquer ce phénomène? J'ai bien des théories là-dessus, mais si quelqu'un a de vraies réponses, je préfèrerais.
- BlueRainbow
- Messages : 21
- Enregistré le : dimanche 10 août 2014 22:31
Vouloir se sentir mal ?
Ca me fait penser à ce reflexe bizzar que nous avons, lorsque nous allons mal, de mettre une musique triste qui ne fera que renforcer notre mal-être.
Si quelqu'un a une explication au problème de l'auteur je l'encourage à prendre la parole ! Je suis fortement intéresse
Si quelqu'un a une explication au problème de l'auteur je l'encourage à prendre la parole ! Je suis fortement intéresse
- Suricat
- Messages : 1651
- Enregistré le : lundi 07 octobre 2013 12:38
Vouloir se sentir mal ?
Question délicate, mais je pense que beaucoup ont été plus ou moins consciemment dans cette problématique. Toi déjà tu en est conscient, c'est déjà pas mal. La remarque de ta psy te confirme que tu n'es pas un cas unique , elle n'y aurait pas pensé sinon.
Je n'ai pas de réponse (ça ne t'aide pas), et je ne suis pas sûre qu'il n'y en ait qu'une seule, à mon avis il y a plein d'éléments qui peuvent faire que l'on n'a pas vraiment envie de s'en sortir.
Quelques uns en vrac :
- Les bénéfices secondaires de la dépression (ex: que des gens fassent des choses pour nous, parfois se sentir aimé, besoin d'attention, pouvoir se donner une excuse de temps en temps, etc). C'est très difficile à reconnaître mais je crois que tout le monde en a, ou en a eu.
- C'est plus simple de se vautrer dans sa souffrance que de faire des efforts démesurés pour pas grand chose.
- Une question d'identité et de peur de l'avenir, on s'identifie à la dépression et on a peur d'aller vers autre chose.
Tu devrais arrêter de mentir à ton psy, ou de lui cacher la vérité comme tu veux. Tu sembles avoir envie d'avancer malgré tout (ben oui, si ta situation te convenait tu n'aurais pas posé la question) donc je te conseille de lui parler de ce "blocage de volonté d'avancer" pour que vous puissiez bosser dessus
Si tu veux tout savoir je crois que je suis encore dans cette problématique moi aussi, je commence à avancer mais il y a toujours cette pensée de tout lâcher et de m'enfoncer dans mon truc.
Bon courage
Je n'ai pas de réponse (ça ne t'aide pas), et je ne suis pas sûre qu'il n'y en ait qu'une seule, à mon avis il y a plein d'éléments qui peuvent faire que l'on n'a pas vraiment envie de s'en sortir.
Quelques uns en vrac :
- Les bénéfices secondaires de la dépression (ex: que des gens fassent des choses pour nous, parfois se sentir aimé, besoin d'attention, pouvoir se donner une excuse de temps en temps, etc). C'est très difficile à reconnaître mais je crois que tout le monde en a, ou en a eu.
- C'est plus simple de se vautrer dans sa souffrance que de faire des efforts démesurés pour pas grand chose.
- Une question d'identité et de peur de l'avenir, on s'identifie à la dépression et on a peur d'aller vers autre chose.
Tu devrais arrêter de mentir à ton psy, ou de lui cacher la vérité comme tu veux. Tu sembles avoir envie d'avancer malgré tout (ben oui, si ta situation te convenait tu n'aurais pas posé la question) donc je te conseille de lui parler de ce "blocage de volonté d'avancer" pour que vous puissiez bosser dessus
Si tu veux tout savoir je crois que je suis encore dans cette problématique moi aussi, je commence à avancer mais il y a toujours cette pensée de tout lâcher et de m'enfoncer dans mon truc.
Bon courage
Vouloir se sentir mal ?
Bonjour,
C'est "drôle" que tu parles d'envie de souffrir ... Je crois que je l'avais juste eu un chouïa y'a 4 ans pendant une période de 2 mois, mais ça, c'était juste avant que je ne déclare ma dépression. Je suis plus dans une envie de me purger, de faire sortir cette tristesse, afin d'aller mieux, ça dure une heure ou deux maxi.
En fait, je crois que je cherche vraiment à survivre. Sauf que j'ai des instants de profond détachement, où mon corps entier est l'hôte d'une tristesse inconmmensurable. Dans ce cas là, je ne ressens plus rien, pas même la tristesse qui m'habite, je suis mentalement léthargique mais je continue automatiquement ou instinctivement (?) mais je ne suis plus trop sûre de l'instinct dans ces moments-là, à effectuer mon "devoir" pour les autres (parcontre, je ne mange presque plus, ne bois presque plus, ne va quasiment plus aux toillettes, me lave moins, voire plus dans les cas poussés, ne dors plus ... Etc).
Pour ce qui est de la dépression, je pense aussi, que nous, dépressifs, avons certains clichés en tête ...
Nous ne sommes pas obligés d'être effondrés tout le temps, c'est là la difficulté, ce doute constant de survivre ou pas, ce qui fait que l'on nous ne prend parfois pas au sérieux parce que nous "faisons des choses quand même" et l'on peut être habité d'une grande tristesse même lorsque nous accomplissons les choses quotidiennes.
Enfin, tout ça est mon cas, et comme toi, je me suis longtemps demandé si j'étais vraiment dépressive.
Je pense que nous sommes tous différents, avons des environnements différents, connaissons des relations de cause à effet propres à nous, que nous avons 36000 réponses à tout ça.
Il me semble avoir déjà parlé des bénéfices secondaires, mais ça fait si longtemps. Qu'il y en ai dans la dépression, c'est certain. C'est une chose sur laquelle il faut se pencher, se remettre en question, car c'est ce qui établira ton champs relatif du possible. Une fois que le côté narcissique de la dépression s'essouffle, on peut maintenant ouvrir les yeux sur ces fameux bénéfices secondaires.
Je pense aussi que la dépression, c'est un conflit entre l'instinct de survie et les bénéfices secondaires. La frontière est finallement très étroite ... On lit souvent "repose-toi" comme "bouge-toi", de la part d'autres dépressifs.
On lutte constamment pour éviter de s'enfoncer.
Si tu as une vie de M...., c'est une chose, mais ce n'est pas le propos : tu DOIS l'assumer pour essayer de participer à ta propre existence. Si on peut être tentés de se donner la mort, alors on peut aussi essayer de se donner la vie, c'est ce que je me dis lorsque j'ai peur de m'enfoncer.
J'aurais tendance à avancer que, si tu te crois dans l'impossibilité de trouver un moment pour "pleurer", c'est que t'en a pas suffisament besoin
"Pleurer", ça ne peut pas se contrôler.
Si tu as tendance à penser qu'on peut le contrôler, c'est comme une envie de faire pipi ... C'est que tu en as pas encore vraiment besoin dans l'immédiat, tant que tu le penseras comme ça.
Me vient alors une question : Penses-tu ce "besoin de pleurer" comme une addiction ? Si oui, pour répondre à quoi ?
La dépression ne répondra jamais à un manque affectif, manque de confiance, manque d'émotions ou autres denrées que l'on cherche par les bénéfices secondaires.
La dépression est juste une réponse instinctive à ces manques.
J'envisage la dépression comme une possibilité de me remettre en question.
Je vois dans l'arrivée des problèmes, une solution qui me tombe sur le nez.
Pour le rire, on peut être tout à fait dépressif et "rigoler". Le rire est pour moi une défense, nerveusement je ris aussi, enfin, ... Je communique beaucoup par le rire. Il y eu un moment où je n'arrivais plus à rire, et là, c'est très mauvais pour moi.
Depuis peu, j'y ai réfléchi et je pense plus avoir un problème avec le rire.
Au contraire, je pense qu'il y a une part de Commedia Dell' Arte essentielle.
Bon si j'ai parlé que de mes réflexions à ce sujet, c'est que je n'ai pas de réponses particulières à tes questions.
Je t'avance mes réponses personnelles en ce sujet.
Je m'excuse de cette forme déstructurée mais j'ai posté tout ce qui me venait en tête, à ce moment là, d'où l'impression de passer du coq à l'âne
Parle-en à ton psy de toutes ces questions, un oeil neuf sera encore plus bénéfique pour toi.
Bon courage
C'est "drôle" que tu parles d'envie de souffrir ... Je crois que je l'avais juste eu un chouïa y'a 4 ans pendant une période de 2 mois, mais ça, c'était juste avant que je ne déclare ma dépression. Je suis plus dans une envie de me purger, de faire sortir cette tristesse, afin d'aller mieux, ça dure une heure ou deux maxi.
En fait, je crois que je cherche vraiment à survivre. Sauf que j'ai des instants de profond détachement, où mon corps entier est l'hôte d'une tristesse inconmmensurable. Dans ce cas là, je ne ressens plus rien, pas même la tristesse qui m'habite, je suis mentalement léthargique mais je continue automatiquement ou instinctivement (?) mais je ne suis plus trop sûre de l'instinct dans ces moments-là, à effectuer mon "devoir" pour les autres (parcontre, je ne mange presque plus, ne bois presque plus, ne va quasiment plus aux toillettes, me lave moins, voire plus dans les cas poussés, ne dors plus ... Etc).
Pour ce qui est de la dépression, je pense aussi, que nous, dépressifs, avons certains clichés en tête ...
Nous ne sommes pas obligés d'être effondrés tout le temps, c'est là la difficulté, ce doute constant de survivre ou pas, ce qui fait que l'on nous ne prend parfois pas au sérieux parce que nous "faisons des choses quand même" et l'on peut être habité d'une grande tristesse même lorsque nous accomplissons les choses quotidiennes.
Enfin, tout ça est mon cas, et comme toi, je me suis longtemps demandé si j'étais vraiment dépressive.
Je pense que nous sommes tous différents, avons des environnements différents, connaissons des relations de cause à effet propres à nous, que nous avons 36000 réponses à tout ça.
Il me semble avoir déjà parlé des bénéfices secondaires, mais ça fait si longtemps. Qu'il y en ai dans la dépression, c'est certain. C'est une chose sur laquelle il faut se pencher, se remettre en question, car c'est ce qui établira ton champs relatif du possible. Une fois que le côté narcissique de la dépression s'essouffle, on peut maintenant ouvrir les yeux sur ces fameux bénéfices secondaires.
Je pense aussi que la dépression, c'est un conflit entre l'instinct de survie et les bénéfices secondaires. La frontière est finallement très étroite ... On lit souvent "repose-toi" comme "bouge-toi", de la part d'autres dépressifs.
On lutte constamment pour éviter de s'enfoncer.
Si tu as une vie de M...., c'est une chose, mais ce n'est pas le propos : tu DOIS l'assumer pour essayer de participer à ta propre existence. Si on peut être tentés de se donner la mort, alors on peut aussi essayer de se donner la vie, c'est ce que je me dis lorsque j'ai peur de m'enfoncer.
J'aurais tendance à avancer que, si tu te crois dans l'impossibilité de trouver un moment pour "pleurer", c'est que t'en a pas suffisament besoin
"Pleurer", ça ne peut pas se contrôler.
Si tu as tendance à penser qu'on peut le contrôler, c'est comme une envie de faire pipi ... C'est que tu en as pas encore vraiment besoin dans l'immédiat, tant que tu le penseras comme ça.
Me vient alors une question : Penses-tu ce "besoin de pleurer" comme une addiction ? Si oui, pour répondre à quoi ?
La dépression ne répondra jamais à un manque affectif, manque de confiance, manque d'émotions ou autres denrées que l'on cherche par les bénéfices secondaires.
La dépression est juste une réponse instinctive à ces manques.
J'envisage la dépression comme une possibilité de me remettre en question.
Je vois dans l'arrivée des problèmes, une solution qui me tombe sur le nez.
Pour le rire, on peut être tout à fait dépressif et "rigoler". Le rire est pour moi une défense, nerveusement je ris aussi, enfin, ... Je communique beaucoup par le rire. Il y eu un moment où je n'arrivais plus à rire, et là, c'est très mauvais pour moi.
Depuis peu, j'y ai réfléchi et je pense plus avoir un problème avec le rire.
Au contraire, je pense qu'il y a une part de Commedia Dell' Arte essentielle.
Bon si j'ai parlé que de mes réflexions à ce sujet, c'est que je n'ai pas de réponses particulières à tes questions.
Je t'avance mes réponses personnelles en ce sujet.
Je m'excuse de cette forme déstructurée mais j'ai posté tout ce qui me venait en tête, à ce moment là, d'où l'impression de passer du coq à l'âne
Parle-en à ton psy de toutes ces questions, un oeil neuf sera encore plus bénéfique pour toi.
Bon courage
- zenitude
- Messages : 2490
- Enregistré le : mercredi 16 novembre 2011 20:46
Vouloir se sentir mal ?
Très intéressant... idem, je n'ai pas d'explication "miracle".
Suricat a exposé certaines pistes, personnellement je pense qu'il y aussi, tout simplement le fait, le besoin d'ouvrir les vannes, de laisser sortir tout ce mal être accumulé.
Je reprends ce que disait BlueRainbow sur la musique, et bien en ce moment je suis dans une phase très difficile et je ne fais qu'écouter des trucs "nostalgiques",
car très franchement je ne me vois pas me balancer de l'electro, du hip hop, bref des trucs qui bougent, secouent.
J'espère que ce sujet ne tombera pas dans les abysses et qu'il pourra ainsi être d'avantage décortiqué afin de mieux comprendre cette maladie ainsi que certains de ces schémas.
Suricat a exposé certaines pistes, personnellement je pense qu'il y aussi, tout simplement le fait, le besoin d'ouvrir les vannes, de laisser sortir tout ce mal être accumulé.
Je reprends ce que disait BlueRainbow sur la musique, et bien en ce moment je suis dans une phase très difficile et je ne fais qu'écouter des trucs "nostalgiques",
car très franchement je ne me vois pas me balancer de l'electro, du hip hop, bref des trucs qui bougent, secouent.
J'espère que ce sujet ne tombera pas dans les abysses et qu'il pourra ainsi être d'avantage décortiqué afin de mieux comprendre cette maladie ainsi que certains de ces schémas.
- Zooey
- Messages : 696
- Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15
Vouloir se sentir mal ?
Personnellement je pense qu'il y a aussi l'inverse :
plutôt qu'un envie de souffrir (ou en plus d'une envie de souffrir), la difficulté d'accepter d'aller mieux, d'aller bien.
C'est comme s'aventurer hors de sa prison qui, même si elle est sombre, étroite et glauque et inconfortable, avait quelque chose de rassurant.
C'est comme de mettre un pied dehors et d'être ébloui par la lumière, et ne plus savoir où aller, quel chemin prendre, quelle identité porter.
Et puis on ressort meurtri quand même, faut apprendre à refaire confiance, en les autres, et surtout en soi. Confiance en sa stabilité interne. Alors qu'on sait, d'expérience, quelle n'est plus garantie. Ré-évaluer ses limites. Pousser un peu plus loin doucement pour se mettre à l'épreuve.
C'est quand même pas si facile, il faut oser, il faut se sentir prêt.
Une phrase dans un colloque sur la prise en charge des maladies mentales m'a marquée récemment, prononcée par la présidente (je crois) d'une association de personnes vivant avec une maladie mentale, elle-même bipolaire:
"On ne peut pas se soigner pour se soigner. On doit se soigner pour vivre"
Ce qu'elle disait, c'est que s'il n'y a pas de projet de vie derrière, on ne peut pas avoir très envie de se soigner.
Donc je dirais que la première question à se poser, c'est sans doute "pour QUOI je veux aller mieux ? "
Et puis si on envisage la dépression comme une forme de deuil, n'est-il pas difficile d'accepter de se remettre à sourire quand on a perdu un être cher? Comme si c'était une trahison, comme si revivre diminuait l'importance du défunt, et les sentiments qu'on avait pour lui. Dans la souffrance, affichée, en tout cas portée, il y a quelque chose d'une communication sociale, comme on porte le noir pour le deuil, le blanc pour se marier. Le mini-short et le nombril à l'air quand on commence à affirmer sa sexualité. Le costume / tailleur pour aller travailler.
Dans la vie, depuis que je consulte un psy, j'essaie de tout envisager comme de la communication. C'est comme ça que j'essaie de comprendre mes symptômes. Je cherche à savoir à qui ils s'adressent, et pourquoi je me sens obligée de leur adresser ça.
Après, je ne parle pas là du cœur de la dépression, quand on est anesthésié tout ça, mais ce moment où le médoc a agi, ou quand la dépression se lève, et que le monde recommence à se colorer un peu et qu'on se pose la question : et maintenant, quoi ?
plutôt qu'un envie de souffrir (ou en plus d'une envie de souffrir), la difficulté d'accepter d'aller mieux, d'aller bien.
C'est comme s'aventurer hors de sa prison qui, même si elle est sombre, étroite et glauque et inconfortable, avait quelque chose de rassurant.
C'est comme de mettre un pied dehors et d'être ébloui par la lumière, et ne plus savoir où aller, quel chemin prendre, quelle identité porter.
Et puis on ressort meurtri quand même, faut apprendre à refaire confiance, en les autres, et surtout en soi. Confiance en sa stabilité interne. Alors qu'on sait, d'expérience, quelle n'est plus garantie. Ré-évaluer ses limites. Pousser un peu plus loin doucement pour se mettre à l'épreuve.
C'est quand même pas si facile, il faut oser, il faut se sentir prêt.
Une phrase dans un colloque sur la prise en charge des maladies mentales m'a marquée récemment, prononcée par la présidente (je crois) d'une association de personnes vivant avec une maladie mentale, elle-même bipolaire:
"On ne peut pas se soigner pour se soigner. On doit se soigner pour vivre"
Ce qu'elle disait, c'est que s'il n'y a pas de projet de vie derrière, on ne peut pas avoir très envie de se soigner.
Donc je dirais que la première question à se poser, c'est sans doute "pour QUOI je veux aller mieux ? "
Et puis si on envisage la dépression comme une forme de deuil, n'est-il pas difficile d'accepter de se remettre à sourire quand on a perdu un être cher? Comme si c'était une trahison, comme si revivre diminuait l'importance du défunt, et les sentiments qu'on avait pour lui. Dans la souffrance, affichée, en tout cas portée, il y a quelque chose d'une communication sociale, comme on porte le noir pour le deuil, le blanc pour se marier. Le mini-short et le nombril à l'air quand on commence à affirmer sa sexualité. Le costume / tailleur pour aller travailler.
Dans la vie, depuis que je consulte un psy, j'essaie de tout envisager comme de la communication. C'est comme ça que j'essaie de comprendre mes symptômes. Je cherche à savoir à qui ils s'adressent, et pourquoi je me sens obligée de leur adresser ça.
Après, je ne parle pas là du cœur de la dépression, quand on est anesthésié tout ça, mais ce moment où le médoc a agi, ou quand la dépression se lève, et que le monde recommence à se colorer un peu et qu'on se pose la question : et maintenant, quoi ?
- membre5522
- Messages : 2346
- Enregistré le : lundi 30 juin 2014 21:33
Vouloir se sentir mal ?
Wow, je n'ai eu aucune réponse pendant plusieurs jours, et puis tout le monde est venu en même temps. Merci BlueRainbow d'avoir remonté le topic
Et merci à tout le monde d'avoir bien voulu réfléchir à la question et d'avoir formulé des réponses aussi développées. J'avoue avoir été un peu perdu dans celle de Détachement, mais une chose revient un peu partout, ce sont ces bénéfices secondaires dont vous parlez, et je pense que c'est assez juste. J'aime beaucoup me donner des excuses personnellement, et je voudrais afficher aussi aux autres que je me sens mal, parce que ma famille a plutôt tendance à croire que je vais beaucoup mieux quand je ne fais pas de crise impressionnante devant eux.
En rajoutant que je n'ai pas de projet de vie derrière, et que je suis plutôt terrifié par le changement, je n'ai pas vraiment de raison de vouloir aller mieux...
Et puis il y a ce stress permanent qui me ronge et qui fait que, même si j'arrive à dormir, je me couche à des heures impossible et j'ai le sommeil très léger.
Merci pour vos témoignages, apparemment, je ne serais pas le seul dans le cas, même si vos propos en général sont nuancés par des "je pense" et des "peut-être" alors que pour moi, c'est une certitude.
En y réfléchissant encore, je suis arrivé à une conclusion simple qui complète un peu tout ce que vous avez dit. Je stresse finalement énormément quand je m'amuse parce que j'ai l'impression de ne pas faire quelque chose d'utile, je m'ennuie quand je ne fais rien, et je refuse de me plier à mes obligations qui, lorsque je le fait quand même, m'ennuient également profondément. Donc l'une des solutions que j'ai trouvé pour ne pas m'ennuyer ni stresser, c'est de me torturer l'esprit et de me sentir mal (on en revient au cas "se donner des excuses", pas besoin de stresser parce que je manque à mes obligations puisque je suis incapable de m'en occuper sur le moment). L'autre solution étant de dormir, et j'aimerais pouvoir dormir éternellement.
Ce serait inutile de demander comment faire pour s'en sortir quand on ne le veut pas, puisque si vous êtes ici, c'est que vous n'avez pas plus de réponse que moi, mais j'ai l'impression que je vais rester comme ça pendant encore un loooooooong moment. Cette impression de rater ma vie s'enracine de plus en plus profondément de jour en jour, mais ça, c'est un autre sujet.
Pour répondre à Suricat, je suis d'accord qu'il faudrait que j'arrête de lui cacher la vérité. Mais comment avouer à quelqu'un qui fait tout son possible pour nous aider, qu'on ne veut pas faire d'effort?
Et merci à tout le monde d'avoir bien voulu réfléchir à la question et d'avoir formulé des réponses aussi développées. J'avoue avoir été un peu perdu dans celle de Détachement, mais une chose revient un peu partout, ce sont ces bénéfices secondaires dont vous parlez, et je pense que c'est assez juste. J'aime beaucoup me donner des excuses personnellement, et je voudrais afficher aussi aux autres que je me sens mal, parce que ma famille a plutôt tendance à croire que je vais beaucoup mieux quand je ne fais pas de crise impressionnante devant eux.
En rajoutant que je n'ai pas de projet de vie derrière, et que je suis plutôt terrifié par le changement, je n'ai pas vraiment de raison de vouloir aller mieux...
Et puis il y a ce stress permanent qui me ronge et qui fait que, même si j'arrive à dormir, je me couche à des heures impossible et j'ai le sommeil très léger.
Merci pour vos témoignages, apparemment, je ne serais pas le seul dans le cas, même si vos propos en général sont nuancés par des "je pense" et des "peut-être" alors que pour moi, c'est une certitude.
En y réfléchissant encore, je suis arrivé à une conclusion simple qui complète un peu tout ce que vous avez dit. Je stresse finalement énormément quand je m'amuse parce que j'ai l'impression de ne pas faire quelque chose d'utile, je m'ennuie quand je ne fais rien, et je refuse de me plier à mes obligations qui, lorsque je le fait quand même, m'ennuient également profondément. Donc l'une des solutions que j'ai trouvé pour ne pas m'ennuyer ni stresser, c'est de me torturer l'esprit et de me sentir mal (on en revient au cas "se donner des excuses", pas besoin de stresser parce que je manque à mes obligations puisque je suis incapable de m'en occuper sur le moment). L'autre solution étant de dormir, et j'aimerais pouvoir dormir éternellement.
Ce serait inutile de demander comment faire pour s'en sortir quand on ne le veut pas, puisque si vous êtes ici, c'est que vous n'avez pas plus de réponse que moi, mais j'ai l'impression que je vais rester comme ça pendant encore un loooooooong moment. Cette impression de rater ma vie s'enracine de plus en plus profondément de jour en jour, mais ça, c'est un autre sujet.
Pour répondre à Suricat, je suis d'accord qu'il faudrait que j'arrête de lui cacher la vérité. Mais comment avouer à quelqu'un qui fait tout son possible pour nous aider, qu'on ne veut pas faire d'effort?
- membre5522
- Messages : 2346
- Enregistré le : lundi 30 juin 2014 21:33
Vouloir se sentir mal ?
Je rajouterais que, pour ma part, pleurer est une sorte d'appel à l'aide. Je sais que personne ne peut m'aider, à part moi-même, mais au moins, c'est faire quelque chose. Alors qu'être insouciant, oublier ses problèmes, ça ne sert à rien. Donc je m'en veut de me sentir mieux parfois. Parce que tant qu'à se sentir mieux, autant trouver des solutions. Sauf que quand je vais bien, en général c'est que je n'en cherche pas. Et quand je vais mal, je m'en veut d'autant plus. Je crois que ça devient plus clair maintenant, tant que je ne mettrai pas à profit ces épisodes où je me sent mieux, je pense que c'est normal de vouloir me sentir mal.
- Zooey
- Messages : 696
- Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15
Vouloir se sentir mal ?
Au final, j'ai l'impression que ce que tu dis, c'est que tu culpabilises d'aller mal parce que tu penses y trouver un bénéfice (que tu le fais exprès en quelque sorte), et tu culpabilises d'aller bien parce que tu n'en fais rien... je reconnais bien ça chez moi...
Je réfléchissais encore à ta question aujourd'hui, clairement cela fait écho en moi.
Et du coup je lisais des trucs théoriques et je me suis rendue compte d'un truc que j'avais identifié autrefois mais que je ne voyais plus aujourd'hui dans mon "vécu dépressif". C'est la position à part que notre vision du monde nous donne. Il y a quand même quelque chose d'une place en dehors, d'une croyance qu'on verrait au-delà de ce grand manège humain naïf d'espoirs, de projections, de bonheurs, d'espérances, d'affirmation de soi... Il y a quelque chose d'une croyance d'être "à part", et être à part, c'est être seul, mais c'est aussi être le seul, comme un sage sur sa colline, omniscient, qui voit le destin du monde un peu de loin, qui "pardonne" parce qu'ils "ne savent pas ce qu'ils font", ces pauvres humains normaux qui ne se rendent pas compte combien rien ne sert à rien et combien tout est vain, factice.
Il y a là quelque chose d'une toute-puissance, qui vient pourtant répondre- comme pour se sauver - à un profond sentiment d'impuissance, vérifié par les échecs et les pertes diverses et variées, les déceptions. Échecs qui prouvent bien que nous avons quelque chose en moins, qu'il nous manque quelque chose pour pouvoir entrer dans le tissus de la vie, et qui du coup, nous différencie radicalement de tous les autres.
Bref voilà ce qui m'a traversé l'esprit aujourd'hui, je ne sais pas encore quoi en faire. Car si j'ai pu reconnaître cela très distinctement - à postériori en thérapie - dans mes phases dépressives lors de l'adolescence et en tant que jeune adulte, je le vois moins clairement aujourd'hui. Enfin je le vois mais j'ai nettement moins cette espèce de rage, cette espèce de sublimation dans la douleur que j'ai pu avoir plus jeune.
bon c'est tout pour le moment, sais pas si ça fait avancer le schmilblick...
Je réfléchissais encore à ta question aujourd'hui, clairement cela fait écho en moi.
Et du coup je lisais des trucs théoriques et je me suis rendue compte d'un truc que j'avais identifié autrefois mais que je ne voyais plus aujourd'hui dans mon "vécu dépressif". C'est la position à part que notre vision du monde nous donne. Il y a quand même quelque chose d'une place en dehors, d'une croyance qu'on verrait au-delà de ce grand manège humain naïf d'espoirs, de projections, de bonheurs, d'espérances, d'affirmation de soi... Il y a quelque chose d'une croyance d'être "à part", et être à part, c'est être seul, mais c'est aussi être le seul, comme un sage sur sa colline, omniscient, qui voit le destin du monde un peu de loin, qui "pardonne" parce qu'ils "ne savent pas ce qu'ils font", ces pauvres humains normaux qui ne se rendent pas compte combien rien ne sert à rien et combien tout est vain, factice.
Il y a là quelque chose d'une toute-puissance, qui vient pourtant répondre- comme pour se sauver - à un profond sentiment d'impuissance, vérifié par les échecs et les pertes diverses et variées, les déceptions. Échecs qui prouvent bien que nous avons quelque chose en moins, qu'il nous manque quelque chose pour pouvoir entrer dans le tissus de la vie, et qui du coup, nous différencie radicalement de tous les autres.
Bref voilà ce qui m'a traversé l'esprit aujourd'hui, je ne sais pas encore quoi en faire. Car si j'ai pu reconnaître cela très distinctement - à postériori en thérapie - dans mes phases dépressives lors de l'adolescence et en tant que jeune adulte, je le vois moins clairement aujourd'hui. Enfin je le vois mais j'ai nettement moins cette espèce de rage, cette espèce de sublimation dans la douleur que j'ai pu avoir plus jeune.
bon c'est tout pour le moment, sais pas si ça fait avancer le schmilblick...
- Alicia
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- Enregistré le : samedi 11 mai 2013 22:33
Vouloir se sentir mal ?
Bonjour membre 5522,
Je tiens sincèrement à te remercier d'avoir créé ce sujet car tu as franchi un pas que je voulais franchir depuis des mois, tu as mis le doigt sur un point sensible, c'est courageux de ta part et je te remercie de l'avoir fait.
Je voulais créer un sujet dont le titre aurait été exactement le même que le tien mais je n'ai jamais osé car j'avais honte de dire que je ne voulais pas aller mieux en pensant être la seule dans ce cas, et en plus de ça le message de ce forum c'est "Espace d'entraide pour lutter contre la dépression", or si on refuse d'aller mieux (consciemment ou inconsciemment d'ailleurs) on fait tout sauf lutter contre la dépression . Bref je voulais juste féliciter ton courage d'en parler.
Personnellement, cette impression de ne pas vouloir se sentir mieux est handicapante car elle m'empêche de bouger, de réagir, de trouver un travail, d'entamer une formation ou de reprendre mes études, choisir un projet d'avenir m'est impossible à partir du principe où je ne veux pas m'en sortir. Et j'ai pas mal de personnes (psys, médecins) qui m'ont dit la même phrase que ta psy: "je ne pourrai pas vous aider si vous ne voulez pas vous en sortir"...
Du coup pour répondre à la question "comment expliquer ce phénomène ?" je répète ce qui a déjà été dit comme la peur du changement et de l'inconnu, l'absence d'espoir, le réconfort du soutien des autres qui pourrait disparaître si on se sent mieux, le manque de confiance en soi etc...
Mais j'ai des pistes personnelles que je voudrais rajouter si ça peut aider quelqu'un.
Je rajouterais l'estime de soi, chez moi il joue un rôle important car souvent je me dis que je mérite de souffrir tellement je me trouve inutile et minable, et lorsque je vais un peu mieux je me sens coupable et fais tout pour me sentir de nouveau mal. Je sais c'est bizarre mais quand on se déteste on s'inflige parfois de la souffrance.
Ensuite j'ai une autre raison, encore personnelle, pour expliquer qu'on ne voudrait pas se sentir mieux c'est quand on sent que la société dans laquelle on vit nous dégoûte, nous répugne, qu'elle ne nous donne pas envie de faire un effort si c'est pour que la routine et le stress rythment nos vies.
Du coup ça m'amène à une dernière hypothèse pour tenter d'expliquer ce phénomène de refus de se sentir mieux, c'est quand on a l'impression que la dépression est un "don". Je m'explique. Depuis que je suis dépressive, j'ai l'impression d'avoir ouvert les yeux sur tout plein de choses, la vision que je portais sur la vie a changé, cette vision est devenue réaliste, c'est comme si la dépression m'a montré les choses telles qu'elles sont, avec tout l'envers du décor. La dépression je l'ai ressenti comme une révélation, une prise de conscience, et si j'accepte de me sentir mieux, je perdrai alors cette notion de réalisme et je retomberai dans l'illusion. Il me semble que c'est un peu ce que dit Zooey (surtout dis-moi si je me trompe): "Il y a quand même quelque chose d'une place en dehors, d'une croyance qu'on verrait au-delà de ce grand manège humain naïfs d'espoirs, de projections, de bonheurs, d'espérances, d'affirmation de soi" et "ces pauvres êtres humains normaux qui ne se rendent pas compte combien rien ne sert à rien et combien tout est vain, factice".
Voilà je voulais juste partager mon témoignage, pardon pour la longueur mais ce sujet m'a beaucoup intéressé, j'espère que tout est clair...
Bonne soirée à tout le monde
Je tiens sincèrement à te remercier d'avoir créé ce sujet car tu as franchi un pas que je voulais franchir depuis des mois, tu as mis le doigt sur un point sensible, c'est courageux de ta part et je te remercie de l'avoir fait.
Je voulais créer un sujet dont le titre aurait été exactement le même que le tien mais je n'ai jamais osé car j'avais honte de dire que je ne voulais pas aller mieux en pensant être la seule dans ce cas, et en plus de ça le message de ce forum c'est "Espace d'entraide pour lutter contre la dépression", or si on refuse d'aller mieux (consciemment ou inconsciemment d'ailleurs) on fait tout sauf lutter contre la dépression . Bref je voulais juste féliciter ton courage d'en parler.
Personnellement, cette impression de ne pas vouloir se sentir mieux est handicapante car elle m'empêche de bouger, de réagir, de trouver un travail, d'entamer une formation ou de reprendre mes études, choisir un projet d'avenir m'est impossible à partir du principe où je ne veux pas m'en sortir. Et j'ai pas mal de personnes (psys, médecins) qui m'ont dit la même phrase que ta psy: "je ne pourrai pas vous aider si vous ne voulez pas vous en sortir"...
Du coup pour répondre à la question "comment expliquer ce phénomène ?" je répète ce qui a déjà été dit comme la peur du changement et de l'inconnu, l'absence d'espoir, le réconfort du soutien des autres qui pourrait disparaître si on se sent mieux, le manque de confiance en soi etc...
Mais j'ai des pistes personnelles que je voudrais rajouter si ça peut aider quelqu'un.
Je rajouterais l'estime de soi, chez moi il joue un rôle important car souvent je me dis que je mérite de souffrir tellement je me trouve inutile et minable, et lorsque je vais un peu mieux je me sens coupable et fais tout pour me sentir de nouveau mal. Je sais c'est bizarre mais quand on se déteste on s'inflige parfois de la souffrance.
Ensuite j'ai une autre raison, encore personnelle, pour expliquer qu'on ne voudrait pas se sentir mieux c'est quand on sent que la société dans laquelle on vit nous dégoûte, nous répugne, qu'elle ne nous donne pas envie de faire un effort si c'est pour que la routine et le stress rythment nos vies.
Du coup ça m'amène à une dernière hypothèse pour tenter d'expliquer ce phénomène de refus de se sentir mieux, c'est quand on a l'impression que la dépression est un "don". Je m'explique. Depuis que je suis dépressive, j'ai l'impression d'avoir ouvert les yeux sur tout plein de choses, la vision que je portais sur la vie a changé, cette vision est devenue réaliste, c'est comme si la dépression m'a montré les choses telles qu'elles sont, avec tout l'envers du décor. La dépression je l'ai ressenti comme une révélation, une prise de conscience, et si j'accepte de me sentir mieux, je perdrai alors cette notion de réalisme et je retomberai dans l'illusion. Il me semble que c'est un peu ce que dit Zooey (surtout dis-moi si je me trompe): "Il y a quand même quelque chose d'une place en dehors, d'une croyance qu'on verrait au-delà de ce grand manège humain naïfs d'espoirs, de projections, de bonheurs, d'espérances, d'affirmation de soi" et "ces pauvres êtres humains normaux qui ne se rendent pas compte combien rien ne sert à rien et combien tout est vain, factice".
Voilà je voulais juste partager mon témoignage, pardon pour la longueur mais ce sujet m'a beaucoup intéressé, j'espère que tout est clair...
Bonne soirée à tout le monde
- Zooey
- Messages : 696
- Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15
Vouloir se sentir mal ?
si si c'est exactement çaIl me semble que c'est un peu ce que dit Zooey (surtout dis-moi si je me trompe)
maintenant je me dis qu'il faut essayer de comprendre pourquoi on veut pas de ce "bonheur factice". Je parlais avec une copine récemment qui est aussi en dépression - enfin en tout cas qui rechute régulièrement. Et on a beaucoup parlé de notre besoin de vérité, de notre incapacité à jouer un rôle, comme avec les collègues au bureau ce genre de choses, dans les fêtes familiales ou autres situations sociales.
Et ça rejoint assez cette culpabilité dont parle membre5522 - car si on a une exigence d'être absolument "vrai" et jamais dans le mensonge, alors comme supporter d'aller mieux - ça ne correspond plus à la situation dans laquelle on est, il y a discordance entre l'humeur et la situation réelle (travaille pas, sort pas, tout ça...). Et quand on va mal, toujours cette question "est-ce que je vais vraiment mal ou est-ce que je joue un rôle, quel bénéfice bizarre je peux bien en tirer ?"
A une époque, j'avais dit à mon psy que j'avais l'impression que je pouvais dire tout et n'importe quoi sur moi, que je savais jamais si c'était vraiment vrai ou pas. Et il m'a dit "mais tout ce qui vient de vous est vrai". C'est à dire que même si on affabule, cela a sa part de vérité. Parce que cela répond toujours à un besoin interne.
Bon bref c'est pas clair dans ma tête, j'ai l'impression que ça me fait avancer en tout cas cette discussion. j'espère que vous aussi
- Alicia
- Messages : 3364
- Enregistré le : samedi 11 mai 2013 22:33
Vouloir se sentir mal ?
Ouf je ne me suis pas trompée...si si c'est exactement ça
Je ne sais pas si cette discussion me fait avancer, mais en tout cas elle me fait sérieusement douter sur le sens de la vie.
Si quand on est en dépression on est triste, et que si on va bien on est dans un bonheur qui n'existe pas vraiment, alors comment faire ?
Je me sens un peu perdue là.
Si pour paraître heureux, et c'est même pas ÊTRE mais PARAÎTRE heureux, il faut jouer un rôle constamment, est-ce que ça vaut vraiment le coup ?...
Jouer un rôle pour faire partie de la normalité, s'intégrer au monde, quel bénéfice pourrions-nous en tirer ? Où est notre bonheur personnel si on suit les règles de la société et faisons semblant d'être heureux ?
On est dans une impasseEt ça rejoint assez cette culpabilité dont parle membre5522 - car si on a une exigence d'être absolument "vrai" et jamais dans le mensonge, alors comme supporter d'aller mieux - ça ne correspond plus à la situation dans laquelle on est
- Zooey
- Messages : 696
- Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15
Vouloir se sentir mal ?
Ben c'est difficile à changer surtout, mais je ne pense pas que ce soit une impasse.
Je n'ai pas dit que le bonheur n'existait pas vraiment. Se sentir heureux, c'est une émotion, les émotions sont toujours vraies.
Même si on les a au mauvais moment, ou qu'on se dissimule leur vraie raison ou je ne sais quoi, elles sont toujours vrai. Elles n'ont pas de logique. On les subit. Le bonheur autant que la tristesse.
L'idée étant que la vérité n'existe pas, tout est relatif. Tout le monde vit dans sa vérité, qu'il partage plus ou moins avec d'autres.
Cela s'appelle la SUBJECTIVITE
Être subjectif, c'est être un sujet, c'est être dans ses pompes, avec ses besoins, ses représentations du monde, c'est être incarné, et écrire son histoire (je parle bcp de ça ces temps-ci car j'y pense bcp dans le cadre de ma thérapie). On parle de sujet et d'objet comme en grammaire : on cherche à devenir le sujet de son histoire, dont l'attitude s'adresse à un objet (une autre personne).
Le fait de se sentir "factice" chez les psychanalyste, cela s'appelle "l'inquiétante étrangeté", c'est plus ou moins le fait de ne pas se reconnaître, de ressentir une discordance entre ce qu'on fait et ce qu'on est, ou ce qu'on croit être et ce qu'on a l'impression de projeter, enfin bref, cette impression d'être "faux". On parle aussi de "faux-self", c'est-à-dire une identité d'emprunt qui permet de se protéger, ou personnalité "as if" (comme si). Ca c'est une identité qu'on construit en fonction de ce qu'on croit que les autres attendent de nous, au lieu de construire notre identité en fonction de nos propres désirs et besoins.
Imaginons juste un instant que les masques que les gens portent, soient tous eux. Qu'aucun n'est faux. Que chacun de ces masques corresponde à une facette de leur identité, des facettes qu'ils présentent à tour de rôle en fonction des situations, pour s'adapter.
Et que c'est ce que nous devons apprendre d'une certaine manière.
On parle aussi en psychanalyse, notamment chez Mélanie Klein, d'objet total et d'objet partiel. L'objet partiel, c'est quand le tout petit nourrisson ne perçoit sa mère qu'en mode "mauvais" (il a faim et elle le prive de son sein - l'objet partiel c'est le "sein mauvais"), ou en mode bon (elle lui donne le sein, il est satisfait, l'objet partiel - l'objet de son désir quoi - est le "bon sein"). A ce stade, le nourrisson ne perçoit pas la différence entre lui et "le sein". Donc si le sein est mauvais, il se sent lui-même mauvais. Et inversement si le sein est bon.
L'objet total, c'est quand le nourrisson arrive à intégrer que le sein est bon ET mauvais et qu'il fait partie d'un tout qui est le corps de sa mère - et que sa mère a une identité, un désir, une volonté propre. Et ensuite à intégrer ces facettes à sa propre identité : je suis à la fois bon et mauvais, et Je suis un sujet autonome de ma mère (le fameux "je est un autre").
Pour satisfaire mes besoins, JE les communique à ma mère, et plus à un morceau d'elle, j'adresse mon désir à la personne qui est ma mère.
Bon tout cela, c'est allégorique bien sûr.
De la même manière, intégrer que les gens peuvent être d'une certaine manière au boulot, et autrement avec leurs amis ou famille, ou en fonction des gens avec qui ils sont en général, c'est accepter l'objet total. Et l'idée donc, c'est que nous, on intègre aussi qu'on puisse être à la fois bon et mauvais, à la fois "professionnel" et "personnel", etc.
Donc en ce sens, il n'y a pas 1 vérité, ni de nous ni des autres, il y a DES vérités. Je ne sais pas si j'explique ça correctement. Je suis en plein dans ce travail psy là donc ça peut vous paraître à côté de la plaque pour vous...
Je n'ai pas dit que le bonheur n'existait pas vraiment. Se sentir heureux, c'est une émotion, les émotions sont toujours vraies.
Même si on les a au mauvais moment, ou qu'on se dissimule leur vraie raison ou je ne sais quoi, elles sont toujours vrai. Elles n'ont pas de logique. On les subit. Le bonheur autant que la tristesse.
L'idée étant que la vérité n'existe pas, tout est relatif. Tout le monde vit dans sa vérité, qu'il partage plus ou moins avec d'autres.
Cela s'appelle la SUBJECTIVITE
Être subjectif, c'est être un sujet, c'est être dans ses pompes, avec ses besoins, ses représentations du monde, c'est être incarné, et écrire son histoire (je parle bcp de ça ces temps-ci car j'y pense bcp dans le cadre de ma thérapie). On parle de sujet et d'objet comme en grammaire : on cherche à devenir le sujet de son histoire, dont l'attitude s'adresse à un objet (une autre personne).
Le fait de se sentir "factice" chez les psychanalyste, cela s'appelle "l'inquiétante étrangeté", c'est plus ou moins le fait de ne pas se reconnaître, de ressentir une discordance entre ce qu'on fait et ce qu'on est, ou ce qu'on croit être et ce qu'on a l'impression de projeter, enfin bref, cette impression d'être "faux". On parle aussi de "faux-self", c'est-à-dire une identité d'emprunt qui permet de se protéger, ou personnalité "as if" (comme si). Ca c'est une identité qu'on construit en fonction de ce qu'on croit que les autres attendent de nous, au lieu de construire notre identité en fonction de nos propres désirs et besoins.
Imaginons juste un instant que les masques que les gens portent, soient tous eux. Qu'aucun n'est faux. Que chacun de ces masques corresponde à une facette de leur identité, des facettes qu'ils présentent à tour de rôle en fonction des situations, pour s'adapter.
Et que c'est ce que nous devons apprendre d'une certaine manière.
On parle aussi en psychanalyse, notamment chez Mélanie Klein, d'objet total et d'objet partiel. L'objet partiel, c'est quand le tout petit nourrisson ne perçoit sa mère qu'en mode "mauvais" (il a faim et elle le prive de son sein - l'objet partiel c'est le "sein mauvais"), ou en mode bon (elle lui donne le sein, il est satisfait, l'objet partiel - l'objet de son désir quoi - est le "bon sein"). A ce stade, le nourrisson ne perçoit pas la différence entre lui et "le sein". Donc si le sein est mauvais, il se sent lui-même mauvais. Et inversement si le sein est bon.
L'objet total, c'est quand le nourrisson arrive à intégrer que le sein est bon ET mauvais et qu'il fait partie d'un tout qui est le corps de sa mère - et que sa mère a une identité, un désir, une volonté propre. Et ensuite à intégrer ces facettes à sa propre identité : je suis à la fois bon et mauvais, et Je suis un sujet autonome de ma mère (le fameux "je est un autre").
Pour satisfaire mes besoins, JE les communique à ma mère, et plus à un morceau d'elle, j'adresse mon désir à la personne qui est ma mère.
Bon tout cela, c'est allégorique bien sûr.
De la même manière, intégrer que les gens peuvent être d'une certaine manière au boulot, et autrement avec leurs amis ou famille, ou en fonction des gens avec qui ils sont en général, c'est accepter l'objet total. Et l'idée donc, c'est que nous, on intègre aussi qu'on puisse être à la fois bon et mauvais, à la fois "professionnel" et "personnel", etc.
Donc en ce sens, il n'y a pas 1 vérité, ni de nous ni des autres, il y a DES vérités. Je ne sais pas si j'explique ça correctement. Je suis en plein dans ce travail psy là donc ça peut vous paraître à côté de la plaque pour vous...
- Alicia
- Messages : 3364
- Enregistré le : samedi 11 mai 2013 22:33
Vouloir se sentir mal ?
Dis-donc c'est un vrai travail de réflexion que tu fais en psychanalyse...
J'en suis pas du tout à ce stade, désolée mais je crois que mes capacités de concentrations s'arrêtent là, j'essaie tant bien que mal de relire ton explication, mais je comprends pas... Ou si peut-être que chacun à sa propre vérité
C'est dommage j'aimerais bien te répondre mais... J'y arrive vraiment pas.
J'en suis pas du tout à ce stade, désolée mais je crois que mes capacités de concentrations s'arrêtent là, j'essaie tant bien que mal de relire ton explication, mais je comprends pas... Ou si peut-être que chacun à sa propre vérité
C'est dommage j'aimerais bien te répondre mais... J'y arrive vraiment pas.
- Zooey
- Messages : 696
- Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15
Vouloir se sentir mal ?
t"inquiètes c'est pas comme si j'avais pondu ça en deux secondes ça m'a pris ché pas combien de temps à corriger et refaire des paragraphes et tout et ça reste incompréhensible ou illisible ou les deux
c'est pas grave
c'est pas grave
- Alicia
- Messages : 3364
- Enregistré le : samedi 11 mai 2013 22:33
Vouloir se sentir mal ?
Justement tu t'es donné du mal à faire ce message, j'espère que quelqu'un d'autre te répondra
- Zooey
- Messages : 696
- Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15
Vouloir se sentir mal ?
non non vraiment c'est pas grave, c'est ma nature de me prendre la tête
- membre5522
- Messages : 2346
- Enregistré le : lundi 30 juin 2014 21:33
Vouloir se sentir mal ?
Je crois avoir compris plus ou moins, mais c'est vrai que ce n'est pas facile.
Le problème est-il réellement la recherche de la(ou des) vérité(s)? Avoir différentes facette de sa personnalité, c'est une chose, mais pour ne pas aggraver les choses, on (enfin, je dis "on", mais je parle de ma propre expérience) est obligé de jouer un rôle qui ne correspond pas à nos sentiments. Sinon les gens en ont marre, et nous fuient, tout simplement.
Lorsque je "vais" bien, mais que je veux me sentir mal, je ne me sens pas vraiment bien, c'est juste une impression, comme si quelqu'un avait caché un trou béant sous un amas de feuilles, et que moi en arrivant je me disait "c'est bizarre, je suis persuadé qu'il y a un trou là, mais je ne le vois pas".
C'est presque un manque, un sentiment que quelque chose ne va pas. Quand j'analyse ma situation et que je la compare avec mes aspirations, mes valeurs et mes rêves, j'en suis infiniment loin.
Enfin, je suis sûrement aussi incompréhensible que toi, là, je ne sais même plus où je voulais en venir.
Bref !
Par contre un peu plus haut j'ai vu que ça parlait de se sentir extérieur au monde, plus clairvoyant. Je ressent ça beaucoup aussi. J'ai l'impression de connaître les grandes lignes de mon avenir. Parce que je réfléchis beaucoup sur moi-même, que je sais ce dont je suis capable, et ce dont je ne suis pas capable(ou j'en ai l'impression). Par exemple, pour l'école, l'année dernière la première semaine de cours je me suis dit "bon sang, je suis fatigué, je m'ennuie, comment j'ai fait l'année précédent? A coup sûr je ne finirai jamais l'année". Et à la moitié de l'année scolaire, je me fais hospitaliser, et j'abandonne mon année. Cette année je me dis pareil. On verra bien ce que ça donnera.
Et des situations comme ça, il y en a plein. Mais je suis conscient que c'est certainement une boucle, un cercle vicieux: Plus je me dis en commençant que je n'y arriverai jamais, plus j'abandonne vite, ce qui me conforte dans l'idée que je n'en suis pas capable. Mais en même temps, il a bien fallu que ça commence quelque part. A une époque je croyais en moi, et au final j'ai quand même échoué. Alors à quoi bon me faire de faux espoirs? Je n'en ressort que plus déçu.
En tout cas je suis content que ce topic soit utile à certaines personnes.
Le problème est-il réellement la recherche de la(ou des) vérité(s)? Avoir différentes facette de sa personnalité, c'est une chose, mais pour ne pas aggraver les choses, on (enfin, je dis "on", mais je parle de ma propre expérience) est obligé de jouer un rôle qui ne correspond pas à nos sentiments. Sinon les gens en ont marre, et nous fuient, tout simplement.
Lorsque je "vais" bien, mais que je veux me sentir mal, je ne me sens pas vraiment bien, c'est juste une impression, comme si quelqu'un avait caché un trou béant sous un amas de feuilles, et que moi en arrivant je me disait "c'est bizarre, je suis persuadé qu'il y a un trou là, mais je ne le vois pas".
C'est presque un manque, un sentiment que quelque chose ne va pas. Quand j'analyse ma situation et que je la compare avec mes aspirations, mes valeurs et mes rêves, j'en suis infiniment loin.
Enfin, je suis sûrement aussi incompréhensible que toi, là, je ne sais même plus où je voulais en venir.
Bref !
Par contre un peu plus haut j'ai vu que ça parlait de se sentir extérieur au monde, plus clairvoyant. Je ressent ça beaucoup aussi. J'ai l'impression de connaître les grandes lignes de mon avenir. Parce que je réfléchis beaucoup sur moi-même, que je sais ce dont je suis capable, et ce dont je ne suis pas capable(ou j'en ai l'impression). Par exemple, pour l'école, l'année dernière la première semaine de cours je me suis dit "bon sang, je suis fatigué, je m'ennuie, comment j'ai fait l'année précédent? A coup sûr je ne finirai jamais l'année". Et à la moitié de l'année scolaire, je me fais hospitaliser, et j'abandonne mon année. Cette année je me dis pareil. On verra bien ce que ça donnera.
Et des situations comme ça, il y en a plein. Mais je suis conscient que c'est certainement une boucle, un cercle vicieux: Plus je me dis en commençant que je n'y arriverai jamais, plus j'abandonne vite, ce qui me conforte dans l'idée que je n'en suis pas capable. Mais en même temps, il a bien fallu que ça commence quelque part. A une époque je croyais en moi, et au final j'ai quand même échoué. Alors à quoi bon me faire de faux espoirs? Je n'en ressort que plus déçu.
En tout cas je suis content que ce topic soit utile à certaines personnes.
- Zooey
- Messages : 696
- Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 13:15
Vouloir se sentir mal ?
J'ai l'impression que cet aspect "clairvoyance" on s'y retrouve tous plus ou moins
Par rapport à ce que tu dis sur "je sais ce dont je suis capable et ce dont je suis pas capable"- en gros, je sais comment ça va se passer...
Je suis pareille, même si j'essaie de me dire "laissons sa chance au hasard de la vie", et "on ne sait jamais" (je me le dis bcp ça), vu le nombre d'échecs...
Dû à MON comportement, retour d'angoisse, incapacité du coup à maintenir un emploi ou des engagements.... donc vaut mieux pas s'engager...
Dans les relations sociales c'est pareil, j'essaie de dire aux gens comment je suis, que je sais comment je suis, comme si ça allait me protéger de le dire avant qu'ils ne le pensent (vu que je suis persuadée qu'ils vont finir par le penser), comme si j'avais besoin qu'ils sachent que je sais pour... ben je sais pas trop pourquoi, pour me protéger c'est tout ce qui me vient à l'esprit.
Et dans la vie donc pareil, quelque part, savoir AVANT, anticiper, c'est me prémunir contre une déception et l'écroulement. enfin sauf que je m'écroule quand même à chaque fois.
Je me dis que ça a peut être à voir avec le fait de vouloir garder le contrôle ?? Le contrôle de ce que les autres pensent de moi, le contrôle de la situation ?
Par rapport à ce que tu dis sur "je sais ce dont je suis capable et ce dont je suis pas capable"- en gros, je sais comment ça va se passer...
Je suis pareille, même si j'essaie de me dire "laissons sa chance au hasard de la vie", et "on ne sait jamais" (je me le dis bcp ça), vu le nombre d'échecs...
Dû à MON comportement, retour d'angoisse, incapacité du coup à maintenir un emploi ou des engagements.... donc vaut mieux pas s'engager...
Dans les relations sociales c'est pareil, j'essaie de dire aux gens comment je suis, que je sais comment je suis, comme si ça allait me protéger de le dire avant qu'ils ne le pensent (vu que je suis persuadée qu'ils vont finir par le penser), comme si j'avais besoin qu'ils sachent que je sais pour... ben je sais pas trop pourquoi, pour me protéger c'est tout ce qui me vient à l'esprit.
Et dans la vie donc pareil, quelque part, savoir AVANT, anticiper, c'est me prémunir contre une déception et l'écroulement. enfin sauf que je m'écroule quand même à chaque fois.
Je me dis que ça a peut être à voir avec le fait de vouloir garder le contrôle ?? Le contrôle de ce que les autres pensent de moi, le contrôle de la situation ?
- Suricat
- Messages : 1651
- Enregistré le : lundi 07 octobre 2013 12:38
Vouloir se sentir mal ?
Pas du tout, au contraire même.Zooey a écrit :J'ai l'impression que cet aspect "clairvoyance" on s'y retrouve tous plus ou moins
Pas assez en forme pour développer longuement, je vais essayer 3 phrases.
En phases mixtes (suis bipolaire) j'ai très clairement ce sentiment de tout comprendre d'un coup, d'être hyper lucide sur le monde extérieur, d'être dans le vrai, d'avoir comme une révélation que les autres n'ont pas... Et puis un jour la phase mixte cesse, assez souvent en laissant place à une phase dépressive, et j'en vient à avoir honte d'avoir pu penser comme ça, parce que non, même si sur le moment (pendant le mixte) je ne peux pas remettre en cause ma "prise de conscience" étant donné que ça me semble tellement... évident... vrai... quand j'en sors je me prends vraiment une claque. Pendant mes phases dépressives à "l'inverse" je suis persuadée que c'est moi et moi seule qui ai un problème qui suis nulle et feignasse, un boulet etc. Je ne vois plus le monde extérieur.
Ce que je veux dire par là c'est que la dépression (et encore pire les états mixtes) font voir la vie au travers d'un prisme/miroir déformant. Cette impression de voir la réalité, est-elle vraie ? Toujours ? Sur tous les sujets ? Ou est-ce la maladie que s'exprime ?
Dans la "vraie vie" (j'entends sans dépression) on voit aussi la vie avec une certaine déformation. Quand on est amoureux c'est une autre déformation. Quand on vient de perdre quelqu'un on déforme aussi en pensant ne jamais s'en remettre et que plein de choses n'ont plus d'importance. Pour le dernier je le rapprocherais pas mal de la dépression sauf que c'est un état normal et qu'on ne "veut" pas rester mal (du moins pas vers la fin du processus du deuil, sauf ceux qui longent en dépression évidemment).
Ce que je veux dire c'est que je pense que notre "réalité" est fonction de notre état psychique. Personnellement je préférerai voir la vie avec la déformation de "sans dépression/état stable" même si ce n'est pas exactement la réalité, plutôt que le filtre "dépression" qui me semble-t-il ne reflète pas non plus la réalité.
Voilà. C'est pas si court finalement...
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