L'addiction aux jeux vidéos j'ai connu ça aussi, quand j'étais gamin, je parle d'un vrai gamin. J'ai 18 ans et je sais que ceux de quarante ans me considèrent comme un gamin.
En revanche, de cette vieille petite addiction je n'en suis pas moi même à l'origine, quelqu'un m'y a poussé. Quand j'étais enfant, toute parole de mes parents étaient une réalité, tout ce qu'ils disent était vrai, je n'avais pas de sens critique.
Mon père m'a stimulé depuis gamin avec les voitures, avec le monde de la compétition automobile, et les jeux vidéos qui vont avec. A quatre ans, je commençais avec mon premier jeu de course, intitulé Master Rallye, un jeu de SUV ou 4x4 de rallye édité par Microids. Mon père me disait qu'au début je n'arrivais même pas à finir une course. Puis j'ai commencé à les finir, à me battre avec mes concurents, et rapidement je commençais à gagner, toujours gagner, avec toujours plus d'avance sur mes adversaires qu'était l'IA.
Avancer toujours plus, terminer les jeux, de toutes les disciplines. Le jeu suivant a été Open Kart, ou tout jeune j'avais déjà un pilotage très propre dans le jeu. S'enchainait avec Toca Race Driver 2, là c'était du sérieux, un des jeux de course sur piste les plus difficiles au monde, à difficulté progressive. La dernière course était face à une IA complètement cheatée, la bagnole nous traçait constamment. Mon père seul était capable de la réussir, mais pas sans valdinguer l'adversaire dans le bac à sable dès le début de la course.
Un jour, je réussi enfin.
Mon père me poussait à jouer, EN PLACE me disait t-il après les devoirs. Oui, à l'école primaire on travaillait 5 à 6 heures par jour chez mon père, il nous gavait de bouffe comme des oies à en péter et il fallait obligatoirement finir l'assiète, ainsi que jouer tout les jours. Il me poussait à gagner absolument TOUT, même le plus dur, la carrière de Xpand Rallye Extreme fut particulièrement difficile par moment. Il me défiait aussi, tout jeune j'avais déjà son niveau tellement il me poussait à mon maximum. Autant dire, qu'avec le temps qui passait, je finissait par le laisser bouche bée tellement je le battais, et pourtant pour vous dire, que même si mon pilotage était encore un peu brouillon, dès le collège il me disait "toi c'est sûr, t'es dans les 20 meilleurs joueurs au monde".
Mais comme avec lui seul la première place importait, il jouait tout le temps avec mes nerfs dès que un coup de fatigue arrivait, ou je faisais des erreurs de pilotages, ou encore lorsque je finissais deuxième. "Il faut savoir laisser sa place aux autres quand on a plus le niveau" me disait t-il.
Au fur et à mesure que le temps passait, j'atteignais presque les limites que pouvaient offrir le jeu, je m'approchais toujours plus du parfait, mais je m'améliorait encore et encore.
Il me faisait mesurer à mes anciens records des années passées, parfois même avec un handicap, je battais toujours celui que j'étais un an auparavant. "Maintenant tu es parmi les 10 meilleurs au monde c'est sûr". D'après la description de la difficulté sur certains jeux, la difficulté maximale correspondait aux joueurs de classe mondiale, et j'y arrivait quand même, petit à petit, et je gagnais même à ce niveau incroyablement élevé.
Il me confiait parfois être ébahi à me regarder conduire sur un jeu vidéo avec mon frère, "Tu vas si vite, si proche des limites, on se demande comment tu fais, j'ai cru que tu allait te prendre les poteaux et les arbres, mais tu ne faisait que les frôler". Mon frère me disait "Tu fais des mouvements avec la tête vers l'avant, un peu comme si tu accompagnais la voiture, mais surtout comme si tu voulais la faire aller encore plus vite".
"Parmi les 3 meilleurs au monde" papa me disait une dernière fois. Quand j'y repense, c'est abstrait, c'est n'importe quoi, oui sur certains jeu j'étais et je suis d'une classe mondiale encore aujourd'hui, mais bon, quoi ? Ca m'apportait quoi à part la lassitude de toujours gagner, ou la frustration ?
A l'époque ou Sébastien Loeb gagnait les rallyes les uns après les autres, il me disait que peut être je suis comme lui. Je ne le croyais pas. Et il me répondait que Loeb non plus ne l'aurait pas cru.
Quand un jour, mon père m'appela, il avait quelque chose à me confier. Avec hésitation, il me déclara : "Si je te fais faire ça depuis tout ce temps, c'était pour développer en toi un esprit de compétition" dans le sens por écraser tout le monde à l'école. En effet j'étais une tête de classe à l'époque du collège.
Imaginez l'effet que ça pouvait faire d'apprendre ça. J'ai ignoré ce qu'il m'a dit sur le moment, mais il avait un sentiment de culpabilité. Normal, il m'avait juste transformé en une machine à écraser les autres autour de moi, à toujours en vouloir plus. Heureusement cela n'a pas eut de répercution trop grave dans ma vie sociale, mis à part qu'on m'appelait M.Jesaistout à l'école primaire mais en même temps ça attirait l'admiration des filles, jusqu'à être considéré comme un intello au collège. Je l'ai mal vécu, mais j'avais de bons amis, que je fréquente toujours, sauf un que j'ai perdu récemment. A l'école primaire j'attirais aussi les filles car dès mon entrée au CP, j'étais déjà le troisième plus rapide au sprint de mon école comptant du CP au CE2 (oui à 6-7 ans je battais des gars de 9-10 ans), sachant que j'ai gagné les 5 années de suite jusqu'au CM2 la course de sprint en 3 rounds de fin d'année. Autant vous dire que mon père était excessivement fier d'avoir le fils le plus rapide de l'école.
Aujourd'hui, j'ai beau être très doué aux jeux de voitures de manière générale sans être spécialisé dans un jeu en particulier, j'ai mes faiblesses dans certains jeux (comme Trackmania ou je suis environ 2700ème mondial sur 11 millions plus ou moins, ce qui est franchement bien, mais ça m'indiffère, j'y suis parce que j'y suis mais je n'ai pas cherché à être le plus fort, je m'en moque un peu comme dans tous les jeux aujourd'hui).
J'en parle simplement comme des faits, je n'en suis en rien fier, je le dis sérieusement. J'énonce tout ça pour expliquer le contexte, mais franchement cela ne m'apporte rien, et c'est que je ne me sens en rien supérieur dans ce domaine, je ne suis en rien fier vraiment, je ne le vante jamais, même j'ai l'habitude d'éviter dans parler. Aujourd'hui ça me fait plutôt ch... comme on me voit comme super doué là dedans, alors que ça ne sert à rien, et que mes amis attendent beaucoup de moi quand on joue en ligne, et quand ça va moins bien on me dit "ben alors qu'est-ce qu'il t'arrive ?". Heureusement, il y a plus fort que moi, tant mieux, ceux qui gagnent sont souvent vu comme des assoifés de victoires, ce n'est pas mon cas. Mais tout le monde a le droit d'épprouver un peu de joie quand on réussi quelque chose, ça s'appelle être humain.
Ne cherchez pas à être le plus fort, la quête de force amène son lot de frustration et on s'amuse souvent moins que les autres.
PS: Les citations que je fais c'est pas du mot à mot, j'ai fait des phrases énonçant ce que l'on me disait très approximativement, mais surtout avec le ressenti que l'on me donnait, mais toutes ces paroles ont été dites venant de mon père et mon frère.
Aujourd'hui je ne joue que de temps en temps aux jeux vidéos, je ne ressens plus aucun manque, la compétition m'indiffère en comparaison à l'état d'esprit inculqué par mon père à l'époque, mais il reste quelques petites traces. Aujourd'hui, mon père est absent dans ma vie, il se fout de moi, ne cherche plus à nous voir mon frère et moi, mais ça c'est un autre sujet. Pour ceux qui ont tenu, je vous remercie sincèrement de m'avoir lu
Aujourd'hui j'ai choisi qui je voulais être, vers quel état d'esprit je veux tendre, celui d'être modeste, celui qui ne veut pas chercher l'admiration des autres, mais juste de faire les choses de bon coeur, et de faire ce que j'aime. Ecrire ça m'a fait oublier mon ex un moment, tant mieux
Je suis désolé si je n'ai pas réussi à parfaitement expliquer tout ça, mon état actuel me donne beaucoup de difficultés à être clair. :/