Je suis en dépression sévère depuis 2009. Au tout début de la maladie, j'ai perdu 4 kg assez rapidement bien qu'étant sous antidépresseurs. Dans mon malheur, j'étais ravie de cette perte de poids, même infime, car je suis en surpoids (raisonnable) depuis ma dernière grossesse il y a 22 ans.
Puis en 2011,la maladie a pris de l'ampleur au point d'être hospitalisée pendant 2 mois. Et c'est là que mes problèmes de poids ont commencé réellement. Mon traitement à d'abord été modifié complètement par le psychiatre. Il a changé mes antidépresseurs, ajouté des somnifères et des antipsychotiques. En à peine une semaine, j'avais déjà pris 2 kg. Mais je m'en fichais royalement. J'étais dans tel état d'auto-destruction que ça m'était complètement égal. Le médecin généraliste de la clinique m'a proposé de me mettre un peu au régime. J'ai décliné en lui rétorquant que j'avais pour l'instant d'autres chats à fouetter, que je ne pouvais pas mener deux combats en même temps, et que par conséquent je verrai en temps voulu. La prise de poids était le cadet de mes soucis.
A la sortie de la clinique, j'avais pris 3 kg seulement. Mais j'ai continué à prendre régulièrement du poids : 500g par ci, 500g par là. Mais je m'en fichais toujours. Et il y a 5 ans, mon médecin traitant m'a assuré que lorsque j'arrêterais de prendre les somnifères et les antipsychotiques, je perdrais facilement 5 kg. Lorsque fut venu le moment de les arrêter, bien évidemment je n'ai perdu aucun kg. Pas même un gramme ! Mais bon, je n'étais pas inquiète puisqu'il me disait que c'était normal. Il a donc commencé à réduire le dosage des antidépresseurs. Mais là, rien non plus. Bien au contraire, je continuais à prendre du poids.
A vrai dire, je ne savais plus trop quoi penser. Prise de poids à cause du traitement ou de la pré-menaupause, ou bien à cause des deux. Mais bon, malgré ma prise de poids, ce n'était toujours pas ma priorité. Chaque chose en son temps, un problème à la fois.
J'ai aujourd'hui pris en tout 12kg en 8 ans. Alors vous allez me dire ce n'est pas grand chose. Mais pour moi si, parce que maintenant, je ne rentre plus dans mes vêtements, mon corps a changé, le reflet que me renvoie les vitres, miroirs et vitrines me dégoûte. J'ai atteint, à quelques centaines de grammes près, le poids que je n'espérais jamais atteindre. Ça m'était inimaginable et pourtant.
L'été dernier, j'avais perdu 3 kg en un mois sans rien faire de particulier si ce n'est de promener la chienne de mon fils. Mais étant de nouveau au plus mal, je me réfugie à nouveau au fond de mon lit, n'en sors difficilement qu'au bout de 13, voire 14h de sommeil, pour ensuite me calfeutrer dans mon canapé et attendre que le temps passe. Je n'ai aucune activité physique mais surtout n'en ai pas la motivation, ou plutôt n'en ai pas la force. Ça me paraît tellement insurmontable.
J'ai bien conscience qu'il faut que je fasse quelque chose mais j'ai la certitude que toute entreprise (diététicienne, activité physique,...) serait vouée à l'échec, c'est un peu comme essayer de franchir un mur de plusieurs centaines de mètres de hauteur.
Cette prise de poids accroît encore plus mon mal-être, me culpabilise encore plus, fait que je m'auto-dévalue encore plus. J'ai l'impression d'être devenue une véritable loque, qui ne s'habille plus (à quoi bon puisque je ne sors quasiment pas de chez moi), et qui se lave tout juste.
Je suis vraiment pas bien. J'ai conscience d'avoir une alimentation complètement déséquilibrée mais je n'ai pas la force de corriger ça. Je mange très mal au petit-déjeuner (des viennoiseries de supermarché avec un thé), pas de repas le midi puisque je me suis levée très tard et que je n'ai pas faim. J'avale une pomme ou une banane en guise de goûter et encore quand j'y pense. Le soir, mon repas est simple et je n'ai pas spécialement faim. C'est mon mari qui fait les repas depuis 5 ans parce que je n'arrive plus à cuisiner, même un œuf sur le plat. Alors il fait aûplus'simple. Mon seul vrai repas est le petit-déjeuner mais calorique. Ajouté a un manque d'activité quotidienne et des médicaments qui font grossir, ça n'arrange pas les choses.
Je me trouve obèse même si mon mari et mes enfants m'affirment le contraire. Ils me trouvent un peu ronde, un peu enveloppée mais que ce n'est pas moche. Et pourtant, je me trouve moche. Je ne m'aime pas, je me dégoûte,même. J'ai un joli visage mais le reste du corps ne suit pas.

Y a-t-il une solution quand on a le goût à rien, l'absence de motivation totale ? Est-ce que celles et ceux qui sont sortis de la dépression ont retrouvé leur poids de forme à l'arrêt de leur traitement ? Est-ce que ce que je vis/ressens est "normal" ? Vivez-vous ou avez-vous vécu la même chose que moi ? Rassurez-moi, aidez-moi svp !!!

Pour info, je fais 1,57m pour 98,7 kg maintenant

Un grand merci de m'avoir lue jusqu'aux bout et ai hâte d'avoir vos retours.