Bonjour,
Si je puis me permettre, je crois que tu peux parler ici de ce que tu ressens, sans être jugée, c’est le but du forum à mon sens, en tous cas c’est ce que j’y trouve depuis que j’y suis et j’espère que ça durera
Oui, j’ai carrément très souvent des pensées très morbides. Depuis que ma dépression a commencé, j’ai eu de plus en plus d’idées suicidaires, jusqu’à un pic depuis lequel ça m’arrive très régulièrement d’avoir des pensées morbides qui viennent me faire coucou. Soit que je suis d’humeur dépressive et donc je songe tout naturellement à mourir ; soit je suis pas spécialement d’humeur dépressive, mais ça arrive parfois que j’ai une idée morbide qui pop de manière totalement random (par exemple, TW suicide, parfois j’ai une humeur pas spécialement au fond du trou, mais je vois un bus passer et j’imagine qu’il m’écrase, bim, comme ça, gratos). Ce sont des idées que se sont installées et qui font maintenant pleinement partie de ma vie.
Quant à nous briser le moral, ne t’en fais pas, il est déjà au plus bas =P Et puis, moi, ça me fait plus mal de ne pas parler de suicide que d’en parler ^^
Pour moi, c’est pas forcément typique de la dépression dans le sens où je pense qu’on peut avoir une dépression sans idées suicidaires, mais à mon avis c’est extrêmement courant dans la dépression, quand on est traumat', qu’on va mal, qu’on souffre, oui, on finit par vouloir mourir, et les idées morbides s’installent et viennent nous faire des coucous de temps en temps, comme ça.
Je te rejoins concernant les psy, beaucoup sont surprenamment mal formé·e·s sur le sujet. Le suicide reste un sujet extrêmement tabou dans notre société actuelle (à mon immense dam), y compris bizarrement chez les médecins. Personnellement, je m’en sors mieux en en parlant avec d’autres personnes suicidaires : elles comprennent, on se sent moins seul·e, ça soulage.
Pour lutter contre les pensées morbides, j’utilise différentes choses, qui ne les ont pour le moment pas du tout éliminées, mais si ça peut aider…
Déjà, en partie, je ne lutte pas justement. J’accepte que je suis en dépression suicidaire et que donc c’est logique d’avoir ces pensées. C’est ni grave (dans un certain sens, je vais expliquer), ni anormal, ni mal. Ça ne veut pas dire que je vais forcément passer à l’acte, ni que j’ai fait quelque chose de mal, ni que je subis une punition. J’ai vécu un traumatisme, j’ai souffert, j’ai logiquement eu envie de mourir et maintenant je pense à la mort bien plus que la moyenne. Bon, ces pensées sont là, elles s’expliquent par mon état. J’ai pas commis de faute.
Ensuite, soit je les explore. Après tout, ce ne sont pas forcément des ennemies. Comme je viens de le dire, elles sont seulement le résultat de ma souffrance. Je peux les observer et les écouter, non pas pour passer à l’acte, mais pour faire une introspection. Pourquoi j’ai ces pensées ? Pourquoi celles-là ? Pourquoi maintenant ? Qu’est-ce qui les déclenche ? Qu’est-ce que je fais pendant ? Qu’est-ce que je ressens ? Quelle forme elles prennent ? Etc. Comme un·e naturaliste, je les observe, je les étudie, pour essayer de les comprendre. Et rien qu’en faisant ça, elles font un peu moins peur.
Après, soit je peux décider d’une hiérarchie entre moi et mes pensées. Qui commande ? Je choisis que c’est moi. Donc je note que mes pensées sont là, je leur dis stop, c’est pas le moment, j’ai bien noté que vous êtes là, rangez-vous dans la salle d’attente, je vais venir voir ce que vous essayez de me dire et quel besoin sous-jacent vous venez me soulever. Quand je suis dans une grosse crise dépressive et que je pense à la mort avec insistance, je m’allonge dans un endroit safe, j’éloigne de moi tout objet dangereux et je me laisse pleurer pour faire passer la crise. Quand je ne suis pas en crise et que j’ai juste une pensée morbide qui pop random, je fronce les sourcils, je dis ouhla, eh oh, t’es en train de penser à te flinguer là, qu’est-ce qui va pas ? Est-ce que t’es triste, en colère, t’as peur ? Si oui, pourquoi ? Qu’est-ce qui te ferai du bien ? Bref, je prends note que là, mon corps, par l’intermédiaire d’une pensée morbide, m’envoie un message d’alerte que quelque chose ne va pas et que je dois m’occuper de moi. J’essaie de me recentrer, par exemple si je regarde les rails et que j’imagine me jeter sous le train, je m’arrête, je regarde autour de moi, je me dis ok, non, on va pas faire ça maintenant, bref, j’essaie de rationnaliser au max. Après, parfois, je note juste que j’ai une pensée morbide et j’ai pitié pour moi et alors je me laisse pleurer et être triste pour moi de vouloir me tuer et je m’autoconsole un peu.
Voilà un peu tout ce que j’ai en stock, mais pour moi, mes pensées morbides ne s’en iront qu’avec ma dépression, qui s’en ira quand ma situation s’améliorera.