Ménaupose précose, nullipare et nulle partout

[acacia]

Bonjour,

J'écris dans cette rubrique mais ça aurait très bien pu être dans un autre salon tant je traine de casseroles. Mais ce qui m'amène précisément ici aujourd'hui c'est ma profonde tristesse à l'idée que je n'aurai pas d'enfant.

J'ai 41 ans et ma mère a été ménopause très tôt autour des 45 ans. Je pense que j'en prends le chemin au vue des bouffées de chaleur et de ma peau qui change. Plus jeune, je n'en voulais pas car je trouvais que des enfants c'était trop de travail et trop de responsabilité. Je pensais que je pouvais être une bonne mère mais je me disais que ce rôle ne me rendrait pas heureuse. Puis, je me suis mariée et j'ai eu 31/32 ans et là j'en voulais un plus que tout au monde. Je me souviens encore en 2016/2017 que je dépensais des fortunes en test de grossesse chaque mois. Depuis, je me suis jurée de plus jamais en acheter.

Je ne sais pas si j'arriverai un jour à l'accepter et à vivre en paix avec.

J'ai de l'endométriose, j'ai été opéré en 2020 en plein COVID mais ça n'a rien donné. J'ai également une maladie auto-immune, la thyroïdite d'Hashimoto qui m'a fait prendre des dizaine de kilos : une errance médicale qui a duré de 4 ans avant d'avoir un diagnostic en 2017. Comme je traine des TCA depuis l'adolescence, je n'arrive pas à perdre ce poids et je suis donc obèse aujourd'hui. J'ai également une insuffisance ovarienne... et j'en passe.

J'ai essayé des tonnes d'approches : Psychologie positive, Psychiatre, Naturopathe, Somatologue, Hypnose, Accuponcteur, Hijama, Shia tsu, Kobido, Yoga, Méditation, Linecoaching, Nutritionniste, Phyto aroma thérapie, Art thérapie, Sport Sophrologie et la liste est non exhaustive.

Il n'y a que le sucre, mon chat et mes nièces qui m'apportent du réconfort. Je fais des rêves très douloureux ou je trouve un nourrisson que je perds dans les draps de mon lit ou qui m'est enlevé par quelqu'un qui me dit que ce n'est pas le mien. Je n'ai toujours pas guéri psychologiquement de la grossesse extra utérine que j'ai eu en 2019 dont je n' ai pas parlé à ma famille et plus spécifiquement à ma mère qui faisait des fausses couches à répétition. Elle a elle-même souffert de dépression et est bipolaire. Je ne peux pas compter sur elle pour du réconfort. De plus pourquoi la faire replonger dans des souvenirs douloureux? Elle ne saurait même pas me consoler.

J'ai perdu beaucoup d'amies au passage; cette épreuve m'a fait faire le ménage autour moi et le tri entre les personnes pour qui j'étais un passe temps et ceux qui étaient sincèrement là à mes cotés. Mais ça isole. On est à part lors des événements familiaux, on est questionné, on se sent pas à l'aise quand les conversation tourne autour des enfants. On vit à contretemps des vacances scolaires comme des éternels adolescents. Ca m'est arrivé de refuser des invitations et de prendre de la distance avec des amies qui étaient enceintes ou allaitantes car j'avais peur de fondre en larme devant elles à la simple vue de leur bébé. La stérilité c'est moi moche et ça rend moche, on devient envieuse même si ça n'est pas dans sa nature; je m'en voulais de ne pas être capable de me réjouir pour le bonheur de mes amies mais au bout de tant d'année à espérer ça m'était devenu insupportable.
Aujourd'hui je pense que je leur fais pitié et c'est ça le plus insupportable.

La vie de couple n'est pas mieux, ça jette un froid et ça fait naitre la crainte du rejet. On se sent une moins que rien entre impossibilité de donner la vie et obésité. Je me demande tous les jours pourquoi il reste avec moi, je ne lui en voudrais même pas de me quitter, lui n'a pas de pb de stérilité. On a qu'une vie et avoir des enfants quand on peut en avoir c'est un des plaisirs de la vie. Je ne comprends pas pourquoi il se prive de ça et reste avec moi. Je me dis qu'il ne doit pas tant avoir envie d'en avoir tout compte fait... Coté vie sexuelle, c'est pas fou. Cette maladie auto-immune affecte mes hormones et du coup ma libido est à terre, sans compter que l'obésité dégrade la confiance en soi et l'estime. Mais j'essaie d'entretenir la flamme au prix d'efforts conscients qui me demande de l'énergie.

En temps normal, je suis une bourreau de travail car on a rien inventé de mieux pour fuir sa vie privée qui va mal. De plus le succès professionnel quand on est une femme sans enfant, c'est facile et très valorisant. Sauf, qu'à la quarantaine quand on fait le bilan de sa vie ça ne suffit plus. J'ai quitté mon dernier emploi car je subissais de l'harcèlement moral. Donc, je suis seule toute la journée avec moi-même et mes pensées négatives qui me poussent vers le frigo. C'est la solution de facilité. Je suis tentée de reprendre vite un nouveau boulot pour m'occuper mais une partie de moi me dit que ce n'est pas la bonne solution. Je ferai mieux de prendre un peu soin de moi et soigner ma dépression et mes TCA avant de repartir bille en tête.

A coté de ça, j'avais le projet d'adopter à l'étranger mais mon mari était pas trop pour et je ne voulais pas me lancer dans ce projet si on était pas emballé tous les deux donc c'est resté en suspend. J'estime que devenir parent via l'adoption c'est une démarche qu'il faut faire à deux car c'est une vraie responsabilité, un engagement qui se prend en couple. Je refuse de le pousser sur cette voie s'il n'est pas à l'aise avec cette idée.
C'est long, contraignant, couteux, ça nécessite de se déplacer et d'être disponible et organisé... bref, je ne me sens pas capable de le porter seule. Une adoption quand on est marié, ça se porte à deux.

Pour nourrir mon besoin de materner et de transmettre, je suis bénévole dans une association depuis 2018 qui vient en aide aux élèves en difficultés pour le soutien scolaire et l'orientation. Ca me vide la tête car quand j'y suis j'ai l'impression d'être à ma place.
Mais chaque mois, avant mes règles, je pleure seule de manière inconsolable et je vie des épisodes de dépression très noires ou je me demande quand ça va s'arrêter. C'est un combat épuisant.

Je prends des compléments comme le gattilier pour mes SPM et mes règles abondantes, du fer et du magnésium, du saphren pour l'humeur, des probiotiques, de l'iode pour ma thyroïde et mon traitement hormonale bien sûr. Je ne prends pas d'anxiolytique ou antidépresseur car ça pourrait aggraver ma prise de poids et engendrer de la perte de mémoire comme c'est le cas pour ma mère qui est sous traitement depuis plus de 30 ans.
Voilà ou j'en suis, je souffre et je supporte mais c'est dur. Je ne sais pas comment faire autrement.
Merci d'avance pour vos bons conseils et votre écoute.

[Laeti]

Bonjour Acacia


Le cumul de tes maladies doit être très énergivore et dur à vivre, j'en suis désolée. De plus, la profonde tristesse que tu ressens doit elle aussi te prendre beaucoup de force.

Ce que tu as eu est une épreuve difficile, je compatis. Si tu n'en as pas parlée à ta famille, et notamment à ta mère, est ce que tu as été aidé par ton compagnon et des amis durant et après cette période ? Est ce que tu as pu parler de tes cauchemars également à quelqu'un histoire de te soulager un peu?

Les épreuves de la vie font le tri c'est vrai, et c'est pour le mieux au final car on sait sur qui on peut vraiment compter. En famille, il y'a toujours des sujets qui peuvent survenir. et ça blesse. L'isolation lors des rencontres/sorties se comprend, et ton ressenti aussi au vu de ton vécu. C'est tout à fait normal de se sentir à part, d'être envieuse ou de fondre en larmes sachant ce que tu vis, c'est ok et totalement humain, ce n'est pas moche mais humain.
Parfois l'esquive/s'isoler ( Dont refuser des invitations ) est la meilleure option pour pouvoir se préserver. Mais si ce sont des amies, elles doivent peut être le comprendre, ce n'est peut être pas de la pitié mais plutôt de la compassion qu'elles doivent ressentir à ton égard.

Le harcèlement est intolérable. J'espère que la/le/les coupables se prendront un bon karma. En dehors de ça , si jamais, il est peut être effectivement mieux de d'abord se soigner et prendre soin de toi avant de retourner dans le travail. Sinon tu peux possiblement trouver un entre deux ? Quelque chose à Mi temps ?

Pour ce qui est du couple, c'est facile sans connaître la personne de dire cela, même si ça jette un froid, peut être que si il est là c'est qu'il t'aime. En tout cas, même avec tout ce qui se passe tu essayes de garder la flamme, je trouve ça incroyable d'avoir cette force. Mais ne te force pas non plus à mettre trop d'énergie dedans, il faut que tu en gardes pour toi également. Est ce que vous en avez parlés ensemble de tout ça malgré tout ou est ce que les sujet sont trop sensibles ?

Tu dis qu'il n'avait pas l'air trop pour l'adoption ? Il t'a expliqué pourquoi ?
Une personne seule peut aussi adopter il me semble mais il est vrai que quand on est mariés ou en couple c'est à deux que se prend cette décision. :/

C'est chouette ce que tu transmets et l'aide que tu offres. Tu as l'air d'être une personne très soucieuse des autres et gentille. Pour ce qui est des épisodes noirs, comment les gères tu ? ( Même si c'est très compliqué )

J'ai lu dans ton post que tu avais eu pas mal d'approches thérapeutique où en es tu aujourd'hui avec cela ? Est ce que tu as un suivis médical régulier ? ( Psy, gynéco, endo )

On lit toute ta souffrance dans ce texte, tu as l'air d'avoir beaucoup endossée et endosse encore aujourd'hui sur les épaules pas mal de choses compliqués à vivre. Je n'ai malheureusement pas vraiment de conseils, mais je peux être une oreille attentive si besoin. J'espère que ma réponse n'a pas trop l'air d'un interrogatoire,

en toute bienveillance ♡