
Je voulais partager mes tracas avec quelqu'un à propos d'un sujet que je n'ose pas aborder dans ma famille. Pourquoi? parce que chez nous, c'est un sujet qui fâche.
Depuis plusieurs années, en fait depuis que j'ai pris conscience du problème de mon père, je me suis jurée "jamais la première fois".
Jamais le premier verre, jamais la première cigarette, jamais le premier joint...
Mon père est militaire. Il sait cacher ses états d'âme... pendant le jour il est normal, pas jusqu'à être charmant mais son comportement n'inquiète personne.
Mais le soir venu, dès qu'il rentre du travail, il se prend un verre. Puis un autre, et encore un. Le premier est du whisky, pour "l'apéro". En mangeant c'est une bouteille de vin. Bien sûr il poursuit avec un dessert...
La dernière soirée agréable passée en famille remonte vers mes 10 ans.
Depuis il enchaîne les soirées seul devant la télé. Il boit jusqu'à s'endormir sur le canapé.
Il fume aussi. 2 paquets par jours.
Mon frère fume aussi, mais il n'a pas les moyens de s'acheter beaucoup de tabac alors il roule ses cigarettes (très mauvais) et il fume l'équivalent d'un paquet par jour.
Je ne supporte plus la fumée. Je pleure à la vue d'un verre rempli d'alcool.
Je pique une crise dans les "réunions de gens à ambiance festive", parce qu'il y a toujours des idiots pour être bourrés.
Je panique à l'idée qu'un jour je vais devoir boire.
Rien que de l'écrire j'en pleure...
C'est vrai non? Dans la vie d'adulte il y a systématiquement des occasions pour boire: fête, dîner, apéro...etc...
D'accord les "problèmes de boissons" de mon père ne me regarde pas. Après tout, je ne suis qu'une gamine.
Mais que faire quand le père de famille insulte? frappe?
Il me fait peur. Quand il fait un geste brusque envers moi j'ai ce réflexe: je recule... je mets mes mains devant moi pour me protéger.
Alors il rit, et dit systématiquement "quoi? t'as peur?"
Comment lui répondre oui?
Maintenant j'ai 16 ans.
J'ai essayé d'en parler à des adultes. L'année dernière au lycée, j'ai été convoquée en commission de discipline (pour absentéisme) ils voulaient savoir pourquoi je ne venais plus. Que répondre? il y avait plusieurs réponses mais à l'époque je ne les connaissais pas. J'ai tenté discrètement de leur faire comprendre que des "problèmes familiaux" m'empêchaient de travailler... puis au final leur dire que mon père avait un "mauvais comportement" (en gros).
Ils m'ont traité de menteuse. Ils ont appelé mon père pour lui dire que "j'avais essayé de les attendrir avec une histoire à dormir debout" et lui ont bien répété mes propos...
Inutile de dire que depuis, j'ai gardé le silence.
Dieu merci depuis quelques mois, par son travail, il habite ailleurs.
C'est très dur à dire mais je suis heureuse qu'il soit loin. Et je ne veux pas le retrouver.
Je me déteste d'avoir à dire ça.
Et j'en veux à ma mère de croire encore qu'une relation affective père-fille est encore possible à construire.
Je m'en veux de l'avoir cru aussi.
J'en veux à mon père...
J'en veux aux hommes.
J'en ai voulu à la Terre entière pendant un sacré moment. Un trop long moment.
Je pense être prête pour cesser d'être en colère à présent.
Je fait de mon mieux mais il y encore du travail

Je ne sais pas pourquoi j'avais besoin d'écrire ce post mais en tout cas, ça fait du bien.
Un grand merci pour avoir eu le courage de me lire, et milles mercis à ceux qui voudront bien me répondre

PS:Je ne suis pas sûre que mon sujet soit à sa place mais "qui ne tente rien n'a rien"
