"Fond mélancolique" ?

[Suzie]

Je suis soignée depuis plus de trois ans maintenant pour une dépression qui va et qui vient. J'ai connu des moments où j'allais vraiment très très mal, maintenant j'ai des phases de répit assez longues (3-4 mois), mais régulièrement j'ai des "ratés", je me sens glisser "vers le bas"... La semaine dernière j'ai demandé à ma psychiatre si je devrais me soigner encore longtemps, et pourquoi je rechute régulièrement...

Elle ne voulait pas trop s'avancer, disant qu'elle n'avait pas de boule de cristal... J'ai insisté, elle m'a dit qu'en principe le traitement ne devrait pas être long (enfin j'ai un doute !) et que j'avais un fond mélancolique qui réapparaissait parfois, que je l'ai sans doute depuis longtemps, depuis l'adolescence ?

Est-ce qu'un psy vous a déjà parlé de "fond mélancolique" ?

[ciboulicot]

bonjour suzi, je ne sai spas quoi te répondre, je suis nouveau et j'essaie moi aussi d'aider à mon tour, je sais qu'en ce moment je vais mal, j'ai des haut et des bas, remarque plus de bas, si ta psy te parle de fond mélancolique c'est pas une dépression que tu as ? donne moi de tes nouvelles
fabrice

[Suzie]

Bonjour ciboulicot,

c'est gentil de me répondre

J'ai fait une grosse dépression au premier semestre 2009, amélioration puis rechute 2009-2010. Depuis j'ai des hauts et des bas, même si globalement je me sens vraiment beaucoup mieux. La mélancolie au sens psy c'est une dépression très grave... Un "fond mélancolique", je suppose que c'est qu'au fond de moi je ressens toujours une "attirance" vers la dépression ?

[ciboulicot]

bonjour suzie, et bien je ne savais pas que s'était si grave j'aurais pensé le contraire, que prend tu comme médicament ? et quand tu as rechuté tu avais arrêter le traitement?
moi je prend 150 mg d'effexor 25 mg de tercian, du zyprexa et théralène.
a bientot fabrice

[Philosss]

Je suis soignée depuis plus de trois ans maintenant pour une dépression qui va et qui vient. J'ai connu des moments où j'allais vraiment très très mal, maintenant j'ai des phases de répit assez longues (3-4 mois), mais régulièrement j'ai des "ratés", je me sens glisser "vers le bas"... La semaine dernière j'ai demandé à ma psychiatre si je devrais me soigner encore longtemps, et pourquoi je rechute régulièrement...

Elle ne voulait pas trop s'avancer, disant qu'elle n'avait pas de boule de cristal... J'ai insisté, elle m'a dit qu'en principe le traitement ne devrait pas être long (enfin j'ai un doute !) et que j'avais un fond mélancolique qui réapparaissait parfois, que je l'ai sans doute depuis longtemps, depuis l'adolescence ?

Est-ce qu'un psy vous a déjà parlé de "fond mélancolique" ?

Ta psy, comme tous les psychologues répondent à leurs patients à bout de devoir vivre avec l'incertitude de ne pas connaitre la date de fin de leur état, la date de leur libération de la dépression, c'est la boule de cristal. Te renvoyant simplement à la réalité que tu peux segmenter toi-même puisque l'analogie avec la boule de cristal est percutante.

Lorsqu'elle te dit qu'elle n'a pas de boule de cristal elle t'indique simplement qu'elle ne connait pas l'avenir.
L'analogie avec la boule de cristal étant percutante.
La psychologue te répond une phrase clé, une phrase courte pour s'éviter et t'éviter de dresser ton historique pathologique personnelle expliquant le ceci et le cela, tout en se préservant une large part d'erreur-cible considérant qu'aucune dépression n'est identique et de surcroît la durée de ta dépression étant tributaire de tant de facteurs et variables incertaines que c'est impossible pour elle de statuer.
En te disant qu'elle n'a pas de boule de cristal elle te lance aussi le message que tu dois apprendre à vivre avec cette part d'incertitude. Et c'est un des grands défis de la personne affectée par la dépression ou une autre maladie.

Je t'accorde que c est lourd à porter une dépression. Que tu ne comprends pas pourquoi toi et pas les autres, que tu te sens probablement condamné aussi pour quelque chose de mal que tu aurais commis sans trop savoir quoi ni pourquoi. Que la peine «d'incarcération» - car on se sent en prison avec la dépression - est injuste.

C'est une impression, une sensation partagée.

Mais ni ta psy ni toi ne peut agir et statuer définitivement et hors de tout doute sur la durée de cette dépression.

Et s'il te prend l'idée de vouloir t'en sortir trop rapidement en niant tes symptômes tu risques de t'enfoncer encore plus, de rechuter. D'ou l'importance de rester prudente et attentive à toi.


Maintenant, pour le fond mélancolique:

Oui, ce «fond mélancolique» est un trait de ta personnalité. (Ne pas le confondre aux traits et troubles de personnalités classifiés dans le DSM)

Comment s'est-il construit? C'est toi qui peut y répondre.

Étais-tu une enfant tendre, hypersensible?
Avais-tu l'espace pour t'exprimer? Quand tu le faisais est-ce que le contenu de ton propos était jugé ou bien écouté et compris?
Étais-tu une petite fille surprotégée par ses parents?
Quand tu vis une émotion quelconque, s'exprime-t-elle en premier par les larmes? en crise ou non....

Le fond mélancolique comme il t'a été nommé peut s'apparenter (sous réserves) à la personnalité idéaliste - tout en restant personnellement contre les étiquettes utilisées toutefois en gardant en mémoire qu'elles servent de repères - Voyant en le monde et les gens que le bon et le beau sans réalistement observer les travers et la petitesse faisant aussi partie de la réalité de chaque individu.

Ceci dit, le «fond mélancolique» se travaille aussi.

D'abord par toi même en identifiant les zones, les moments, les personnes, les évenements et mêmes les musiques, les auteurs qui te replongent dans cet état mélancolique.
Évidemment que tu auras l'impression d'agir contre ta nature mais si ta volonté est de te restructurer pour développer des outils pour t'aider à te sortir au moins la tête de l'eau de ce «fond mélancolique» prédisposant à vivre l'état dépressif, il te faudra faire des choix concrets, cohérents en toute lucidité.

Tu peux alors choisir de te laisser bercer durant un moment par ton état mélancolique ou décider, par un effort de volonté, un choix de...par exemple, fermer cette musique te prédisposant à l'état mélancolique ou bien changer le courant de tes pensées quand celles-ci te font mijoter dans cette mélancolie. (Ici je ne te dis pas que c'est facile)

Ce n'est pas une fatalité ce «fond mélancolique» c'est simplement ta mécanique intérieure, ton mode réactif au monde qui t'entoure. Et ça se travaille. Je ne te dis pas que cela règlera ta dépression mais au moins, à long terme tu en tireras des bénéfices.

la thérapie cognitivo-comportementale tout comme l'analyse transactionnelle sont aidantes pour t'aider à développer des outils pour ne plus te laisser mener par ton «fond mélancolique»

[ciboulicot]

bonjour, et bien philosss, ton message est très interressant , un grand merci à toi d'aider les autres

fabrice

[Suzie]

Philosss c'est incroyable le message que tu as écrit ! Comment fais-tu pour comprendre tout ça ? Oui je suis d'accord pour devoir vivre avec cette incertitude sur la durée de ma dépression. C'est dur, mais à présent j'y arrive mieux...

Oui j'étais une enfant hypersensible, oui je pleure souvent... Et oui c'est difficile de ne pas se laisser aller à la tentation de la mélancolie ! En ce moment je me sens tellement lasse de tout... Je n'ai plus de volonté, je ne peux même plus résister à ce qui m'entraîne vers le bas comme à ce qui peut m'entraîner vers le haut... Je suis complètement passive, trop épuisée pour faire autrement...

Et aussi, oui, mille fois oui je suis "naïve", je crois que tout le monde est foncièrement bon, j'ai tellement de mal à comprendre les personnes qui font du mal