Bonjour
Cette situation n’est pas rare. Le stress, le monde de l’entreprise où peu de gens se font de cadeaux, et souvent un harcèlement plus ou moins visible provoque ce genre de fissures.
Ce que tu vis m’est arrivé 2 fois à 10 ans d’intervalle.
Je vais tenter de partager mon expérience en fonction des questions qui te préoccupent :
Les médecins généralistes peuvent difficilement prolonger un arrêt maladie ad vitam aeternam.
Par contre, les médecins spécialistes notamment les psychiatres ont beaucoup plus de pouvoir. L’arrêt maladie doit avoir un objet clair, tel que « dépression » ou « état dépressif » ou tout autre terme plus spécifique. J’ai personnellement eu 2 arrêts de 4 mois environ pour les deux cas. Aucun contrôle de la sécurité sociale ne m’a été demandé. Mes 2 psychiatres étaient en libéral, je devais donc avancer l’argent, mais étant conventionnés secteur 1, la CPAM me remboursait l’intégralité.
L’entreprise… Généralement elle bute au départ. Pourquoi ? Parce qu’elle a peur de se prendre un procès pour harcèlement. A moins de vouloir s’engager dans une procédure comme celle-là qui est lourde et surtout très longue (alors que l’on souhaite juste ne plus jamais entendre parler de cette boite), il faut clairement faire comprendre à l’entreprise que l’on ne souhaite absolument pas lui faire de procès pour harcèlement ou lui poser problème, mais que l’on souhaite juste signer une « rupture conventionnelle ».
http://travail-emploi.gouv.fr/informati ... ,8383.html
La rupture conventionnelle permet à l’employeur et l’employé de se séparer en bons termes sans que cela ne soit préjudiciable à aucune des 2 parties. La rupture conventionnelle permet donc de s’inscrire au chômage et de bénéficier des Assedic, tel un licenciement classique.
En ce qui me concerne, je n’étais pas en état de négocier avec les 2 entreprises que j’ai quittées dans ce cadre-là. Aussi ai-je pris un avocat. 2 en vérité, puisque à 10 ans d’intervalle. J'avais la chance d'avoir fait quelques économies dans mes précédents postes et heureusement. Les avocats sont chers. Et ne comprennent pas vraiment pourquoi l’on ne négocie pas soi-même ce type de séparation. Car il suffit de faire comprendre à l’entreprise (surtout pas de courrier ou de mail) que l’on est en dépression (sans parler de harcèlement ou de quoi que ce soit subi au sein de l’entreprise), que l’on est parti pour être en arrêt maladie longtemps (sans raconter les difficultés que l’on peut rencontrer pour prolonger cet arrêt), que cela sera préjudiciable à l’entreprise (les patrons le comprennent très bien
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) et que le mieux serait de se séparer au plus tôt par le biais d’une rupture conventionnelle. Personnellement, l’idée même de négocier avec mes 2 patrons m’était tellement insupportable que je n’ai pas demandé à mes avocats de comprendre mais de faire les courriers nécessaires. Et il est vrai que lorsqu’un patron reçoit un courrier de la part d’un avocat, il prend tout de suite la chose plus à cœur, car il se dit que l’affaire peut lui couter cher.
Mais je pense que des exemples de ruptures conventionnelles sans l’intermédiaire d'un avocat doivent exister, en recherchant bien sur le net.
Voilà, je ne serai pas présent sur le forum dimanche, mais je pourrai répondre aux questions ultérieurement s’il y en a
Deux derniers petits points :
- Pour obtenir des prolongements de la part de son psychiatre, il faut s’engager véritablement dans un travail avec lui/elle, et le lui faire comprendre. De même, il ne faut pas hésiter à lui raconter à quel point c’est une épreuve que d’être ne serait-ce qu’en contact avec l’entreprise, voire, j’ose le dire, lui exprimer clairement que l’on préfèrera faire un « abandon de poste » en ne retournant pas à l’entreprise si l’arrêt n’est pas prolongé (avec tact surtout, sans donner au psychiatre l’impression d’un chantage). Le/la psychiatre préfèrera prolonger l’arrêt voire envisager une hospitalisation plutôt que de laisser quelqu’un s’enfoncer. A moins qu’il/elle ne soit pas assez empathique… Tout est question de mots choisis, de tact, de souffrance vécue et transmise au psy.
- Le deuxième point est relatif à la suite et a toute son importance : Si la rupture conventionnelle est acceptée, l’on se sent libéré. Oui, mais l’on peut aisément tomber dans un piège en rapport avec l’affection. Ne plus être capable de retourner au travail…dans n’importe quelle entreprise : la peur du travail, la peur du monde du travail. Je conseille donc de travailler à chaud une reprise de projet de vie, sinon les mois s’installent, voire les années, et repartir devient dur. Très dur.
En espérant avoir apporté quelque-chose…