Introspection : descendre dans des profondeurs sécurisantes

[méandres]

Abrupte est l'escalier qui me mène à moi, un colimaçon de marches étroites que j'emprunte à petits pas. Certain doivent monter pour se trouver, moi je descends, dans des profondeurs sécurisantes pour le paranoïaque que je suis. Car à l'intérieur des murs de ce fort, résident mes faiblesses, mon attachement toujours trop prompt, ma peur de l'abandon, milles autres complexes et richesses. Enterrés là ils sommeils en moi attendant l'intrus aimé pour se manifester, lestant mes actions depuis leurs bas fond. On ne peut pas le dire sombre cet escalier, une lueur bleutée semble même émaner des pierres noires dont il est fait. L'air y est tout juste frais, emplis d'une légère odeur de pluie, les sons y sont sans échos et les pas de mes pieds nus, presque inaudibles. Une lumière pâle apparaît bientôt au détour des dernières marches, et une porte de lumière se dessine enfin. Une main devant les yeux, je la passe accueillis par une bruine grise. Devant moi, déserte s'étend ma ville, j'en connais chaque maison, chaque rue. J'ai passé le seuil de ces appartements je me suis assis devant ces tables aux couverts dressés… cherchant. Aujourd'hui, je m'arrête sur ce pont improbablement poser sans rien en dessous. Les mains accrochées compulsivement à sa rambarde, je lève la tête vers ce ciel sous-terrain et des larmes me viennent. Elles se mêlent alors à la bruine accumulée sur ma peau s'attardant quelques temps puis me quittant elles aussi, en une cascade de flocons de cristal. Bientôt le pont prend tout son sens, un véritable fleuve de tristesse a emplit le lit vide qu'il surplombait et déferle vers l'inconnu.
Pourtant pour parfaire à sa fonction le pont doit être un lien, un passage. Et rien ne semble m'attendre sur l'autre rive, restée vierge d'image. Y a t'il seulement quelque chose qui m'y attend, quelqu'un…? Une partie de moi que j'ignore? Et que faire pour y accéder?

[Archaos]

j'aime bien

[Procrastina]

on dirait un rêve