Je vais te raconter une histoire, la mienne en fait
Il était 1H du mat en cette nuit de la ST Eloy (un jour de novembre ou décembre de je ne sais plus quelle année). Je roulais tranquillement sur une deux fois deux voies (une nationale avec terre plein au milieu où l'on peut rouler à 110 Km/h). C'était plutot mon frère qui avait le volant et moi j'étais sur le siège passager. Au loin un léger virage vers la droite et un poids-lourd sur la voie de droite qui se déplacait à une vitesse de 90 km/H.
Le frangin met son clignotant à gauche pour passer sur la voie de gauche et le doubler. Il s'insère dans la voie à environ 150 mètres du poids lourd.
Puis soudain, j'aperçois des gerbes d'étincelles devant le poids lourd. Tout de suite je dis à mon frère de freiner (pas de piler). Il freine, il freine, il freine, le poids lourd est à notre portée. Puis la cabine du poids lourd vire littéralement à gauche et la remorque du camion commence à se rapprocher de nous pour nous prendre en sandwich avec le terre plein, un mètre, cinquante centimètres, le retroviseur à droite explose, touché par la remorque, et fait voler en éclat la vitre de la porte avant droite (où je me tenais). Par chance, la seconde d'avant je mettais jeté sur mon frère en me protégeant la tête.
Puis plus rien......, plus de bruit........., ma vie venait de défiler devant moi.
J'ouvre les yeux, mon frère ouvre la porte à gauche, puis sort. Ouf il n'a rien apparemment. Je tente de déplacer mes doigts de pieds, ça va je les sens encore, ainsi que mes doigts aux mains. J'avais froid, je grelottais, je tremblais, je sortais de la voiture. Je sentais un peu plus de fraicheur en haut de ma tête. Je me passais la main dans les cheveux, qui, qui étaient couvert de mon sang. Couvert pas complètement, une grosse égratignure m'avait ouvert la tête. Je prend mon mouchoir et je compresse.
Je reprend mes esprits, j'entend au loin mon frère ralait en disant "ma voitureeee".
Je regarde ce qui se passe autour de moi, un peu engourdit. Le chauffeur du poids-lourd, sort lui aussi de ce qui reste de son camion. Il tient debout, il n'a pas l'air blessé. C'est bien !!!
Il commence à dire des choses incompréhensibles en me regardant.
- Mais pourquoi vous rouliez en face de moi ? me dit-il
- Je lui répond violemment, T'as bu ou quoi on était en train de te doubler.
Puis je le laisse planter la et me dirige vers l'arriere du camion ou il semblait il y avoir de plus en plus de lumière (un gros bouchon se formé).
Etant un poil lucide, je prend mon portable et demande au frangin d'appeler les secours. Il appele, les pompiers vont arriver.
Les gens sortaient de leur voiture, Je demandais à tout le monde s'il y avait un médecin ou une infirmière. Une femme s'avance vers moi et me dit qu'elle est infirmiere, je lui dit que je saigne de la tête. Elle regarde, me réconforte et me dit que c'est une petite plaie pas grave du tout et que je dois continuer de compresser avec mon mouchoir comme je le faisais.
Je tente de faire un saut à l'avant du camion pour mieux comprendre ce qu'il s'est passé, mais il faisait noir et je ne voyais qu'un amas de tole froissé à l'avant.
Une sirène retentit, les pompiers sont déjà la, il m'embarque moi et mon frere direction l'hopital. Je tremblais comme une feuille morte, un pompier me met une minerve par précaution et me sort une grosse vanne pour que je puisse rire et me détendre. Aprés 15 minutes de route, on arrive à l'hopital, on se fait examiner. Mon frere n'a rien, moi non plus mis à part deux points de sutture à la tête. Nos parents viennent nous chercher et on rentre à la maison. Aussitot arriver, je vais me coucher, demain sera un autre jour. Demain oui....
Le lendemain matin, la gendarmerie appelle pour que l'on fasse notre déposition. Je dis à mon père que je dois reprendre le volant et que ce soit moi qui conduise pour y aller (15 km à faire) sinon jamais je ne pourrais reprendre le volant.
A la gendarmerie, moi, mon frere et le chauffeur du poids lourd faisons notre déposition.
On nous explique enfin ce qu'il s'est passé.
Une voiture arrivait en contresens sur la voie de droite et a percuté le poids lourd qu'on était en train de doubler. Cette voiture n'avait pas de feux allumés. Les deux occupants ont été tués sur le coup. Ils n'ont pas souffert, à 1,4 gramme d'alcool dans le sang on est tellement euphorique que meme si on est écrasé on s'en rend pas compte du tout.
Qu'est ce que je retire de cette expérience ? Bien que je suis passé à un centimètre de la faux de la mort et que pour le moment je n'ai pas envie de mourir, même si parfois mes idées noires me font croire le contraire dans les moments bas de ma déprime.
J'essaye de me battre avec les armes que j'ai pour trouver un regain d'espoir à aller mieux.
J'essaye de me dire que ce que je fais peut me faire du bien, me faire plaisir. J'y arrive parfois alors pourquoi pas tout le temps ?
Je me dis aussi qu'il y a tellement de gens dans la détresse que me plaindre de ce qui m'arrive me paraît être trés égoiste.
C'est comme si j'allais à l'hopital, que je me plaignais de m'etre couper un doigt alors qu'a coté de moi une personne a le bras coupé.
Il y a souffrance certes, mais ma souffrance est bien moindre que celel de la personne à côté de moi. Et me plaindre un temps soit peu c'est quelques choses que j'ai du mal à concevoir.
Voila une expérience qui pourra t'aider peut être à aller mieux, je l'espère
