Abîme de solitude, comment y palier ?

[Sceadugenga]

Je me sent tellement loin des gens, tellement différent. J'ai l'impression qu'un fossé me sépare des autres. J'en souffre et je n'arrive pas à en sortir.

J'ai pourtant quelques contacts sociaux à la fac et au boulot, mais pourtant ce sentiment me hante sans arrêt. J'ai l'impression de gâcher ma vie seul dans mon coin, de rater des choses. Ce n'est pas faute d'aprécier les autres et d'essayer d'aller vers eux, mais il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Même quand j'arrive à avoir quelques interactions sociales, je continue d'etre insatisfait, je ressent trop de distance avec les gens.

Quelqu'un ici connait ce sentiment et sait comment y palier ?
Je me demande si il est possible de renoncer délibéremment à son affectivité.

[senna]

Salut Sceadugenga

Je me demande si il est possible de renoncer délibéremment à son affectivité.

je pense que c'est possible

à te lire on dirait que tu t'es isolé mentalement en fait.

tu pourrais en dire plus sur comment tu envisages les autres? la relation, tout ça? ton idéal peut-être? enfin tu vois quoi

[Sceadugenga]

Comment j'envisage les autres, je sait pas vraiment.
J'aimerais simplement que mes contact sociaux redeviennent comme ils étaient quand j'était ado, régulier, sans prise de tête, sans etre sur le qui vive sans arret, en étant capable de supporter le silence sans se sentir obliger de relancer le dialogue ou de partir faire autre chose quand je passe un moment normal avec des gens.

Enfait je crois pouvoir résumé ma situation, quand je suis seul j'aimerais etre avec des gens, et quand j'y suis j'ai simplement envie de les fuirs.

Ca doit pas ressembler à grand chose ce que je dit. J'ai conscience que le problème vient de moi, mais pourtant je n'arrive vraiment pas à changer, à trouver des solutions. C'est comme si j'était bloqué 24h/24 en état de dissonance cognitive et que je soit incapable d'en sortir.

En dehors de la fac et le boulot, je passe mon temps enfermé chez moi, et encore c'est un progrès parcequ'il y un peu plus d'un an de sa, je ne faisait rien. Je sortais seulement une fois par semaine pour faire les courses. A l'époque je ne souffrais pas de ce sentiment, pourquoi aujourd'hui..?

[21andretard]

Bonjour, je connais très bien ce sentiment; l'envie de voir des gens, de discuter, rigoler, puis une fois au milieu de ceux-ci, une sorte de vide, je me sens oppressé, pas en phase avec eux. Je crois que plus les gens avancent, plus on prend du "retard" à se regarder, se triturer l'esprit. Vous disiez que ca vous arrivait de plus en plus. Je parle de retard, mais par rapport à quoi, à qui? Je sais que j'ai toujours été en marge de la société, distant. Je pense que je stagne dans ma tete, pendant que la terre tourne, les gens avancent. J'ai l'impression d'etre de +en+ en décalage. Mais les raisons sont que je n'ai jamais été formaté à cette vie, à consommer des trucs des fois on s'demande!, à se raconter les petits potins pour ne pas rentrer dans des sujets plus importants, à se voiler la face, pour enfin rejeter toutes ses frustrations sur les autres... bref, je vais surement un peu loin et je n'ai pas encore de réponse à tout ca.
Pour moi, c'est à moi de me (ré)intégrer, de me "(re)formater" à cette vie, me forcer à faire "comme les autres". Pour ma part cela va etre difficile, je pense meme à aller autre part, changer de pays.
Bref ce n'est pas la question. Dsl je parle à la première personne, mais je peux parler de ce que moi je ressens! bon courage

[Luuna]

Bonjour Sceadugenga, 21andretard, Senna


J'ai l'impression de ressentir exactement ce que tu décris Sceadugenga, j'ai ce besoin et cet amour des autres mais je sens ce fossé que tu décris, dont je passe mon temps à chercher le pont pour traverser.

J'ai l'impression que le problème vient du fait que je ne sais pas "donner de moi". J'ai peur, je me protège. Alors les autres ne me connaissent pas et je n'ose pas non plus essayer de les connaître : pour moi cela devrait être donnant-donnant, je serais déloyale en leur demandant de se dévoiler sans faire de même.

Ma propre racine du problème, j'ignore si c'est également la vôtre, c'est la peur. Je réfléchis également à la manière de travailler dessus

[Sceadugenga]

Ma propre racine du problème, j'ignore si c'est également la vôtre, c'est la peur.

Oui c'est sans doute un problème de phobie sociale. Peut etre qu'en recherchant les éléments qui te font peur tu pourrais atténuer le problème.

Je suis tombé sur un truc pas mal dans un bouquin, ça retrace à peu près la situation je trouve. Selon J-L Pedinielli et P. Bertagne, c'est un trait sémiologique de la névrose : -L'impossibilité d'établir des relations spontanées avec les autres et le malaise interpersonnel ("Je ne sait pas quoi leur dire mais je voudrais tant leur parler")

Je ne sait pas vraiment ou me situer dans tout ça, je me demande encore si je suis dans la névrose ou la psychose, si quand bien même sa existerait.

[senna]

salut Scea

c vrai, cette phrase explique ce que tu disais plus haut:
"en étant capable de supporter le silence sans se sentir obliger de relancer le dialogue ou de partir faire autre chose quand je passe un moment normal avec des gens. "

d'où le fait que les relations n'aient rien d'agréable...:
"quand je suis seul j'aimerais etre avec des gens, et quand j'y suis j'ai simplement envie de les fuirs. "
il y a tellement d'efforts et de mal-être que bon...

ça peut alimenter un cercle vicieux, parce que si tu t'isoles, tu te mets dans un monde à part, et là... difficile de communiquer, tu es tellement loin donc bref...

le truc c'est qu'on dirait que tu es sur plusieurs degrés de conscience, alors ça rend les choses compliquées , tu te vois agir d'une certaine manière... pas entièrement dedans (ben oui tu peux pas, ya l'autre en face en plus, faut garder le contrôle).... euuuuh je doute que ce soit clair lol!


oui c'est inquiétant d'observer certains traits de diverses pathologies sans pouvoir se situer clairement dans une seule. pour savoir où on va, c'est pas le plus rassurant. mais tu le sais bien, c'est trop simple de tout ranger dans des petites cases bien définies, chaque cas est différent bien que l'on puisse faire des groupements... bla bla bla

après, je pense qu'il est possible d'avoir une activité névrotique sans être pleinement dans la névrose, ni la psychose d'ailleurs. parce qu'une instance dans ta psyché comprime ou dévore tellement une partie de toi que cela se traduit en névrose... à l'inverse, l'instance comprimée cherche avant tout à s'exprimer, d'où délires.... et plein d'autres conséquences........

ne prends pas tout ça au pied de la lettre, ce sont juste des idées d'après ce que tu écris ça n'a pt être rien à voir, mais si ça peut te donner une piste...

[Sceadugenga]

Salut

tu te vois agir d'une certaine manière... pas entièrement dedans (ben oui tu peux pas, ya l'autre en face en plus, faut garder le contrôle).... euuuuh je doute que ce soit clair lol!

lol oui désolé je comprend pas tout.

tu te vois agir d'une certaine manière... pas entièrement dedans

Quand tu dit que je me vois agir d'une certaine manière, tu pense que je souffre de troubles dissociatifs comme la dépersonnalisation ou plus grave? J'avait déja creuser cette piste sans réussir à en avoir le coeur net.

(ben oui tu peux pas, ya l'autre en face en plus, faut garder le contrôle)

L'autre en face, c'est les gens en general ou autre chose ? Garder le controle de moi ou de la situation ?

[senna]

coucou

L'autre en face, c'est les gens en general ou autre chose ?

c'est les gens dont tu parlais dans ton message, après, j'avais dit ça comme ça

Garder le controle de moi ou de la situation ?

à priori je dirais plutôt de la situation donc peut-être un peu de toi, puisque tu peux agir pour contrôler la situation héhé

Quand tu dit que je me vois agir d'une certaine manière, tu pense que je souffre de troubles dissociatifs comme la dépersonnalisation ou plus grave? J'avait déja creuser cette piste sans réussir à en avoir le coeur net.

tu penses avoir des symptômes en fait? avoir des épisodes de depersonalisation est surtout symptomatique je pense....
après tu dois parler de trouble dissociatif de l'identité, faut voir ce que dirait un psychiatre... mais ça ne veut pas forcément dire que tu en souffres, ni que c'est grave si ça s'avérait être le cas, juste qu'il y aurait du travail sur toi

pour le "tu te vois", c'est d'avoir la conscience d'un malaise, et du coup d'essayer de contrôler la situation (ou toi lol)

du coup, tu es plus dans ta tête ou tes ressentis (qui n'arretent pas de te dire que tu n'es pas bien) que là, avec l'autre d'ou la difficulté d'établir la relation...

[Sceadugenga]

Oui je pense avoir des symptomes de trouble dissociatif, j'ai constamment le sentiment de ne pas etre dans la réalité, d'etre dans un état de confusion, brumeux, un peu comme dans un rêve ou comme l'ivresse. D'ailleurs quand je boit je ne ressent aucune différence meme jusqu'à ce que j'en vomisse.

Enfin tout ça ce n'est pas le plus gênant. Je pense, enfin j'espère que sa partira avec la dépression, si j'en sort un jour. Pour l'instant avec mon psychiatre on travaille sur mes troubles obsessionels compulsifs.

[senna]

Salut Scea
comment vas tu maintenant?

[Sudd]

en étant capable de supporter le silence sans se sentir obliger de relancer le dialogue ou de partir faire autre chose quand je passe un moment normal avec des gens.

Enfait je crois pouvoir résumé ma situation, quand je suis seul j'aimerais etre avec des gens, et quand j'y suis j'ai simplement envie de les fuirs

Ah ça je connais
Je suis pareil. Quand je suis dans un groupe je me sens obligé de relancer la discussion (sur tout et n'importe quoi) dès que y'a un blanc. J'arrête pas de chercher dans ma tête qu'est-ce que je pourrais dire d'intéressant et là soit je raconte de la M.... soit je dis un truc qui me paraît intéressant mais dont tout le monde s'en fout :/

Et c'est vrai qu'à regarder les gens de "l'extérieur" ils ont une sorte de silence naturelle quand ils ont rien à dire qui passe très bien.

Et c'est pareil, je pars au bout d'un moment mais ça je sais pourquoi. Si je reste je prends le risque d'être inintéressant au bout d'un moment, en partant les autres gardent de moi une image "active" on peut dire, je reste pas planter là en attendant je ne sais quoi.

Enfin bref le pire c'est que j'ai pas trouvé de solutions à ce problème; mais c'est très agaçant et déprimant parce qu'on se sent effectivement terriblement en décalage.

[Sceadugenga]

Salut Senna,
Ca va pas pire qu'avant et toi?

Oui Sudd l'expression est bien approprié. Un décalage, c'est ce que je ressent avec les gens.

[skyagain]

Salut!

Je comprends ce que tu ressens mais arrêtes de dire les gens, les gens... les gens ci les gens ça... souvent j'ai été surpris de savoir que tel ou tel se sentait vraiment mal dans sa tête alors qu'en société il ou elle affichait une sorte de façade.
Toi et moi et beaucoup d'autres n'avons simplement pas l'hypocrisie de faire semblant.
IL est possible que nous ne fréquentions pas les bonnes personnes tout simplement. Et puis on se force à adopter une attitude ou alors on se renfrogne. Moi quand on me dit que je n'ai pas l'air de m'amuser, j'ai envie de foutre le camp, c'est mon droit de ne pas me marrer à n'importe quelle connerie d'ivrogne. Je préfère les petits comités, une table où tout le monde peut se parler et pas ces longues tablées sinistres où la plupart du temps on se retrouve isolée entre un con et une pimbêche qui pensent exactement la même chose de nous lol.
Je n'aime pas les soirées où tout le monde s'esclaffe bruyamment et où tout le monde se marre à l'unisson sans parfois comprendre de quoi il s'agit. Je déteste les gens qui font du bruit avec leur bouche.
Moi j'espère me trouver des amis avec qui partager les mêmes intérêts et me marrer à ma manière.
On n'est pas obligée de suivre la meute.
Différent ne veut pas dire dingue.
Etre décalé c'est peut être être trop lucide vis à vis de ce qui se passe. Beaucoup de gens acceptent ces repas, ces fêtes pour sacrifier aux rites et pouvoir dire qu'ils ont une vie sociale, beaucoup de gens ont bu. Tu ne peux qu'être décalé avec une personne qui a bu même un peu.
Et puis si nous sommes différents c'est que tu n'es pas seul à ressentir ce genre de choses.

Amicalement
Daniel


Amicla