Bien le bonsoir
Je me permets d'ajouter une petite biographie. Il faut tout d'abord savoir que
Pink Floyd est un groupe ayant énormément de vécu, et qu'il a arboré différents visages au cours de sa longue vie. Si ma mémoire ne me fait point défaut, le groupe s'est formé aux alentours de 64 par quatre étudiants en architecture :
Syd Barrett,
Roger Waters,
Rick Wright &
Nick Mason. Le nom du groupe vient deux bluesmans inconnus que Syd affectionnait au plus haut point :
Pink Anderson &
Floyd Council. Après deux singles entrés dans la légende de la pop music (
Arnold Layne &
See Emily Play), le groupe gagna énormément en notoriété et signa un contrat chez EMI. Ils enregistrèrent en 67 leur premier album :
The Piper At The Gates Of Dawn. Le nom de l'album vient d'un conte pour enfants que Syd lisait petit :
The Winds of the willows. Musicalement parlant, l'album est une perle lysergique oscillant entre pop onirique et musique psychédélique en vogue à l'époque. Il faut écouter cet album pour se rendre à quel point la créativité de Syd scintillait de mille feux. Des morceaux comme
Astronomy Domine et
Interstellar Overdrive ont marqué leur temps, et sont encore très encensés de nos jours. Ceci dit, c'est un album à part dans leur discographie. Je vais vous expliquer pourquoi.
L'on pourrait croire que c'est le début d'une belle odyssée pour le groupe. Hélas, mille fois hélas ! le destin en a décidé autrement. Victime du succès de son groupe et d'une consommation excessive de LSD, Syd, la tête pensante du groupe, sombre rapidement dans une dépression nerveuse. Son comportement devient de plus en plus erratique : sur scène, il lui arrive fréquemment de ne jouer qu'une seule note ; de désaccorder sa guitare avant de prendre les jambes à son cou ; ou de ne carrément pas se pointer sur scène. Le groupe étant littéralement en danger, les autres membres ne savent plus où donner de la tête. Ils font donc appel à
David Gilmour, qui connaissait
Syd depuis l'enfance, afin qu'il puisse assurer les concerts à sa place.
Pink Floyd fonctionne quelque temps à cinq, et, il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre, Syd Barrett est officiellement remercié du groupe. Il ne signe qu'un seul morceau sur
A Saucerful Of Secrets : la très mélancolique
Jugband Blues. Ce morceau est en quelque sorte son chant du cygne, où il évoque son départ du groupe et sa dépression nerveuse avec un humour très singulier :
"It's awfully considerate of you to think of me here and I'm much obliged to you for making it clear that I'm not here." ;
"And I'm wondering who could be writing this song.". Il entame plus tard une carrière solo et sort deux albums :
The Madcap Laughs &
Barrett. Puis, son état ne s'améliorant guère, il vivra en reclus chez sa mère jusqu'à sa mort en 2006. La déchéance de
Syd Barrett est sans doute l'une des histoires les plus tragiques du monde du rock. Il avait vraiment tout pour lui : la beauté, le talent, le succès, mais il fut victime d'un mode de vie qu'il exécrait sans doute ardemment. Sans doute était-il trop fragile pour supporter toutes ces vicissitudes. Quoi qu'il en soit, sa musique est à découvrir ! Si jamais ça vous intéresse, sachez que
David Gilmour a sorti en 2010 une compilation réunissant ses plus beaux morceaux :
An Introduction to Syd Barrett. Écouter ses chansons, c'est explorer le monde hors du commun de cet artiste décalé.
Suite au départ de
Syd Barrett, le groupe doit se reconstruire s'il veut survivre dans ce monde si inique. Si
David Gilmour peut se targuer d'être un guitariste de talent, il n'a pas pour autant le génie créatif de
Syd Barrett. C'est donc
Roger Waters qui prend petit à petit le pouvoir sur le groupe. Le groupe sort donc une myriade d'albums :
More,
Ummaguma,
Atom Heart Mother,
Meddle (qui contient la sublime
Echoes !) ;
Obscured by Clouds, et vient ensuite leur plus gros succès commercial
The Dark Side of the Moon. L'album exploite à fond les possibilités qu'offrent la technologie, ce qui leur permet d'expérimenter leurs compositions avec plus de profondeur. Comble de l'ironie : c'est avec le signe
Money, morceau pamphlétaire dénonçant le pouvoir corrupteur de l'argent, qu'ils deviendront riches et célèbres. Comme quoi...
Jouant à présent dans la cour des grands, ils ne se reposeront pas pour autant sur leurs lauriers et sortiront en 1975 (deux ans après
Dark Side, donc)
Wish You Were Here. C'est un album foncièrement différent de son grand-frère ; il y règne une ambiance nostalgique, voire mélancolique. Ce spleen est due à une ombre ayant soudain resurgi du passé : celle de leur ancien leader
Syd Barrett. Bouffi par les médicaments, ses anciens camarades mettront un bout de temps avant de le reconnaître. Roger Waters avouera même avoir fondu en larmes lorsqu'il comprit qu'il s'agissait du légendaire dandy psychédélique. La chanson
Shine on you crazy diamond lui est d'ailleurs dédiée. Si vous accolez les initiales dudit morceau, vous comprendrez aisément qu'elles s'agissent de celles de
Syd. La personne concernée, avant de partir, trouvera le morceau ringard. Ils ne le revirent jamais plus.
En 1977 paraît leur dixième œuvre
Animals, album inspiré en majeur partie par le roman de
George Orwell :
La ferme des Animaux. A contrario du spleen de
Wish You Were Here,
Animals est un album froid, impitoyable, et d'une véhémence aussi bien musicale que textuelle. En effet,
Roger Waters, dont la vision du monde est pessimiste à l'extrême, divise l'humanité en trois catégories : les porcs baignant dans la bourgeoisie ; les chiens n'hésitant pas à trahir leurs alliés pour évoluer dans la hiérarchie du monde ; et les moutons, ceux qui se laissent marcher sur les pieds sans rien faire.
Roger Waters n'hésite pas à fustiger des personnalités politiques comme feu
Margarat Thatcher. La tournée qui s'ensuit verra un Roger Waters de plus en plus paranoïaque et dominateur. Lors d'un concert à Montréal, il crachera sur un fan surexcité. Ce geste ô combien inattendu lui donnera l'idée d'un concept album qu'on ne présente plus :
The Wall.
Roger Waters est un personnage dont la vision du monde est extrêmement pessimiste. Il nous le prouve derechef avec ce concept album
The Wall qui est largement autobiographique. Son père ayant trouvé la mort au cours de la seconde guerre mondiale, son absence a laissé en lui une blessure indélébile. L'histoire de
The Wall raconte les mésaventures d'une rock star dépressive et désabusée :
Pink. Il est intéressant de constater que le personnage est un mélange entre
Roger Waters et
Syd Barrett.
Pink, psychologiquement instable, est marqué par la mort de son père et la personnalité étouffante de sa mère. Afin de se protéger des vilenies du monde extérieur, il se construit petit à petit un mur qui le bloquera du monde extérieur : ce qui le mènera aux confins de la folie la plus noire. L'album sera adapté en 1982 par
Alan Parker. Si l'album est très ambitieux, il sonne également le glas d'une époque dorée :
Roger, de plus en plus despotique, virera
Rick Wright au cours de l'enregistrement, en raison de sa dépendance à la poudre blanche.
The Final Cut, le prochain album du
Floyd, sera en outre présenté comme un album de
Roger Waters joué par les membres
Pink Floyd. De plus en plus las du groupe,
Waters décidera de quitter le groupe en 85 et entamera à son tour une carrière solo. Sauf que l'hurluberlu n'avait pas prévu que
David Gilmour prendrait la décision de ressusciter le navire floydien de ses cendres.
Waters, fou de rage, poursuivra ses ex-compagnons en procès. Suite à moult pérégrinations, le
Floyd de
Gilmour sort respectivement en 87 et 94 les deux derniers albums du groupe :
A Momentary Lapse of Reason &
The Division Bell. Le groupe se reformera à l'occasion en 2005 pour rendre hommage à
Syd Barrett, et ce juste avant la mort de
Rick Wright en 2008.
Voilà, voilà ! Désolé si mon style est parfois imprécis, mais le manque de sommeil m'empêche de me concentrer correctement. J'espère que l'histoire du groupe vous intéressera un peu !
