
Encore dans les vapeurs du sommeil, vous titubez jusqu'à votre ordinateur.
Power.
Tant que vous y êtes, vous ouvrez les volets, et vous laissez asperger par la luminosité extérieure.
C'est une belle matinée de printemps.
Tasse de café fumante à la main, vous consultez tranquillement vos e-mails.
Vous habitez en rez-de-chaussée, et ne manquez pas de voir du passage devant votre porte fenêtre voilée d'un rideau, merveilleuse invention qui, sous conditions lumineuses favorables, permet de voir sans être vu.
Quelques curieux tournent parfois la tête, mais la rapidité de leur pas ne leur fait rarement voir plus que ce qu'un clignement d'oeil a le temps de montrer, si tant est que la lumière soit allumée.
Soudain, deux hommes de belle carrure s'arrêtent pile devant votre fenêtre.
L'un pointe son doigt à l'extrémité de votre vitre.
L'autre acquiesce.
Votre oreille n'étant malheureusement pas assez aiguisée pour entendre le moindre son signifiant de leur conversation, votre imagination s'emballe quant à ce dont ils peuvent bien parler.
La panique s'empare de vous.
Bien que vous vous sachiez invisible, vous n'osez plus bouger d'un poil.
Tout juste parvenez-vous à saisir précautionneusement votre téléphone et à composer le 17, maudissant les deux bips que la pression des touches occasionne.
Alors que la voix du répondeur vous invite à patienter d'un ton si serein qu'il en devenait provoquant, voici que les deux hommes repartent comme ils étaient venus.
Par pur réflexe de soulagement, vous raccrochez.
Une repérage pensez-vous...
Vous en êtes certaine : ils vont revenir.
Mais quand ?
Vous ne les attendiez finalement pas de sitôt...
Armés d'un pinceau et d'un pot de peinture, les ouvriers de votre bâtiment en travaux commencèrent à repeindre vos fenêtres défraîchies...