Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

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Louve
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Enregistré le : jeudi 17 février 2011 22:02

Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

Message par Louve »

Bonjour,

En tentant d’analyser mes craintes, mes blocages, les évènements de mon existence, j’ai réalisé une chose problématique : Je ne me crois pas.

Quelques exemples dans divers domaines : L’année dernière, j’ai eu la mononucléose, et aucun traitement n’ayant été donné, j’ai développé quelques jours après une angine. Je me disais que je n’avais pas si mal, que j’en rajoutais sûrement, qu’il fallait être forte… J’avais mal, oui, mais je trouvais cela supportable. Je n’arrivais pas à mesurer l’intensité de ma douleur, à savoir si elle nécessitait ou non des soins. Jusqu’au jour où les choses empirant, je ne pouvais plus ni boire, ni manger. J’ai alors consulté un médecin qui m’a demandé d’un air un peu ahuri pourquoi j’avais tant tardé à me soigner. Comment lui explique que je ne me croyais pas ? Que je doutais de mes propres perceptions, de mes propres sensations ?

Autre exemple dont l’expérience m’a traumatisée, lorsque je me suis enfin extraite de cette aliénation : J’ai éprouvé de la passion pour un homme. Il m’aimait. Je tenais beaucoup à lui, mais il vivait déjà avec une femme et voulait nous imposer à toutes les deux ce schéma : avoir deux compagnes pour lui. Elle était d’accord. Par crainte de le perdre, j’ai accepté « pour voir », cette expérience. Ce fut une horreur. J’en ai fais des crises de convulsion, de nerfs, de tristesse, atroces. Et pourtant, je persévérais car je ne me croyais pas : je me disais que je ne me sentais pas si mal.

En fait, j’ignorais où se trouvent les limites. Ma limite. En toute chose, mais surtout dans la douleur, dans la souffrance. Et je me rends compte, après coup, que je vais toujours trop loin.

Le premier exemple est assez terre à terre. Mais ce fait me perturbe d’avantage lorsqu’il me concerne moralement. Je n’arrive pas à doser ma souffrance. Ou à « croire », à faire confiance à mes pensées, mes sentiments. Je doute de moi-même.

Par exemple, j’ai un petit ami depuis trois semaines. C’était le grand bonheur lorsque nous nous voyions la semaine précédente (il habite à 170 km). Et depuis une semaine, il est chez lui, et je le trouve froid, distant, moins attentionné. Je commence alors à angoisser, à me tourner des films, me dire qu’il se détache de moi, qu’il s’est lassé, qu’il se sent étouffé, qu’il cherche à me quitter. Mais en réalité, j’ignore si ma perception est juste : peut-être n’est-il pas plus distant que d’habitude, mais que mon état d’esprit me présente ainsi les choses ? Comme je n’e sais rien, je ne lui en parle pas et fais semblant que tout va bien.
Comment savoir la réalité, la vérité ? Du coup, je passe mon temps à attendre, à comptabiliser nos contacts, surveiller son langage, afin de trouver des arguments objectifs.

Je ne me crois pas non plus lorsque quelque chose me déplaît, ou que je me sens mal. Je me demande si je suis victime de ce carcan qui m’enlise, fausse mes pensées, ou si ce que je ressens, ce que je perçois, mérite d’être considéré. Je me trouve ingrate et capricieuse car perpétuellement insatisfaite, à tout remettre en question…. Non à cause de l’autre, mais de mes propres incertitudes.

Je ne crois pas ces sortes de pensées si fortes dans les moments de crise, qu’elles semblent être des voix intérieures qui me disent qu’il faut que je me suicide, qu’il n’y a plus le choix, que je repousse depuis huit ans sans amélioration, que je dois fixer une date et m’y tenir… Bref.

Est-ce que vous doutez aussi de vos pensées ?
Comment arrivez-vous à gérer ces conflits intérieurs ?
Existe-t-il une solution pour être « sûr » de soi, de ses perceptions, et ne pas se laisser dévorer par la dépression ou toute autre angoisse qui modifie notre vision et la rend moins objective ?

Merci de m'avoir lue.
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Chafouin
Messages : 448
Enregistré le : mardi 27 avril 2010 22:52

Je ne me crois pas.

Message par Chafouin »

Hey,

Je dois dire que ça m'arrive aussi, je doute beaucoup de moi-même également. Malheureusement, je ne trouve pas pas de solution à ce conflit intérieur. Le seul moment, où je peux trouver un semblant de confiance, c'est le théâtre, très paradoxal.

Est-ce que tu suis une thérapie actuellement? Psy, médecin...?
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Mélina
Messages : 548
Enregistré le : mardi 01 février 2011 21:08

Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

Message par Mélina »

J'ai exactement le même problème que toi depuis des années.
Exemple: j'ai eu des séances de kiné pendant plusieurs mois, le coude bloqué par des broches à la suite d'un accident, le travail de mon kiné a été pendant longtemps de forcer comme un âne pour rapprocher mon poignet de l'épaule et me permettre de plier le coude. J'avais mal, mais je me disais que c'était normal, j'avais très mal, mais je me disais que c'était nécessaire et que je pouvais le supporter. Un jour, j'avais très très mal, et j'ai commencé à me sentir un peu "flottante", je l'ai regardé, je lui ai demandé: "C'est quoi le seuil de tolérance de la douleur?" Pour savoir si j'avais le droit de lui demander d'arrêter, pour savoir si je n'étais pas en train de faire un caprice. Il m'a répondu: "Tu as des petites lumières blanches dans les yeux? Tu te sens un peu flottante?" Je lui ai dit: "Oui" Il m'a dit: "Et bien tu es en train de le dépasser ton seuil de tolérance de la douleur. Quand on le dépasse, on tombe dans les pommes. Tu dois réagir avant."

Je crois que c'est une question de "s'autoriser à". Lorsque le comportement de quelqu'un nous fait souffrir, au lieu de nous poser la question: "Comment est-ce que je peux faire pour ne plus ressentir cela?" Nous nous demandons: "Est-ce que j'ai raison objectivement, est-ce que j'ai le droit, toujours objectivement, de ressentir cela?"
Nous attendons d'avoir des justifications objectives pour exprimer un ressenti. Au lieu d'exprimer le ressenti. De reconnaître son existence et de le dire.
Chez moi, je pense que c'est une peur de m'entendre dire: "Tu as tort de ressentir cela, parce qu'il n'y a aucune raison que tu ressentes cela". En filigrane, "tu n'as pas le droit de ressentir cela" parce que "si tu ressens cela et que tu as tort, l'autre va partir, l'autre ne t'aimera plus". Une peur de m'entendre nier mes ressentis, une peur de ne plus être irréprochable, parce que je ressens quelque chose qui n'a aucune raison objective, extérieure, visible d'être ressenti. Une peur d'être vulnérable, une peur de ne plus être aimée. Alors je prends sur moi, et je me fais croire au moment où je le fais que je peux largement le supporter.

Et puis c'est aussi une tendance à vouloir rationaliser ce qui est de l'ordre de l'émotion: je peux décrire, disséquer, objectiver les ressentis, les interactions entre moi et les autres. Alors je tais l'émotion qui est en moi. Je confonds le fait de la rationaliser avec le fait de l'exprimer. Parce que l'exprimer ce serait exprimer une demande ou un rejet, et j'ai peur de le faire.
Ce n'est qu'après, une fois que j'en ai souffert au-delà du supportable, que je comprends qu'en rationalisant cette émotion, j'ai juste tenté de la mettre à distance, de la contrôler, de la fuir et de la cacher. Parce que je ne l'assumais pas. Parce qu'elle me faisait peur, parce que j'en ai honte, parce que "je suis plus forte que ça". Je crois que je dépasse cette émotion, alors que j'ai juste peur d'être exclue.

Pourtant, qu'elle ait des causes internes ou externes, que notre perception soit faussée ou non, ce n'est finalement pas le problème. Cette émotion existe, et si nous la taisons, elle nous fait d'autant plus souffrir. Mais il nous faut apprendre à prendre le temps de la voir, à lui donner l'importance qu'elle mérite, apprendre à nous donner à nous-mêmes l'importance que nous méritons, en tant qu'être humain. Pas en tant que personne irréprochable.
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Louve
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Enregistré le : jeudi 17 février 2011 22:02

Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

Message par Louve »

Bonjour,

Merci beaucoup de m’avoir répondu.

Chafouin : Qu’est-ce que le théâtre t’apporte exactement ? Une libération de tes émotions ? J’en ai fait un peu, il y a quelques années, et cela m’a considérablement aidée aussi à l’époque. A sortir de moi-même, à exprimer ce que l’écriture ou toute autre activité habituelle, et peut-être trop contrôlée, ne parvenait pas à expulser. « L’expression théâtrale » me semblait particulièrement enrichissante. Avant les cours et le travail de pièce, nous avions des petits exercices où il fallait se mettre dans la peau d’un personnage librement choisi, ou jouer des petites scènes avec un partenaire, bouger d’une certaine façon, exercer sa voix… C’était très bénéfique. Je me réinscrirais peut-être à la rentrée.

J’ai suivis une thérapie durant trois mois, avec une psychiatre. Et j’ai brutalement arrêté, un peu honteuse. Je l’ai prévenu sur son répondeur d’un empêchement pour me rendre à une séance ce mois-ci, en lui ai laissé mon numéro de téléphone. Comme elle ne m’a pas rappelée, je n’ai pas pris d’autre rendez-vous. Ces séances me soulageaient un peu au début, puis j’ai eu l’impression de stagner. Elle était spécialiste en thérapie comportementales et cognitives. Or, si ce choix était volontaire, je me suis rendue compte que mes tourments provenaient surtout d’éléments passés mal digérés, mal compris, et que j’aurais besoin d’analyser, d’explorer ces choses refoulées, ce qu’elle ne me permettait pas de faire.
Si tu suis une thérapie, lui as-tu parlée de ce souci ?


Mélina : Je me reconnais parfaitement dans ton exemple. Je n’aurais pas réagis différemment.

Il est vrai que la question, pourtant essentielle : « comment pourrais-je faire pour ne plus ressentir cela ? » ne se pose pas d’emblée. Mais des doutes la remplacent dans le sens où l’on se demande aussi, après l’autorisation, si l’autre va nous accepter ainsi. Etrangement, l’idée d’être aimée ne m’était pas apparue clairement, mais en te lisant, je réalise qu’il existe sans doute beaucoup de pistes à explorer.

As-tu eu, autrefois ou aujourd’hui encore, l’envie d’être perfectionniste, de correspondre à des critères ou des modèles ? Par exemple, lorsque j’avais seize ans, j’étais malheureuse, mal dans ma peau, alors j’avais trouvé comme « remède » à cette angoisse, l’idée selon laquelle si j’atteignais un certain poids (assez bas), tout irait mieux dans ma vie, je serais une autre personne plus libérée, et donc mes actes en accord avec mes envies me procureraient le destin auquel j’aspire. Chose illusoire, totalement, j’ai mis des années à le comprendre. Et mes troubles alimentaires ont disparus ainsi.
La question d’être aimée se situait encore, à cette époque, au cœur du problème. Préférer rester et supporter la douleur, jusqu’aux extrémités, plutôt que d’être abandonnée ? Mais cette peur de la solitude, ou de la souffrance, ne vient-elle pas d’un trop plein d’isolement justement ?
C’est comme en amour, cette faculté de se donner « à la vie à la mort », sans relâche, tout ou rien. Peut-être est-ce aussi lié. Ce que je prenais pour une sorte de « grandeur d’âme » ne doit pas l’être autant, puisque cela se conclue souvent en déceptions.

Peur d’être vulnérable, en effet. D’être (re)niée. Réfutée. Mais pourquoi ? Par exemple, face à un médecin ou à un inconnu, qu’avons-nous à perdre ? Notre sentiment de fierté ?

J’ai aussi songé que, peut-être la souffrance morale étant déjà immense, la douleur physique nous semble plus réduite ? Plus facile à exprimer tout de même (par exemple, « j’ai mal à la gorge, parce que j’ai une angine » ; mais comment dire « j’ai mal à la vie ? à l’âme ? parce que… quoi ? »).

Et puis, ne plus se croire, repousser les limites, n’est-ce pas une crainte inconsciente de l’échec ?

Je pose beaucoup d’interrogations car je tente de comprendre, de trouver des pistes.

Je conçois parfaitement cette idée de rationalisation. C’est pour cela que l’écriture ne me semble pas toujours salvatrice. Elle oblige à nommer des idées qui nous semblent intérieurement trop abstraites pour s’exprimer fidèlement. Dans ce cas là, je me rappelle les propos de Chafouin : peut-être le théâtre permet-il d’exulter ?
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Chafouin
Messages : 448
Enregistré le : mardi 27 avril 2010 22:52

Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

Message par Chafouin »

Bonsoir Louve,

Le théâtre m'apporte une certaine sensation de liberté, comme si ce n'était pas moi qui me mouvait sur scène à faire des singeries ou à interpréter un personnage. Je me cachais derrière un clown pour pouvoir laisser exprimer ce que j'ai au plus profond de moi, pouvoir montrer qui je suis sous un autre. Sans que les autre sachent. Le plaisir de mimer des gestes, de sauter partout, hurler ou rire selon les exercices, c'est quelque chose qui permet de s'évader. J'ai fait pas mal d'expression orale, lire un texte à voix haute, improviser sur des mots, raconter une histoire était salvateur pour moi. Si cela t'est possible, fais-le.

J'ai déjà eu aussi un rendez-vous manqué, elle était malade, devait me rappeler, sauf qu'elle a pas rappelé. Ce n'était peut-être pas la bonne personne avec qui discuter, il faut parfois essayer plusieurs thérapeute avant d'avoir un p'tit déclic, moi j'en suis à sept personnes vues, et je ne trouve toujours pas chaussure à mon pied. Si tu as besoin d'analyser, le plus approprié serait un psychologue, ou un analyste, à condition d'avoir les moyens. J'en ai pas trop parlé de ce doute envers moi-même, pas eu l'occasion non plus.

Bonne soirée. :bisouss:
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Chien Fou
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Enregistré le : dimanche 20 février 2011 13:45

Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

Message par Chien Fou »

Je crois que je comprends un peu les propos de Chafouin. Je suis batteur dans un groupe de rock, et chaque fois que je suis sur scène, une fois passé le trac et la peur du jugement, je deviens un jeune homme vivant, confiant, présent à lui-même. Il y a là quelque chose d'inexplicable, comme une énorme déflagration de joie, parce que je donne et je reçois de l'amour, ou quelque chose dans ce genre. Et si je fais une erreur de tempo ou autre, je ne m'en veux pas. La chanson continue !

En dehors, c'est beaucoup plus problématique. Je doute de moi à tout propos, parce que je ne m'aime pas, quitte à accepter par exemple une surcharge de travail dans
l'entreprise où je bosse, sans savoir dire non, parce que ma limite ne semble pas atteinte, ou que je ne la connais pas. Pourtant, si je m'écoute au fond, je sais quand c'est trop, mais je n'ose pas l'affirmer.

J'ai la sensation que c'est une composante de la maladie. Comme si la couche intérieure qui amortit le réel avait disparu, et que les choses nous frappaient toutes de plein fouet, sans distinction. Personnellement, je me sens rapidement angoissé dans des situations sociales, ce qui conduit à des moments de confusion où je ne sais plus si la peur est un produit de mon esprit ou le signal d'un "mauvais contexte". Par exemple, j'ai passé récemment de nombreuses soirées hors de mon "milieu naturel", et je ne savais pas si mon angoisse venait de moi ou des autres - des personnes avec qui j'avais finalement très peu en commun, et pas spécialement attentives à autrui...

Je crois qu'il est difficile de trancher tout cela. J'imagine qu'un travail sur moi pourra peut-être m'aider à départager les sensations "fausses" des sensations "vraies", mais par moment je me dis qu'il n'y a ni vérité ni fausseté dans la sensation - c'est une sensation, c'est tout.
J'ai essayé de travailler récemment sur cet aspect "neutralité de la sensation", par exemple quand je me sens très triste. je me dis : je ressens de la tristesse, mais elle va passer. C'est une émotion comme une autre. Et bizarrement, il y a plus de moments où j'arrive à distancer mon ressenti, à mieux l'estimer, et du coup aussi à mieux écouter mon corps et mon esprit.

C'est un long travail, et je suis vraiment novice en la matière, tant je me laisse vite happer par mes propres gouffres, mais bon, c'est peut-être une piste...
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Mélina
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Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

Message par Mélina »

Louve,

Pour tout te dire, je pense que tu soulèves de très bonnes questions. Voici quelques éléments me concernant qui, j'espère, pourront te fournir quelques pistes.

Je suis perfectionniste, rationalisante, je n'aime pas ne pas maîtriser les choses. J'ai tout simplement peur de mes émotions, et j'ai du mal à les croire "valables", j'ai peur qu'elles ne montrent vulnérable et j'ai axé mes relations depuis que je suis enfant sur une absence de vulnérabilité, tout au moins apparente. Je suis d'ailleurs souvent perçue comme quelqu'un de froid et d'autoritaire.

Je sais que l'amour ne se mérite pas, pourtant je suis incapable de ne pas chercher à être méritante. Je suis incapable de penser que je puisse exister aux yeux des autres en dehors de ma quête d'excellence ou ma maîtrise des choses, et donc exister tout court, puisque j'ai sans cesse besoin de la reconnaissance des autres.

Quant à l'isolement, ça touche à cette histoire de reconnaissance. Quelque chose en moi a fait que j'ai ressenti très jeune que je n'existais pas si je ne donnais pas, si je n'étais pas méritante, quelle que soit la souffrance que cela pouvait engendrer en moi. D'ailleurs, cette souffrance, je n'y croyais même pas. Pour moi, avec un peu de rationalisation, le cerveau se remettait à fonctionner correctement et y'avait qu'à continuer comme avant, en taisant mes émotions.

Pour moi, c'est notamment au départ une histoire de positionnement dans une fratrie. J'étais à mes propres yeux celle qui n'existait pas, celle qui n'avait pas le droit d'exister celle qui ne serait pas aimée si je n'étais pas la meilleure dans tout ce que je faisais, et si je ne gardais pas mon sang-froid en toutes circonstances, même les plus douloureuses.

J'ai cru remarquer que beaucoup de personnes qui vivent des épisodes dépressifs sont tout simplement en train de vivre une période où les exigences, abnégations et contraintes que chacun de nous s'imposent sans même s'en rendre compte entrent dans une contradiction trop forte avec nos désirs, nos envies, nos besoins. Et cette opposition devenue trop forte entraîne un effondrement général. Mais comme nous n'avons pas l'habitude de laisser à nos émotions la place dont elles ont besoin dans notre fonctionnement interne, nous nous débattons entre des murs d'interdits et de complexes, tandis que nos émotions nous tiraillent.
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Chien Fou
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Enregistré le : dimanche 20 février 2011 13:45

Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

Message par Chien Fou »

+1 Mélina

Je trouve que nous prenons sur nous une sorte de compétitivité, une recherche de la performance dans le "bon-paraître". Moi, quand je me sens pris en défaut, que je ne suis pas impeccable, je culpabilise. Il y a là une sorte d'intolérance envers nos propres manquements, une envie de tout aplanir qui n'est pas si bonne que ça...
Mais c'est tellement dur de passer outre et de se dire "non, là, j'en ai fait assez, j'ai droit à m'aimer et à me poser. et à accepter mes erreurs". Comme si un juge se tenait en permanence à côté de moi...
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Mélina
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Je ne me crois pas, je doute sur mes pensées

Message par Mélina »

Très juste, je trouve, ta remarque, Chien fou. Des juges internes qui donnent des "bons points", ou pas... Comme les gamins en fait...

Une espèce de culte de la performance, ou plutôt une incapacité à accepter l'échec. D'un certain point de vue, c'est de l'orgueil. D'un autre, c'est juste une incapacité à croire qu'on puisse être aimés malgré nos faiblesses. Aimés tout court, en fait.
Ce rejet des émotions et de ce qu'elles peuvent dire de nous, dévoiler de nous, a sans doute des origines différentes chez chaque personne.

Enfant, je ne voyais que mes défauts, mais comme je ne pouvais pas accepter d'être timide et complexée, je faisais comme si je les assumais complètement. La honte nous sépare des autres, et elle est incommunicable. On peut parler de la culpabilité, on parle plus difficilement de la honte. D'où la difficulté d'en sortir, de ces "injonctions internes"...

Et puis je n'avais pas le droit d'avoir des émotions, ce n'était pas mon "rôle" dans la configuration familiale.
Mes parents sont-ils responsables? Sans doute, dans une certaine mesure, mais les enfants prennent parfois aussi pour des injonctions, auxquelles ils vont rester fidèles toute leur existence, ce qui, pour les autres membres de la famille, n'est peut-être qu'une remarque en passant... D'ailleurs ce n'est peut-être pas important de savoir si les autres membres de la famille sont responsables ou pas...

Aujourd'hui, l'important, c'est peut-être de retrouver ces émotions, et le chemin qu'elles ont emprunté au fil de nos existences, et l'impact qu'elles ont eu et qu'elles ont dans le présent, nos choix, nos comportements, nos réactions...
Faire le tri, finalement, entre ce qui relève de nos désirs propres, et ce qui relève des désirs, que nous imaginons ou qu'ils soient réels, que les autres projettent sur nous, afin de "désamorcer" tout ça et apprendre à s'aborder soi-même autrement...

Porter, assumer, reconnaître prendre en compte ses émotions, et partant, ses faiblesses, ses limites: retrouver le chemin vers soi, finalement.
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