Description littéraire de la dépression par Chaval

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ella
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Enregistré le : mardi 10 février 2009 23:37

Description littéraire de la dépression par Chaval

Message par ella »

Bonjour,

Je m'étais promis de ne plus participer au forum, c'est trop dangereux pour moi, car je m'y impliquais excessivement.

Mais j'ai trouvé cette description littéraire de la dépression qui me semble (dans mon cas) beaucoup plus vraie que tout ce que j'ai pu lire; ce texte interessera peut-être quelqu'un ici.

P.S Merci Archaos, ces trois mois passés ici ont été pour moi le dernier éclaat de jeunesse !

CHAVAL Les écrits - le Cherche Midi

Je nage dans un lac de m.er.de, quand je dis « je nage » ce n ‘est pas vrai, je fais la planche sur cet élément d’une liquidité douteuse.
De temps en temps je relève un peu la tête et j’aperçois des fragments de rivages sur lesquels je vois d’autres hommes qui bougent. Je les envie de pouvoir bouger. Ils s’animent sur un sol et je pense qu’il faudrait pouvoir aborder pour pouvoir, moi aussi bouger un peu. Mais en admettant que le flot m’y conduise, car je suis incapable de me diriger, quelle figure ferais-je parmi ces autres. Ils sont propres et à force de feindre l’insouciance ils ont obtenu l’insouciance. Alors je repose ma tête sur mon traversin fangeux et je ferme les yeux dans l’espoir d’obtenir un peu de nuit.
Au bout d’un temps inappréciable je rouvre les yeux lentement, avec précaution et peur du déjà-vu, mes yeux qui se fixent sur une pendule qui ne marque qu’une ou deux minutes de plus au lieu de la semaine ou du mois que j’avais espérés. Bon, voilà que la relativité du temps devient aussi douloureuse qu’une colique. Il est d’ailleurs possible que cette mer de m.e.r.de ait été formée par toutes ces coliques.
J’ai encore de la voix et j’appelle un médecin. Il arrive tard dans une barque. Il a l’air bon et cherche à me rassurer. Il griffonne une ordonnance : cinq gouttes trois fois par jour et éviter le contact de la m.e.r.d.e. « Merci docteur et pardonnez-moi de vous avoir dérangé pour si peu de chose.» Il est gentil, il répond : « Vous ne m’avez pas dérangé et puis, vous savez, vous n’êtes pas le seul malade dans la m.e.r.d.e que je n’ai pas pu sauver, moi-même je me sauve car la m.e.r.d.e monte. Alors, compris : cinq gouttes avant chacun des principaux repas et reposez-vous, si ça ne va pas, téléphonez-moi avant neuf heures. » - « Mais, docteur, je suis dans un lac de m.e.r.d.e, sans téléphone, sans rien. » Le médecin réfléchit dans sa barque et me griffonne une seconde ordonnance : deux comprimés d’Antifalgyne entre les repas.
J’entends ses rames battre ma M..... Il est parti et ne peut rien faire de plus.
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lewis
Messages : 740
Enregistré le : lundi 26 juin 2006 20:30

Description littéraire de la dépression par Chaval

Message par lewis »

ça sonne tout à fait juste à mes oreilles
merci Ella et bon vent dans la vie
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