Discussion sur le suicide

[Audette]

Oui c'est exactement ça ! je décide pas les images, elles s'imposent à moi sans que je puisse les maîtriser ! C'est souvent sous forme de flash et quasiment à chaque image qui vient j'ai l'impression de recevoir un coup à l'estomac. C'est pas agréable du tout...

[bandit]

A part ton changement d'habitation/cadre de vie, pas de changement médicamenteux ? Ou une évolution de quelque chose pas favorable selon toi ?

[Audette]

Non, j'ai fait une petite "cure" de seresta (comme dit ma psy) il y a un mois pour gérer les angoisses puis là je suis toujours au zoloft 100, sans grand effet mais bon les médoc et moi...

Je sais pas la cause... (te sens pas obligée de répondre bandit, je suis pas bien donc je réfuterais tout, je suis plus très lucide)

[bandit]

Ah non je me sens pas obligé, c'est normal quoi je m'intéresse à toi .

Ouai, les médocs et leurs effets... Mais ça va t'as l'air d'être investi et de prendre au sérieux tes traitements

Regarde si il y a pas quelque chose que tu perçois quand ca se déclenche, genre un objet, un mot, une odeur, ton ressenti, si il y a quelque chose qui revient toujours. Ca peut guider vers l'origine peut-être..

[Audette]

Ben à vrai dire en ce moment j'oublie tout le temps de prendre mon traitement... Et comme j'ai jamais senti les effets (ni positifs ni négatifs) en deux ans et demi de suivi, j'oublie encore plus de le prendre...

Oui, je vais essayer de remonter l'origine, il y en a sûrement une, même si parfois j'ai du mal à l'identifier. Quand ça se déclenche je ressens toujours la même chose : abandon (fictif, je ne suis abandonnée de personne), solitude (fictive aussi), immense tristesse et vide chronique.

[Audette]

En fait je me sens bloquée. J'ai tellement peur de déranger les autres que je n'ose rien. Cela peut aller très loin, quand je dors dans la même chambre que quelqu'un par exemple, je respire parfois une fois sur deux par peur d'embêter l'autre avec mon souffle...

Autre exemple : quand je veux voir un ou une ami(e), j'ose à peine demander car je pars du principe que l'on ne veut pas me voir alors que ce sont des personnes qui me témoignent de l'affection ! Comme je m'aime pas, j'imagine que les autres me trouvent aussi inutile que je le pense... Là, ça fait plusieurs jours que j'hésite à aller aux grandes eaux nocturnes avec une amie et j'ose même pas lui demande car j'ai peur que ça l'emmerde !!!

[bandit]

Ou c'est peut-être le contraire alors, il te manque quelque chose, un objet, un son, un ressenti, peut-être un "gri-gri"

Hum

"J'ai tellement peur de déranger les autres que je n'ose rien." C'est pertinent. T'en penses quoi ?

Est-ce plus facile d'oser prendre le risque du dérangement, ou de ne plus avoir peur de déranger ? (Tu me dis si j'en fais trop )

[Audette]

J'en pense que... j'en sais rien. Oui, je suis bloquée par la peur de déranger. Paradoxalement cela ne m'empêche pas de sortir, je vois du monde, je vois des amis, je sors le soir. Mais souvent sous couvert d'une aisance tronquée... Même avec mes amis les plus proches, j'ai toujours peur qu'on m'aime pas, parce que je m'aime pas moi-même ! E donc je projette...

C'est plus facile pour moi d'oser. Cependant quand j'ose je reste angoissée à l'idée qu'un jour on me tourne le dos. Si tu veux, je me cache derrière une indépendance alors que je suis totalement dépendante du regard d'autrui ! Comment expliquer... Je cherche l'autonomie, la liberté de mouvement pour me dégager de la peur d'être laissée tomber. J'ai jamais été abandonnée de ma vie je crois... Mais j'ai l'impression de l'être... Peur irrationnelle...

Je crois que je m'embrouille dans mes explications !

[Audette]

Vous avez déjà appelé un numéro d'écoute ? J'ai bien envie, je l'ai déjà fait plusieurs fois. Le problème c'est que le téléphone me pétrifie. Et je me demande à quoi ça me servirait de parler, pourtant ça pourrait être utile. J'ai plus grand chose à perdre au point où j'en suis (je rigole, restons soft mais je suis une loque en train de se décomposer)

[bandit]

Je sais pas comment sont recruté ces gens ^^'. Si tu veux parler à quelqu'un, test ; tu me dira ce que t'en as pensé si tu veux

[Audette]

SOS amitié ce sont des bénévoles qui ont été sélectionnés et ont suivi une petite formation. Fils santé jeunes c'est des psy et médecins. Ces derniers m'ont bien aidé, je les ai appelé deux fois et été plusieurs fois sur leur messagerie en ligne.

J'ai pas appel finalement, j'ai trop peur et je suis animée par ce "À quoi bon" permanent. Advienne que pourra. Non, plus sérieusement, je suis crevée et patraque mais il faut que je passe juillet. Après je pense que ça ira mieux

J'appellerai seulement si je suis en pleine crise suicidaire. Là je vais pas bien mais je suis pas un danger pour moi-même. Et puis le téléphone j'angoisse à un point terrible... Et je me dis que ça va pas servir à grand chose, je vais juste parler de moi, j'ai du mal à voir à quoi cela me servirait... Mais dans un sens ça me ferait du bien, c'est vrai. Je vais attendre, si je deviens trop glauque je le ferais !

[Audette]

Je suis assaillie par la colère et par l'angoisse, ça donne envie de se flinguer, ça me calmerait un peu. Mais je le ferais pas donc je reste coincée à pas pouvoir pleurer, à encaisser ma colère et mes tensions

[Paul35000]

Tu mérites pas de te faire tant de mal...

[Audette]

T'en fais pas, je vais mieux, chez moi c'est par "crise" et ça passe. Avant les crises duraient des mois, maintenant c'est quelques heures ou quelques jours ou quelques semaines, y a du progrès !

[Eight]

Audette, je voulais te demander : est-ce qu'il t'arrive de te sentir bien ou d'avoir soudain une soif envie de vivre, même si cette envie ne dure qu'une fraction de seconde ?

[Audette]

Eight,

Spontanément je dirais oui ! Forcément, puisque je suis encore en vie.

Je ne suis pas capable de dire que je VEUX vivre. En revanche, je sais que je PEUX. J'arrive à dire que j'aime certaine choses, que je veux construire. Néanmoins, je ne me projette pas, je ne sais pas faire.

Donc oui, il m'arrive de me sentir bien. Mais c'est souvent couplé à un immense sentiment de vide, à un fond de mélancolie, à une fureur contre la vie, ou à des pulsions d'auto destruction, même minimes. En revanche, vouloir vivre je ne sais pas. J'ai peur, trop peur de la vie.

Est-ce que j'ai répondu à ta question ?

[Audette]

Je suis sur portable, c'est chiant pour écrire ...

Là, j'ai à la fois envie de pleurer et de rire. C'est fatiguant...

Je pense vraiment que je veux vivre, mais ce n'est pas encore conscient. La vie est un obstacle pour moi. Je ne veux pas spéciale d'elle mais je ne veux plus non plus mourir. Je suis entre deux, coincée. Et en même temps je fais le choix de pas me tuer, donc je reste animée par un certain désir de vivre.

Il y a des moments que j'apprécie. Dont je profite, jamais à 100%, car comme j'ai expliqué, je suis vide. Et j'attends, j'attends que la vie passe, que le temps passe. J'attends tout, sans vraiment espérer quelque chose, sans être tenue par un rêve.

Franchement, je comprends tellement ceux qui veulent en finir. J'ai tellement essayé. Pourquoi lutter contre la souffrance quand elle dévore ? Je ne devrais pas raisonner ainsi, ce qui prouve que je suis encore emplie de vacuité et d'un sentiment d'à quoi bon permanent.

[bandit]

Je pense que tu le saura quand t'aura trouvé de bonnes et éternelles raisons de vivre et je te souhaite d'en trouver rien qu'une, si c'est pas déjà le cas en y réfléchissant à deux fois

[Eight]

Donc oui, il m'arrive de me sentir bien. Mais c'est souvent couplé à un immense sentiment de vide, à un fond de mélancolie, à une fureur contre la vie, ou à des pulsions d'auto destruction, même minimes. En revanche, vouloir vivre je ne sais pas. J'ai peur, trop peur de la vie.

Est-ce que j'ai répondu à ta question ?

Oui, c'était pour savoir si on était pareils sur ce plan là et je vois que oui. Je suis comme toi, je peux vivre mais je ne sais pas si j'ai envie de vivre car la vie pour moi est une succession d'épreuves et d'obstacles à franchir , tous plus pénibles les uns que les autres (comment aimer la vie dans ces conditions ? ). Moi aussi je me suis rendu compte depuis un certain temps que la vie me faisait peur. Elle implique trop d'émotions à gérer, trop de souffrances à traverser, trop d'angoisses... je n'arrive donc pas à l'envisager avec sérénité. Même le moindre petit moment de joie me fait peur car je me dis aussitôt : "qu'est-ce qu'il va encore se passer après ? ce n'est que le calme avant la grosse tempête ".
Je suis en colère contre la vie car j'ai l'impression qu'elle se joue de moi ou me teste en permanence, même quand j'ai l'impression qu'elle me sourit enfin. J'ai essayé de la voir comme une amie mais rien à faire, elle m'apparait comme une personne sournoise, implacable.

[Audette]

Eight,

Ma vision est plus apaisée que la tienne je pense. Néanmoins, j'ai énormément ressenti ce que tu ressens, du fond des tripes. Un désespoir à en mourir même.

Tu peux essayer de changer ta vision, mais il faut travailler sur les causes de ton mal-être aussi, c'est essentiel je crois. C'est comme un potager. Tu peux ratisser pour que ce soit beau en surface, mais si tu ne prends pas soin de la terre, les racines resteront enfouies et rien ne poussera.

La colère, je la ressens moins qu'avant. Mais comme toi, j'étais enragée contre la vie. Littéralement. Je lui en voulais de faire tant subir au monde, aux autres. Néanmoins, je la trouvais juste avec moi, je méritais de vouloir mourir, je me responsabilisais. En fait je haïssais la vie car je l'associais sans cesse à la souffrance.

Pour les moments de joie j'ai peur. J'ai peur d'aller bien. Car aller bien signifie se projeter, avancer et donc accepter l'existence avec tout ce qu'elle implique. Et je vois encore LA vie (la vie en général, pas la mienne) comme une épreuve menant fatalement à la mort. Donc à quoi bon ? J'ai connu des moments d'une douleur effroyable. Actuellement, je récupère, je souffle un peu plus. J'arrive à dire que j'aime certaines choses, que je prends plaisir. Mais j'attends que le temps passe, j'attends tout le temps. Mais quoi ? Je ne sais pas...

Je ne sais quoi te conseiller, car je pense que changer son regard sur la vie demande d'abord de travailler sur les causes de ton mal-être et je ne les connais pas. Mon regard commence à changer car je travaille sur moi-même, je comprends, je tente de construire. J'ai taffé sur les causes, pas que là-dessus mais il le faut. Il n'y a malheureusement pas de bonne parole unique pour aider quelqu'un dans sa souffrance. Et avancer seul c'est difficile....

Ton regard n'est pas figé, il peut évoluer. Tout dépend les choses que tu vas entreprendre. Mais pour aller mieux, les causes sont primordiales à comprendre (s'il y en a !).