Bonsoir,
je reviens sur le forum pour donner des nouvelles de ma fille 14 qui a finalement été hospitalisée à la Clinique Bel Air à Crosne, essentiellement parce qu'elle se sentait plutôt depressive. Je voudrais partager l'expérience que nous sommes en train d'y vivre et récolter vos avis.
Merci à toutes celles et ceux qui auront la patience et la gentillesse de me lire et de répondre
Donc : ma fille y est hospitalisée depuis à peine 12 jours. L'intention initiale était de faire le point sur son état toujours un peu triste, des difficultés à se relationner aux autres, aussi elle témoigne de ne pas être certaine si des sons ou des visions sont réels ou imaginaires (des hallucinations ?).
Je re-précise que ma fille a subi des épisodes de harcèlement il y a deux ans, dont elle ne s'est jamais réellement remise, et qu'en novembre dernier elle a fait une TS en avalant 6 Dafalgan. A l'Hôpital Debré à Paris, ils l'ont gardé 10 jours. Le bilan de sortie attestait : pas de symptômes dépressifs, pas de pb post-traumatiques, un suivi en TCC et puis c'est tout. Pas plus grave que cela, en quelque sorte...
Elle a continué a faire ses séances hebdomadaire avec son pédopsychiatre, mais son humeur est resté triste, des problèmes de déscolarisation se sont installés. Elle a commencé à sécher l'école, mais pour faire une vie à elle avec une copine, elle aussi déscolarisée (plus précisément scolarisée en SAPAD pour phobies scolaires). Bref, j'ai toujours hésité : si ma fille ne faisait pas tout simplement une crise d'adolescence +++ ou si elle souffrait d'une maladie.
Son pedospy voulait en avoir le coeur net et sur sa demande et celle ma fille (elle était très partante pour cette hospitalisation) elle a donc été hospitalisée à Bel Air.
Il y a plusieurs choses qui m'interroge sur le fonctionnement de cette clinique : en deux semaines, elle aura vu de manière successive trois médecins différents qui "se passent" son dossier. Nous sommes au mois d'août et nous avons à faire avec des remplaçants de remplaçants.
Le docteur qu'elle a vu la première semaine, m'appelle samedi dernier 18h30, parce qu'elle voulait mettre dès le soir même un traitement : du Prozac, sans me donner des explications circonstanciées. Nous avons un rdv de bilan ce mardi, j'ai donc refusé de prendre une décision à la va vite, d'autant plus que ma fille se montrait plutôt joyeuse, surtout quand sa copine venait lui faire visite, et pendant toute la journée du dimanche où elle a pu faire son shopping, se colorer les cheveux... Toujours d'humeur un peu changeante et bien décidée à faire qu'à sa tête, mais pas vraiment abattue.
Bref, ce mardi : première réunion de bilan avec un deuxième médecin (le premier est parti en vacances), qui nous annonce qu'il ne restera qu'une semaine, le temps que le principal, le docteur Cosseron, ne revienne de ses congés à lui. Ce deuxième médecin n'a vu ma fille qu'une fois.
Il démarre l'entretien en annonçant qu'il sera question de décider de la mise en place de ce traitement sans préciser lequel, ni pourquoi. Il insiste pour que ce soit nous parents à faire le bilan d'abord : si on avait remarqué une amélioration de notre fille depuis son arrivée. La question est étonnante, on ne l'a quasiment pas vue ! Par contre on peut dire que le dimanche, elle était toujours un peu pareil. Et là, il avance donc son raisonnement : pas d'amélioration, donc traitement, puisque pas d'amélioration, comme si douze jours d'activités thérapeutiques pouvaient résoudre d'une baguette magiques ses problèmes...
Et il annonce un autre traitement que celui de sa collègue : du Abilify, toujours évidemment sans dire à quelle pathologie cela correspond parce qu'elle est trop jeune pour poser un diagnostic. Mais alors pourquoi choisir telle ou telle molécule qui est censée soigner telle ou telle pathologie ? Je trouve qu'il y a quelques chose d'incohérent à ne pas vouloir nommer à quoi peuvent correspondre les symptômes, quelle maladie peuvent-ils annoncer et administrer des médicaments qui sont indiqués pour des pathologies précises. Est laissé ainsi une zone vague, parce que le cerveau et la "structure psychique" est en devenir, soit, tout en agissant chimiquement de manière très précise. Pour moi il y a une contradiction.
Il motive ce choix de l'Abilify par ses symptômes qu'il définit de psychotiques. Je note entre parenthèses ma vision à moi :
- discordance entre expression faciale et mots (ma fille dit être joyeuse mais elle l'air maussade, en effet, mais en général c'est plutôt un air blasé, de dérision ou auto-dérision qu'elle assume)
- elle est réservée (toutefois elle participe à toutes les activités et répond quand on l'appelle)
- labilité des émotions (comme beaucoup d'ado..)
- émoussement affectif (oui, elle est plus atone, mais rester 12 jours dans une clinique, sur deux étages.. il y a de quoi s'ennuyer aussi...)
- elle ne parle pas beaucoup (en effet, mais elle dessine, écrit, il est vrai qu'elle peut se fatiguer vite de la présence des gens qu'elle n'aime pas)
- elle craint de ne pas bien distinguer le réel de l'imaginaire, parfois elle qualifie cela d'hallucinations plutot visuelles moins sonores (elle a toujours eu une grande imagination dans laquelle elle se réfugie, effectivement depuis son harcèlement ces mondes imaginaires sont plutôt tristes, elle traverse une bonne période "dark" même au niveau vestimentaire, mais pas que, elle a un réel intérêt pour les mises, les coiffures qu'elle choisit avec beaucoup de goût même si elles sont étonnantes).
....
Bref, je me renseigne sur ce Abilify : administré pour schizophrénie ou troubles bipolaires.
Alors là, je suis plutôt perplexe : le premier médecin voulait la mettre illico presto sous Prozac et ce deuxième médecin, après une seule séance, lui met un médicament pour schizophrène ou bipolaire. Bingo ! Je précise que ma fille n'a jamais tenu des propos incohérents, n'a pas fait des up et down, ne manifeste pas des troubles de type maniacale.
Elle est triste, un peu trop à fleur de peau, se vexe facilement et se fatigue effectivement rapidement des gens qui l'entourent si on l'ennuie, se rebelle et s'irrite facilement, a peu d'amies, mais celles qu'elles a sont fidèles et elle leur est fidèles... Continue à avoir des intérêts bien à elle, même si cela est très éloigné de l'école, certes...
De là à lui donner un médicament comme Abilify, après une procédure d'observation qui me paraît lacunaire, fragmentée, contradictoire entre médecins et un peu rapide....
Pour le moment, nous n'avons pas donné un consentement pour ce médicament.
Voilà mon témoignage.
Mes questions :
Y a-t-il des personnes dans le forum qui pourraient me répondre sur leur expérience éventuellement au début d'un trouble bipolaire ? Je sais que le diagnostic est souvent posé très tard et qu'il serait préférable de démarrer un traitement avant, mais là j'ai des sérieux doutes sur le bien fondé de ce qui m'a été décrit à propos de ma fille aujourd'hui et surtout de la méthode de travail dans cette clinique.
Y a t il quelqu'un qui peut me donner un avis sur ce médicament : Abilify ?
Merci encore à celles et ceux qui auraient eu le courage de lire ce long message ! Ey je suis preneuse de toutes vos réactions, elles m'aideront à mieux comprendre !
Belle soirée !