Achevant sa course folle,
La lune nous avait quitté.
Nous étions descendus au sol,
Après une nuit agitée.
Une vie avait pris son envol,
Sans doute par un tigre emporté.
L’obscurité prend son obole,
Depuis que notre monde est né.
Comme chaque jour, nous l’avons vu
Rôder aux limites de nos terres
Un étranger à la tribu
Hominidé d’un autre père.
Un jeune, probablement perdu,
Tapi dans l’ombre des fougères,
Espérant autant qu’il le pu
Ne pas rester un solitaire.
Je suis le chef de mon clan.
Sur lui je règne sans partage.
J’ai gagné ce droit dans le sang.
A force de crocs et de rage.
Et cet intrus de moindre rang
Qui envahi mon paysage
Eveille en moi le dominant
Et perdra donc sa vie en gage.
Nous sommes à l’aube de votre histoire,
Et de vous tous, je suis l’ancêtre.
Si vous cherchez dans vos mémoires,
Vous y retrouverez peut être,
L’instinct qui me poussa à croire
Que je devais tuer cet être,
Pour que je sois seul à pouvoir
Une partie de mes gènes transmettre.
Si nous pouvions un jour lutter,
Contre ce programme pervers,
Ce mauvais tour de la nature,
Qui pour une once d’éternité,
nous pousse à nous battre entre frères
En une chorale de meurtrissures
Si nous pouvions nous libérer
De notre angoisse de l’éphémère
Alors nos nuits seraient plus sûres !
Nomade

