Dépression liée au travail - écrit du 15 mai 2024

Répondre
AnonymousJL
Messages : 1
Enregistré le : mercredi 15 mai 2024 15:16

Dépression liée au travail - écrit du 15 mai 2024

Message par AnonymousJL »

Parait-il qu’il faudrait écrire pour nous aider à comprendre nos émotions. Du moins, c’est ce que ma psychologue ou une psychiatre rencontrée lors d’un rendez-vous a pu me dire.

Alors, nous en sommes la. A écrire. Raconter nos sentiments, comme si nous ne les connaissions pas déjà.

Les semaines me paraissent longues, et vide, depuis le début de cet épisode. Il m’est difficile de comprendre dans quelle mesure j’ai pu devenir la personne vide que je suis aujourd’hui. La jeune fille hyper active, sportive, maniaque, toujours prête pour de nouvelles expériences, qui travaille dure mais trouve le temps de s’imaginer faire un ménage de printemps lors de son prochain seul congé, ou encore de démonter un meuble pour le remettre à neuf. Cette jeune fille, pleine de vie, introvertie mais rigolote, cette jeune fille aujourd’hui a, pour moi, jamais existé. Il s’agissait d’un rêve, et aujourd’hui, j’en rêve.

Comment l’idée de sortir de mon lit, prendre une douche et, pire, descendre une poubelle me parait être une mission insurmontable?

Mon coeur est douloureux, ces douleurs musculaires qui englobent tout mon corps malgré 9h de sommeil. Ces vagues de froids, puis de chaleurs. Ces spasmes musculaires qui ne semblent pas localisé, et qui me donnent l’envie de m’arracher chaque membre, mes bras, mes jambes. Ces maux de gorge, ces maux de tête, mais pourtant aucune fièvre. Alors, cela viendrait bien de ma tête, selon les spécialistes.

Comment le corps peut-il me faire souffrir ainsi? Après tout ce que j’ai fais pour lui? D’accord, je n’ai pas toujours été irréprochable. J’ai sans doute parfois abusé de l’alcool et des substances, lors de certaines soirées. Mais tous ces fruits et légumes, glucides, protéines, parfaitement pesés chaque jour pour offrir à mon corps ce dont il a besoin? Tous ces réveils à 5h15, pour pouvoir offrir à mon corps une heure de sport intensif avant de commencer une belle journée de travail. Comment peux tu me remercier ainsi?

J’en suis donc la. Questionner mon propre corps sur une fiche Page de mon Macbook un mercredi après-midi, 15h06, alors que tout le monde poursuit sa vie à l’extérieur. Que chacun poursuit la conquête de ses objectifs. Je suis la, inerte, bloquée, sans vie. A quoi bon vivre, d’ailleurs, si c’est pour être dans cet état. Mais pourtant, j’ai tant de belle choses à vivre ! Mais quoi? Quoi?

Toutes ces belles choses dont je rêvais, ou que j’imaginais vivre, appartiennent à ce rêve que j’avais de moi. De cette belle jeune fille pleine d’énergie et prête à relever tous les défis de la vie pour atteindre son idéal. Prête à travailler dure, quitte à négliger sa santé.

Oui, cette jeune fille est en train de bousiller sa vie à cause d’une personne. De la personne la plus malhonnête, arrogante et méchante que j’ai pu rencontrer. Si seulement cette personne avait pu être mon compagnon de vie, me retrouver dans cet état aurait été compréhensif. Il est si dure de comprendre que je suis dans cet état à cause de mon directeur, en finalité, à cause de mon travail.

Cet homme, en qui j’avais confiance et qui pourtant m’a berné. M’a utilisé pendant des mois, et des mois, et des mois, en me privant de vie sociale pour pouvoir s’offrir la sienne. Devoir s’occuper des clients les week-ends, durant mes vacances, les jours fériés. Pendant que lui se pavanait librement, au bar, à Monaco. Cet homme qui, sans gêne, donnait mon numéro de téléphone aux clients lorsqu’on l’appelait le week end pour me refiler la patate chaude.

Des mois, et des mois, sans véritable repos. Des mois de stress, à regarder son téléphone à chaque instant. Est ce que j’ai bien envoyé cet email? Est-ce que tout est bien en place? Mais pourquoi? Il est 22h et tu es dans ton canapé avec ton compagnon que tu aimes plus que tout au monde, et tu penses aux clients. Pourquoi? Car tu cherches la validité de cet homme. Pourquoi? Car tu as peur de cet homme, et que tu donnes corps et âme pour obtenir sa validation et son respect, de peur d’être prise pour cible comme il a pu te le faire auparavant. Cette emprise rythmée par ignorance, manipulation et humiliation au travail.

Un environnement toxique, des congés accumulés et jamais posé. A quoi bon partir en vacances, si c’est pour travailler? A quoi bon partir en vacances, si c’est pour avoir des appels de tes collègues alors que tu ai paisiblement en train de te pavaner pieds nus sur la plage, pour qu’ils t’expliquent une situation que tu ne peux pas régler à distance? Je n’oublierai jamais. Mes deux pieds, sur le sable, et mon corps qui s’emballe. Les larmes qui montent.

Parler de cet homme, je n’en peux plus. Je dois le faire 2 fois par semaine avec ma psychologue, j’ai du raconter l’histoire un milliard de fois. Elle me fatigue, cette histoire. Plus je la raconte, plus elle me parait ridicule, insensé. Comment as pu tu être aussi bête?

Cet homme, j’ai menti pour lui, pour l’aider. Menti à des clients, en faisant des choses complètement illégales. Pour obtenir sa validité. Au final, j’ai obtenu un crachat en pleine figure, que j’ai encore du mal à nettoyer deux mois plus tard.
Avatar du membre
Cosmostar
Messages : 99
Enregistré le : samedi 11 mai 2024 0:48

Dépression liée au travail - écrit du 15 mai 2024

Message par Cosmostar »

Je viens de te lire :fleur:

Tu n'as vraiment pas eu de chance il me semble que tu t'es retrouvée dans un milieu de requins sans avoir été préparée et armée correctement à y faire face. Tu ne peux pas t'en vouloir pour ça, on prépare très peu les gens à la cruauté du monde, souvent quand ils en parlent, ça paraît si gros qu'on ne les croît pas. La naïveté des uns et leur lâcheté à voir le mal fait le jeu de certains autres... Malheureusement il en a toujours été ainsi et tu t'es trouvé au mauvais endroit auprès de mauvaises personnes. J'appellerai ça quelque chose d'accidentel... Comme comme un animal dans son milieu naturel se retrouve malgré lui nez à nez avec une voiture: comment pourrait-on lui demander de faire le poids? Est-ce qu'il y peut quelque chose, ce petit sauvage, si des individus qui ont tout mis en place avec égoïsme pour leurs propres bénéfices au mépris des siens, si ils lui ont fait une route à la place de son herbe à lui? Rien du tout... Il se trouve au mauvais endroit, et a rencontré la mauvaise personne, qui refusera de freiner.
Une chose est sure, s'il y survit, il aura appris à se méfier de l'humain et de ses routes cruelles. Tu feras pareil, tu survivras, tu t'en remettras, comme les animaux, qui sont très intelligents et dont l'instinct et la mémoire sont presque une seule et même chose, tu auras un avantage dans l'avenir, car tu as survécu, c'est un tour de force dans ce genre d'environnements et je pèse mes mots. Et tu feras comme tous les autres animaux: ne pas sous estimer le prédateur, ne pas se croire toute-puissante, et ne pas leur donner de pouvoir dans la mesure du possible s'éloigner d'eux. Peut-être qu'un jour c'est toi qui auras vécu suffisemment longtemps pour devenir forte et leur faire la chasse! :langue1:

Oh je ne veux pas dire que tous ceux qui vivent ce que tu as vécu passent au suicide, mais il existe des formes de mort psychologique: certains deviennent des zombies, disent oui à tout, finissent par trouver tout ça normal et ne s'en indigneront même pas, ils se soumettent et ça durera toute leur vie... Même si c'est "trop tard", je peux lire que tu as encore ces mécanismes qui fonctionnent, tu peux éprouver de la douleur, t'indigner, être en colère... très désagréable, mais plutôt bon signe de vitalité, tu as échappé à ça.

La recherche de validation est une faiblesse que beaucoup n'hésiteront pas à exploiter, c'est un résidu de la période de l'enfance en particulier quand on a pas été valorisé et encouragé à l'autonomie et qu'on a pu exister qu'à travers l'adulte et son approbation (et souvent plutôt désapprobation), ou alors adultes totalement absent à qui tout est égal. Tu vas devoir devenir ton propre "organisme de validation". Trouver tes valeurs morales à toi, des valeurs qui vibrent suffisemment en toi pour que quand tu t'y tiennes, ça te suffise à "t'auto-approuver", ça te serve de repère pour savoir si ce que tu fais te conviens ou pas, est bon pour toi ou pas. Si tu n'as pas eu ça par ton éducation, c'est long, mais ça se travaille :wink2:

C'est normal de consulter son boss pour avoir son aval, ses consignes, en revanche si ça prend des proportions sur ta psychologie, c'est un lien biaisé d'exploitation.

Ne boude pas la vie ce n'est pas elle qui a été cruelle avec toi, c'est seulement lui qui l'a été, et envers elle aussi. Quand le temps aura fait son travail tu seras un peu plus apaisée, le souvenir de ce mauvais type aura retrouvé une proportion normale pour toi, simplement celle d'un individu méchant. Tu verras que tu as beaucoup plus de ressources que tu ne peux en ressentir dans l'immédiat, et qu'elles se remettront à fonctionner petit par petit. C'est comme ça, après une guerre il faut beaucoup de repos!

Tu as plein de choses à faire, tant pis si tu n'as pas envie de les faire tout de suite, mais voilà, quand tu seras assez reposée, il y a un chemin qui t'attend. Toutes mes vibes vont vers toi :jap:
Répondre
  • Sujets similaires
    Réponses
    Vues
    Dernier message