Ça fait si longtemps que je suis dans ce tunnel que j'ai l'impression de ne plus comprendre quoique ce soit.
La dépression vous pousse à chercher des réponses parfois philosophiques et Internet m'a conduit naturellement dans les années 2000 à des philosophes/écrivains comme Schopenhauer ou Cioran. Je résume et simplifie grandement mais au cœur de leurs philosophies se trouve l'idée qu'il ne vaudrait mieux ne pas être né.
Lorsqu'on est en dépression, cette idée vous marque au fer rouge, votre cerveau vous dit de sa voix la plus convaincante "Ils ont raison ! Vivre n'est que de la souffrance". Quand bien même d'autres philosophes n'arrivent pas à la même conclusion. Quand bien même ces philosophes ne professaient même pas le suicide, mais proposaient des solutions pour vivre le mieux possible. Malheureusement, de deux idées, votre dépression vous fait toujours choisir la plus noire, car elle vous parait la plus en résonance avec votre malheur. Vous avez beau rationaliser, vos "tripes" vous disent que la vie est un cauchemar et que votre dépression n'est pas une maladie mais juste une trop grand lucidité, et les exemples ne manquent pas autour de vous pour aller dans ce sens : guerres, massacres, traitement des animaux, maladies (Alzheimer notamment), absurdité de la vie, etc.
Je suis constamment en lutte, une partie de moi cherche désespérément à contrer l'autre partie de moi qui est convaincue qu'il y a toutes les raisons du monde pour considérer la vie et la conscience comme un affreux accident de l'univers, du coup, je suis parfois dans une posture de provocation vis-à-vis des gens autour de moi car je meure d'envie qu'ils me **prouvent** que la partie sombre de moi à tord. Mais ça ne marche pas, comme si on pouvait "prouver" que la vie vaut le coup d'être vécue... et de plus, au bout d'un moment, lorsque vous dites à votre moitié ou vos amis que la vie n'est que souffrance en espérant de façon pervers qu'ils vous démontrent le contraire, et bien... bah les gens vous fuient hein, c'est normal.
Malheureusement, ce que chez beaucoup de monde ces questionnements philosophiques sont "en fond" de leur existence, chez moi, ça me met dans un état de prostration mental, je ne veux plus rien expérimenter, plus rien créer, plus rien faire car ... "à quoi bon ? Tout se termine de toute façon, tout meure". J'ai l'impression que soit mon esprit, soit ma dépression me met dans une quête d'absolu qu'il est impossible de satisfaire, sauf peut-être à être frappé par la grâce divine

Tout cela pour dire que je ne sais finalement pas si je suis en dépression. Cliniquement, j'ai été diagnostiqué, j'ai fait 8 mois dans une clinique, on a tenté des ECT qui ont dû être interrompus pour raison de risque de santé, j'ai eu des sessions d'EMTS, j'ai le même traitement antidep+anxio depuis des années et je suis toujours dans ce même état de détresse psychologique dû au fait que je suis "convaincu" qu'il vaudrait mieux mourir et que ça ne sert à rien de faire quoique ce soit dans ce monde.
Si j'écris ce post, c'est comme une bouteille à la mer, je préfère écrire ici que dans un journal que personne ne lira jamais.
Bon courage à toutes et tous