Si vous cherchez un emploi en France et que vous désespérez d'en trouver, certains d'entre vous ont peut être eu l'idée de partir au Royaume-Unis, réputé pour être plus flexible en matière d'emploi et pour en avoir plus à proposer. Comme dans tous les pays, il y a des avantages et des inconvénients.
La flexibilité de l'emploi vs le coût de la vie
Avec les contrats 0 heures, les anglais ont certes réussi à faire baisser le chômage, mais cela a augmenté drastiquement le nombre de travailleurs pauvres. Il faut bien comprendre que travailler en Angleterre, cela peut signifier faire l'expérience d'une grande précarité. Avant de partir, il semble donc indispensable de mettre un peu d'argent de côté, et/ou d'avoir encore quelques mois de chômage sur lesquels compter. Il est également nécessaire de se faire à l'idée que le logement risque fort d'être exorbitant. La collocation est extrêmement répandue au Royaume-Unis! L'aspect positif, c'est que vous trouverez sans doute vite à vous loger et que vous pourrez repartir aussi vite que vous le souhaiterez. Même hors collocation, il est plus facile d'accéder à un logement qu'en France, les bailleurs sont moins exigeants. Les baux sont en général de six mois à un an, et vous pouvez partir quand vous voulez tant que vous donnez un mois de préavis. Là-bas comme en France par contre, il faut payer une caution d'un ou deux mois.
En collocation, l'aspect qui peut en faire reculer certains, c'est la vie en communauté - parfois très, très étroite (plusieurs personnes dans une même chambre, grandes collocation de 10 ou plus...). Mais si cela ne vous fait pas peur, cela peut devenir une belle expérience de vie collective : partage des tâches, découverte d'autres cultures, fonder de belles amitiés et représenter sa propre culture à l'étranger (soirée crêpes bretonnes, flammeküeche?). Et puis démarrer dans une nouvelle ville n'est pas toujours évident. S'installer dans une collocation, cela facilite l'intégration. Parmi les colocataires, il peut y avoir des anglais, tout comme des étrangers séjournant depuis plus ou moins longtemps en Angleterre: leurs conseils vous seront précieux.
Garder au chaud de quoi se payer un ticket retour et prévoir un point de chute en France si vous devez rentrer précipitamment est aussi une bonne idée (un ami ? Un parent?). En matière de santé, il y a de bonnes et de mauvaises choses en Angleterre. Leur système de santé est moins bon que chez nous, l'espérance de vie varie plus là-bas qu'en France en fonction de la classe sociale (et, du coup, des quartiers). Mais les médicaments génériques coûtent moins cher que chez nous (exemple, le prix du citalopram a chuté de 90% lorsqu'il a été génériqué).
- A LIRE sur le site de la Sécurité Sociale, infos sur les droits sécu et chômage : Vous êtes au chômage, vous partez chercher un emploi en Europe : droits et démarches
- Pour voir l'offre de collocations au Royaume-Unis, les sites sont pléthoriques. Faites une recherche avec les mots clefs "uk" et "roommates".
- Un blog pour se renseigner sur la vie à Londres en tant que Français : http://vivrealondres.com/ sur les quartiers où habiter voir cet article
- Statistiques du "Vivre mieux" de l'OCDE, Royaume-Unis: Votre indicateur du Vivre Mieux - Royaume-Unis (comparateur, vous pouvez surfer entre les pays)
- Vidéo FranceTVinfo : L'angle éco : A Londres, l'espérance de vie varie d'un quartier à l'autre
Mais le grand avantage, c'est l'expérience que vous pourrez acquérir. Car c'est l'occasion de toucher à plusieurs corps de métiers. Celle, aussi, d'avoir des responsabilité plus tôt que vous n'en auriez eu en France. Et donc, un très bon moyen de découvrir ce dont vous êtes capable sur le terrain, pour ensuite garnir votre CV et aborder les entretiens avec plus d'aisance et d'assurance quand vous rentrerez (si vous rentrez!).
Et puis le chômage, c'est l'ennui. On perd l'habitude d'aller travailler au quotidien. Les journées sont déstructurées. Le moral est bas. On perd la confiance en ses compétences et ses connaissances. On perd le sens de son identité professionnelle. Partir travailler ailleurs, c'est une façon de reprendre le contrôle de sa vie. Vos futurs employeurs seront certainement plus impressionnés par votre parcours si vous pouvez faire état d'une expérience anglaise au lieu d'une carence de plusieurs mois/années sans aucune activité.
En conclusion, pour tous l'Angleterre ? Peut être pas. L'aventure semble difficile à entreprendre si vous avez des enfants ou des adultes à charge. Il faut également être quelqu'un de flexible, prêt à déménager plusieurs fois, à accepter des contrats à horaires non fixés, parfois très en-dessous des salaires auxquels vous avez été habitués ou êtes en droit d'attendre en France. Si vous partez en pensant que vous allez faire fortune, vous risquez d'être déçu. Par contre, si vous partez avec le désir de vivre quelques chose qui vous aidera à trouver votre profil professionnel, c'est un bon choix. Jeunes en mal d'emploi et surtout d'expériences professionnelles, et si cela fait trop longtemps que vous êtes coincés chez vos parents et rêvez d'un peu d'autonomie, le pari risque fort d'être gagné.
Do you speak english ? La question de la langue
La question de la langue peut paraître comme un obstacle. Certes, il vaut mieux au moins se débrouiller un peu en anglais. Je vous recommanderais cependant de ne pas être trop exigeant envers vous-même sur vos compétences linguistiques :
- une langue ça se perfectionne rapidement quand on est dans le bain.
- plus vous êtes jeunes, plus cet apprentissage sera rapide.
- si vous venez d'une famille binationale et/ou maîtrisez déjà une deuxième langue, vous verrez que ce sera d'autant plus simple d'en apprendre une troisième.
- au chômage, pensez à demander à Pôle Emploi si vous pouvez bénéficier d'une formation à l'anglais financée (et/ou: à qui vous adresser sinon pour obtenir le droit à une telle formation). Les langues sont de plus en plus appréciées en général sur les CV, ce n'est donc absolument pas quelque chose d'inutile, que vous choisissiez de partir en Angleterre ou pas.
- Il n'est absolument pas nécessaire de parler un anglais parfait avant d'oser ouvrir la bouche. Les anglais ont l'habitude d'une forme d'anglais simplifiée, parlée par de multiples nationalités. C'est un pays très multiculturel, les anglais sont de grands voyageurs, quelle que soit leur origine sociale. Ils savent ce que c'est d'être forcés de se faire comprendre dans une langue dont ils n'ont que quelques notions, ainsi que de côtoyer des gens qui ne maîtrisent pas l'anglais. Pour eux, ce n'est pas du tout une honte de ne pas être très bon en langue. Par exemple, si vous ne maîtrisez pas les temps, ce n'est pas grave. Il suffit de précéder la phrase de "yesterday" (hier) ou "tomorrow" (demain) ou "earlier" (plus tôt) ou "later" (plus tard). Plus vous vous laisserez aller à bavasser dans un anglais approximatif, plus vite vous vous améliorerez, sans presque vous en rendre compte.
- Certains employeurs peuvent être directement intéressé par votre langue française (et éventuellement vos contacts, vos réseaux en France) - dans le tourisme par exemple, mais aussi dans bien d'autres secteurs. Être Français, cela peut donc être une carte à jouer, et ce avec un faible niveau d'anglais.
Bien sûr, le type de travail que vous recherchez définira le niveau d'anglais nécessaire. Cela dépendra de la complexité de ce que vous aurez à exprimer et comprendre. Il est évident, par exemple, qu'il faudra un niveau supérieur et spécialisé si vous devez vendre des produits d'assurance. Alors que, dans la restauration par exemple, votre niveau importera nettement moins si vous avez seulement besoin de retenir si un client veut des frites ou une salade.
A LIRE sur le site de Pôle Emploi, avec des informations précieuses pour se former à l'anglais : Les langues, une carte à jouer
