Comment gérez-vous votre colère ?

[Audette]

Je suis dans une rage dévastatrice ! J'en peux plus, je pourrais tout casser, tout détruire tellement j'en peux plus. Je craque complètement, je ne sais plus comment faire.

Comment arrivez-vous à prendre du recul ? Comment lors de ces crises terribles, vous parvenez à vous calmer ?

[poussière]

J'suis pas le mieux placer pour donner des conseils à ce sujet, car je la gère ... Difficilement. Après y a 2 sortes de colère, une destructrice et une créatrice d'énergie. Enfin pour se calmer, je conseillerais déjà si possible de couper momentanément le lien avec ce qui nous mets en colère et de prendre de grandes et longues aspiration.

[Audette]

Merci de ta réponse poussière !

Perso je suis dans la rage destructrice, que je tente de transformer en mots, en poèmes... C'est une bonne idée de différencier les types de colère ! Quand je suis en colère j'ai des idées terribles, envie de tout péter, de hurler, je tremble, je respire mal, envie de pleurer, incapacité à rester en place, sentiment d'imploser... Je sais pas on dirait un mélange de colère et de crises d'angoisse,
Ta colère a une cause concrète ? La mienne est plutôt flottante. Disons que je suis une cocotte-minute qui bout tout le temps, mais une lini hausse de thermostat et tout se dérègle, sans que je l'exprime. Je suis globalement toujours en colère, la cause de la colère n'est qu'un symptôme d'une rage plus profonde.

J'aimerais m'en débarrasser mais je suis en colère contre mon père et je suis encore chez mes parents (j'ai 19 ans), c'est donc compliqué ! En revanche je vais réessayer ta technique pour mieux respirer. J'ai le souffle coupé et en bazar quand j'ai la haine (cette expression est forte mais c'est tellement ça...) je réussis pas à la canaliser mais peut-être qu'à force de pratique j'y parviendrai ?!

[Détachement]

Bonjour Audette,

Étrangement, je gère plutôt bien la colère (voilà l'une de mes rares qualités, j'exagère un peu en disant "plutôt bien"... mais chut, c'est pour mon self estim ).

Déjà, c'est vrai que c'est plus facile de prendre du recul, quand on a plus de liens avec l'objet ou le sujet de sa colère, comme le dit Poussière. Mais ce n'est pas toujours facile. Parfois, c'est au prix d'immenses sacrifices, matériels ou d'autre nature.
Mais le jeu peut en valloir la chandelle, j'ai du passer par là ... parce qu'il arrive que, parfois : plus le choix.

Après, je pense que je me change tout bêtement les idées en me dirigeant vers quelque chose qui va prendre beaucoup de place dans ma tête, tellement ... je m'efface si tu veux. Après, il m'est plus facile de laisser infuser et de voir clair, dans par exemple, ma place, et celle que le sujet de ma colère prend.

Après, je ne suis pas spécialement rancunière ...
Je sais, je ne t'aide pas beaucoup ...

Edit : Mince, tu viens de reposter, je me sens bête du coup.
Oui, vis à vis de mes parents, certainement. À un moment, je me suis barrée, je n'ai pas eu le choix. Puis, plus tard, j'ai du revenir ... manque de moyens, de tout. Je m'évadais en faisant la technique de me bourrer le crâne jusqu'à m'effacer.

[Audette]

Holà Détach,

C'est vrai que tu sembles bien gérer la colère, enfin au vu de tes messages ! T'as l'air mesurée, la force tranquille quoi !
Donc tu arrives à prendre du recul ? C'est une vraie force, j'en suis incapable dans ces états là. Je confonds relativisme et refoulement. Je m'interdis la colère, ce qui la renforce conséquemment... Généralement la colère se calme d'elle-même dans mon cas. Mais elle ne disparaît pas car je ne l'ai pas "traité", mais elle me fatigue tellement qu'elle me rend incapable de tout.

D'une manière générale je suis pas spécialement rancunière non plus... Sauf avec moi-même et avec mon père. Je n'oublie pas facilement le mal que l'on me fait mais j'en veux rarement aux gens. Evidemment le cas de mon père est différent. Je lui en veux, j'arrive pas à pardonner et surtout à ME pardonner d'avoir ressenti ses actions si négativement quand j'étais petite.

Et si tu m'aides Détach, tu m'écoutes et c'est déjà une aide l'écoute ! Alors merci à toi et poussière !

[Détachement]

Audette,

Oh non ... pas si tranquille, regarde le message sur ma belle mère d'hier

Plus sérieusement, je ne connais pas ton cas personnel. Je vais parler en songeant à ta colère destructrice.

Si tu ne peux pas faire plus que ce que tu peux faire ... et bien ... pourquoi continuer de t'en vouloir ?
Et si tu as tout tenté pour que cette personne change, sans succès, c'est peut-être parce que cette personne ne peut/veut pas plus pour le moment ? Peut-être qu'elle est fermée, n'écoute pas et ... peut-être qu'il lui faudrait une bonne claque, dans sa vie perso (parce que certaines personnes sont plus réceptives l'herbe coupée sous leurs pieds) pour qu'elle s'en rende compte ? Cette claque arrivera, ou n'arrivera pas. J'espère pour toi qu'elle arrivera.

C'est vrai qu'il y a le refoulement qui est différent. Mais relativiser, ce n'est pas forcément "traiter sa colère". Je dirais que c'est donner la chance à la vie, plutôt qu'à sa propre incapacité.

Hier, j'ai pêté mon cable sur le comportement de ma belle mère sur le fofo, le temps d'un post, et c'est passé, ce n'est pas du refoulement mais je n'ai rien "traité" du tout. J'ai accepté que ça me mette en colère.

Mais par exemple, je sais que je garde au fond de moi la colère que j'ai pour mon frère. Mais plus j'y réfléchis et plus je me dis que ... les choses auront l'importance que je voudrais bien leur donner.
Et là, et bien ... j'essaie de faire du mieux que je peux devant mon impuissance à faire changer les choses. D'admettre que je lui serais inutile et que je ne pourrais rien faire pour lui.
Mais me faire du mal pour mon impuissance ? Oh non ! Faut pas pousser non plus , il ne m'a pas aidée à l'aider.
Je crois, avec beaucoup de folie, à l'impermanence et j'espère naïvement qu'il va évoluer, peu importe le sens.

Tu sais, je vais tenter de te "rassurer" sur un point.
Je n'ai rencontré personne qui n'a pas de colères non traîtées, enfouïes au fond d'elles.
Je le sens, point.
Inutile de me mentir

Après, peut-être que je ne comprends pas tellement où tu en es, qu'on n'a peut-être pas les mêmes mécanismes de colère ... et il se peut que je dis des grosses âneries. Si c'est le cas, prière de me le dire, de me le faire comprendre ... et je n'insisterai pas

[Juin]

J essaye de garder tout pour moi...c est pas l ideal mais dans ma situation pas le choix

Alors je fais comme si tout allait bien, meme si j ai le profond sentiment de ne pas etre aimable, de n avoir aucun droit a etre heureuse....juste le devoir d assumer et faire les choses pour autrui

J espere que tu ne sois pas dans ce cas

Si non essaye de puncher un coussin et tout verbaliser

[Audette]

Si tu veux mieux savoir pourquoi je suis en colère et quelle intensité elle a, tu peux aller voir dans ma galerie :
- page une, message du 24 février 2017
- page trois, message du lundi 15 mai 2017 (vers la fin de la page)
- page cinq, message du vendredi 9 juin 2017 et du samedi 19 juin 2017, message du mercredi 14 juin 2017, message d'aujourd'hui (le dernier donc)

(Si ça t'intéresse j'ai mis du gras sur les messages les plus capitaux)

Oui mais si je perçois bien, tu parviens à exprimer ta colère ? La mienne est tellement violente, c'est une vraie tempête silencieuse, ça me tue réellement parce que son intensité est dingue... Mais je contiens tout, je la ferme, parce que j'ai jamais dit mes sentiments, que j'en suis incapable. Et ça renforce encore la colère du coup...

Voilà c'est ça ! L'acceptation ! Quelle sagesse Détach ! Ben ça j'y parviens encore moins... Je lutte et lutte encore pour l'éradiquer sans succès, je suis dans le déni, j'ai peur de m'abandonner à cette rage et d'y laisse ma peau car j'ai vraiment des idées suicidaires quand je suis en colère, des pulsions d'autodestruction qu'il faut refréner..

Tu as raison, l culpabilité sert à rien... La colère est aussi contre moi-même. J'éprouve de la colère de ne pas gérer ma colère... On n'en sort pas ! Tu vois ça semble logique pour moi d'accepter que quelqu'un soir enragé ou énervé, je ne juge pas. Mais j'applique jamais les mêmes théories à moi-même. Pourquoi ? Parce que je me HAIS, je suis détestable et j'en conclue qu'il est normal de se punir, normal parce que je suis mauvaise.

C'est vrai, tout le monde a de la colère, c'est normal ! Les mécanismes sont peut-être différents, oui, Je décris dans ma galerie comme ça fonctionne chez moi, ça fait peur...

Tu ne dis pas de grosses âneries Détach, t'en as jamais dis malré le sac de ciment que tu as avalé

Juin on est carrément dans le même cas. Bloqués... Le coussin j'ai déjà essayé, sans succès... Faut que je me fasse mal... Ou que je pète un meuble... Pas l'idéal quoi

[Juin]

Effectivement pas l ideal de se faire mal

Meritons nous vraiement ces auto punitions ? N est ce pas plutot aux auteurs de nos mal etre plutot qu a nous de subir ca ?

Pourquoi les protegeons nous ?

[Audette]

Personne ne les mérite. Les auteurs de nos mal-être non plus je pense. C'est légitime de leur en vouloir. Par contre j'ai dépassé le stade où je voulais me venger. En fait je crois que je n'y ai jamais été.

[Juin]

Je suis entierrement d accord avec toi que personne ne le merite. Je voulais essayer d exprimer le fait qu on retourne toute cette colere, injustice, etc... contre nous.... et que nous ne le meritons pas non plus
j ecris pas aussi bien que toi....d ailleurs je tiens a te complimenter sur tes talents d ecrivaine

[Audette]

Ah excuse-moi j'avais mal compris

Oui c'est vrai, on a tendance à retourner la colère contre nous. En même temps je ne veux pas me venger mais je comprends bien le sentiment de vouloir voir la personne punie pour ses actes, c'est dur de passer au-dessus quand on a vécu un traumatisme.

Pour ma part j'ai une certaine "affection" pour la colère. J'y suis attaché d'une certaine manière car j'ai peur que si je suis plus furieuse je vais oublier ce que j'ai vécu. C'est comme si j'avais peur de pardonner et que cette rage m'empêchait justement de le faire. La colère sert à dire "Non, j'oublie pas, j'oublie rien". Je sais que la force c'est justement de dépasser cette colère mais j'ai encore trop mal pour réussir. Parce que j'ai PEUR de pardonner ?! Je confond pardon et oubli. Le pardon n'est pas l'oubli, c'est savoir vivre avec et ça j'ai du mal...

J'ai du mal à expliquer, je sais pas si je suis claire... C'est un peu confus dans ma tête. Merci pour ton compliment Juin ! C'est marrant que tu me dises ça, moi qui ai tellement l'impression de mal m'exprimer !

[Juin]

Oui le pardon n est pas l oubli
la resilience, l art de transformer la souffrance en force et sagesse ( du moins c est ma definition simpliste)

Nous sommes attachees a ce qu on connait, meme si ce qu on connais c est la souffrance

J avoue enfin que j ai tres peur de lacher ma colere et ma souffrance, car j ai peur de ne plus etre moi meme. Ne plus me reconnaitre....etre trop gentille, naive et donc vulnerable

Du coup ma parade est de m isoler. Je suis persuadee ne pas etre aimable et n arrive pas a depasser ce stade

[Audette]

Juin je ressens exactement la même chose que toi...

Là ce soir je vais un peu mieux, je digère mais tout à l'heure j'ai cru que j'allais tout saccager !!! Ma soeur devais faire un solo lors de son concert et son micro marchait pas, elle était tellement déçue... Ca m'a brisé le cœur, j'aurais voulu me lever, hurler sur tout le monde, pleurer, tout casser... Evidemment je n'ai rien fait car ça aurait été pitoyable et les autres ne sont pas responsables de ma colère.

[Juin]

Je suis contente de lire que ca va mieux...

Et aujourd hui comment te sens tu ?

[Détachement]

Bonjour Audette et Juin

Je ne sais pas si la colère est le problème.
Le seul problème, c'est la souffrance, qu'elle hurle ou qu'elle chuchotte.

Audette, et comment s'est sentie ta sœur dans tout cela ?

[Audette]

Hello Juin !

Bof, je sais pas trop, toute cette colère m'a vidée, je suis épuisée... Je suis triste, j'ai envie que ça se termine mais en même temps j'ai une part de moi bien vivante qui continue à s'activer, c'est bon signe !

Je suis moins en colère, je sais qu'elle est là, tapie dans mon esprit mais elle est passive pour le moment. Je suis désormais dans la phase culpabilité d'avoir été furieuse. Mais c'est aussi après la colère que je suis plus rationnelle et que je peux essayer de méditer sur mes pensées plus posément !

Et toi ?

[Audette]

Pardon Détach j'avais pas vu ta réponse !

Oui je pense que tu raison ! La colère c'est la souffrance effectivement, la mienne s'exprime par la colère mais il y a tellement de manières de la vivre. Parfois je suis léthargique, enragée, angoissée... C'est vrai que ça dépend, le problème est sous-jacent ! T'as carrément raison Détach, rien ne sert de calmer la colère si on "soigne" pas la souffrance en-dessous...

Ma soeur était... très énervée et dégoûtée... Elle a bien chanté pour le peu qu'on l'entendait mais elle trouve qu'elle s'est tapée la honte parce qu'on l'entendait pas.

Si c'est pas indiscret, comme s'exprime ta souffrance ? 't'es pas obligée de réponde, je veux rien forcer !!! )

[Juin]

Salut Audette,

Va voir mon forum pour voir a quel point je suis au top aujourd hui....je viens de poster mon etat d esprit...

Marre de cette vie, je me sens emprisonnee

[Détachement]

Si tu vois dans la colère une manière de rationnaliser les choses après (dans le sens de prendre du recul), en fin de compte, est-ce si maléfique pour toi ?
Ce qui, je pense, est un problème, c'est qu'elle soit destructrice. Mais je pense qu'il faudrait regarder la souffrance derrière qui fait que ta colère soit destructrice.
Commencer par ta colère, ça n'est que mon avis, je pense que c'est mettre la charrue avant les bœufs.

Pour ta sœur, je comprends que tu fasses preuve d'empathie, l'empathie est une énorme qualité, mais vivre quelque chose de presque fusionnel, c'est souffrir deux fois plus.
Est-ce réciproque de son côté, cette "absorption d'émotions" ? En auriez-vous déjà parlé ? Je me gourre peut-être.

Ma souffrance à moi, je ne saurais pas en parler. Déjà parce que je ne sais pas tellement écrire à ce sujet donc ça va rester banal et avec beaucoup d'imprécisions.
Elle est silencieuse, en général. Enfin plutôt sourde. J'aime l'étouffer, c'est réciproque.
Elle se faufille de temps en temps comme un assassin près de ma carotide, me susurrant des choses pas marrantes. Plus rarement, je sens mes pulsations contre le froid de cette lame.
Quand elle s'est assurée que j'ai le souffle coupé, que mon cœur bat, elle part et me remercie avec ses effluves de parfum (Elle a quelque chose de bienveillant).