Bonjour,
Je me permets de venir dans votre discussion, car je vis la même chose que vous depuis trop longtemps, et peut-être que d'échanger pourra m'aider un peu ...
Je suis avec mon conjoint depuis bientôt 21 ans. Nous nous sommes rencontrés relativement jeune (17 ans pour moi et 20 ans pour lui). Nous avons deux super garçons de bientôt 10 ans, et bientôt 5 ans

De l'extérieur, et après une analyse bien poussée au fil de ces mois, je pense que mon conjoint à commencé à glisser vers la dépression en début d'année 2019. Je pense que c'est fortement lié à son travail. Autant que je m'en souvienne, je crois qu'il ne s'est jamais réellement épanoui dans son métier. Mais il est battant (du moins sur ce domaine) et il avait décidé de réussir. Il s'était mis l'objectif de devenir Directeur d'agence, alors qu'il est rentré au plus bas des postes de cette entreprise. Et à force de travail, qui nous a malheureusement pas toujours aidé, il a finit par y arriver. Et là, je ne sais pas ce qu'il c'est passé .... Est-ce qu'il s'est mis trop de pression d'un coup, est-ce qu'il avait atteint son but entrainant un certain vide, ou autre, mais le constat est qu'au même moment, il a commencé à basculer. Il a été nommé officiellement Directeur d'agence début avril. Très vite, je me rappelle qu'il a commencé à voir notre médecin généraliste régulièrement, plutôt sur des raisons physiques : étourdissements, maux divers, évanouissement léger, ... Puis est arrivé le stress et les heures de travail à n'en plus finir. Il rentrait à la maison vers 22h30 en moyenne, et avec toujours ce sentiment d'être débordé, de ne pouvoir faire autrement. J'ai essayé de le mettre en garde, mais il me disait "je suis fort, je vais y arriver". L'été 2019, je me rappelle qu'il a commencé à dormir énormément. Sa vie se résumait à travailler autant que possible, et dormir le reste du temps.Nos enfants et moi, nous étions ensemble, pendant qu'il dormait ou travaillait. Je ne lui en voulait pas, je voyais bien qu'il était épuisé et qu'il travaillait beaucoup, et il m'avait dit en prenant ce poste, que se serait difficile environ 1 an, alors j'attendais ...Mais j'avais de plus en plus peur qu'il fasse un burn out. Je n'avais juste pas pris conscience qu'il avait déjà basculé.
A partir de septembre, notre médecin à voulu l'arrêter de très nombreuses fois, mais il refusait toujours. Pour lui, il se devait de faire ses preuves. S'arrêter aurait été un aveu d'échec. Quelques temps après, notre médecin lui a prescrit de Lexomil, mais sans mettre de mot précis sur une maladie ou un début de glissement.... Du coup, comme lui et moi, on ne voyait pas qu'il était déjà en train de basculer, on n'a pas compris cette prescription. Il n'a donc pas pris ces médicaments.
Et pourtant, notre médecin avait vu juste ... Quelques temps après, alors qu'il ne dormait quasi plus depuis des mois et des mois, mais travaillait toujours autant, avec toujours plus de stress et de pression, il a commencé à vraiment ressentir le mal être de la dépression. Il a commencé à me dire qu'il était nul, qu'il n'arrivait à rien alors que les autres y arrivaient, qu'il était un mauvais père, ... Forcément, en tant que femme aimant mon homme, et aussi parce que c'est vrai, j'ai démenti tout ça ... Mais il me disait tout le temps que je ne l'aidait pas en lui disant le contraire de ce qu'il ressentait. Alors, je lui ai conseillé d'aller voir une psychologue, me disant qu'une professionnelle saurait l'aider. Et à ma grande surprise, il a dit oui direct. Je pense qu'il en avait vraiment besoin, et qu'il le savait. Car il me le dira bien plus tard, mais il se sentait très mal, nul et malheureux (dépression ...)
Il a donc été voir la psy la plus proche de chez nous, un peu au hasard, et malheureusement pour nous il est tombé sur ce que moi je pense être une incompétente. En effet, il est arrivé avec son mal être dépressif, en disant qu'il se sentait nul au travail et dans sa vie, qu'il n'arrivait à rien, qu'il était malheureux, qu'il n'avait plus de sentiement ... enfin bref, maintenant que j'ai étudié un peu cette maladie qu'est la dépression, il est arrivé en décrivant tous les symptômes de la dépression. Mais elle, la psy, elle n'a rien vu ...Elle l'a accompagné en 1 mois seulement, à une prise de décision qui nous brisa. Elle lui a dit qu'il avait le droit au bonheur et que si il était malheureux, alors il devait prendre les décisions pour son bonheur. Elle lui a dit que si il restait dans son couple alors qu'il s'y sentait mal, alors il était un imposteur. Elle lui a dit qu'en restant avec moi, il se privait de bonheur, mais qu'il m'en privait aussi ! Moi j'étais heureuse avant ... !!!
Et donc, le 03/01/2020, après 1 mois de bourrage de crane avec cette soit disant psy, il m'annonce qu'il me quitte. A ce moment là, il était vraiment très mal ... De mon côté, j'ai pris ça de plein fouet. Un véritable choc que je n'avais pas vu venir, et j'ai moi aussi basculé, pas dans une dépression, mais dans une grosse déprime je pense. Ce n'est qu'avec le temps et le recul que je me suis aperçue que je n'était à ce moment là pas moi-même, alors que je me pensais très lucide. Malgré mon état vraiment mal, je me suis mise à me battre pour mon couple. J'ai essayé de le reséduire, J'ai essayé de comprendre ce qui se passait, j'ai essayé de lui ouvrir les yeux, et j'ai bagarré pour qu'on aille voir un thérapeute de couple. Nous sommes tombés sur quelqu'un de vraiment bien, qui nous a aidés à communiquer, mais mon homme restait fermé : il avait pris une décision, et il voulait s'y tenir. Je me rappelle qu'au 1er RDV, il a dit "je n'ai rien à reprocher à mon couple, rien à reprocher à ma femme, juste un sentiment d'être malheureux". Je me rappelle avoir dit à un de ces RDV que pour moi, il prenait une décision hâtive, dans un état dépressif/de burn out. Mais le problème, c'est qu'à ce moment là, j'étais moi tellement mal, que la thérapeute s'est plus concentré sur moi, et n'a pas elle n'ont plus, je crois, détecté la dépression de mon homme, d'autant plus que depuis qu'il avait pris cette décision, il devait réellement penser qu'il allait s'en sortir, et il semblait aller mieux. Ou alors, c'est qu'à ce moment, il a mis son mal être de côté (inconsciemment) car j'étais tellement mal, et il m'a beaucoup soutenue. Bref, je ne sais pas... Nous avons vécu dans cette tornade de janvier à mars, jusqu'au confinement, qui pour le coup, moi m'a énormément aidé (+ accompagnement psy, mais une bonne pour le coup, me concernant). Le confinement m'a permis de mettre notre vie sur "pause". Je savais qu'il ne pouvait pas partir, on ne pouvait plus voir la thérapeute, ... tout était en pause et on a soufflés.
Mais son mal être était toujours bien là. Il n'allait pas partir par magie. Fin avril, il a commencé à me redire qu'il était mal, épuisé, ... et j'ai profité d'une fois où il ne travaillait pas, où il n'avait pas dormit, pour lui conseiller d'aller chez le médecin, et enfin, le verdict est tombé clairement cette fois : il était en dépression ! Il a était direct sous traitement : AD, anxiolytique et somnifère. Ce fût une période très difficile pour lui. Il lui fallait enfin accepter ce qu'il niait depuis le départ ... Cette période, là encore, fût très difficile : il s'enfermait seul dans le garage, à fumer, à ruminer, à être mal... Et puis, certainement avec l'aide des AD, il a commencé à revenir, lentement à la maison. Mais restait cette décision qu'il avait prise, cette décision qu'il avait d'après lui, murement réfléchie, et ce mal être, qui l’empêchait de revenir dans notre couple. Nous avons donc vécu, depuis fin avril, avec cette dépression, cette séparation qui n'en était pas vraiment une puisque personne dans la famille ou nos enfants n'étaient au courant, puisqu'on vivait toujours ensemble, puisqu'on partageait des moments de rapport intimes, ... mais sans être vraiment en couple non plus, puisque pas de moment de complicité, pas de bisous du soir et du matin, pas de geste, rien ...Pendant cette période, il me disait régulièrement qu'il allait partir, qu'il en avait besoin, qu'il était malheureux, ... et puis en même temps, il me disait que si il partait il aller s'effondrer, que j'étais la femme la plus importante de sa vie, que j'allais lui manquer, que même en partant il s'imaginait malheureux... Il me disait qu'il devait partir parce qu'il n'était plus capable de ressentir de sentiment, qu'il ne ressentait plus rien ... Il avait besoin de partir pour essayer de retrouver ses sentiment (perdu par la dépression) ailleurs ... Il devait partir car pour lui, il n'était plus capable de me rendre heureuse, alors qu'il voulait que je sois heureuse...
En parallèle de tout ça, début septembre est arrivé ce qui couvait là aussi depuis longtemps : burn out ! impossibilité physique de retourner au travail. Depuis il est en arrêt. Grâce à ce burn out, il a vu que son travail l'avait détruit bien plus qu'il ne le pensait, et il sait aujourd'hui, qu'il n'y retournera plus. Il cherche à faire un autre métier, mais pour le moment, il n'en était pas capable. Il lui fallait se reconstruire, se reposer, ...
J'ai essayé de l'accompagner autant que je pouvais. Sans jugement, jamais ! Elle le laissant aller à son rythme. Sans lui mettre de pression, ni dans un sens, ni dans l'autre, concernant notre couple. Le laissant me dire, "je vais partir", tout en me demandant "un câlin" dans l'instant d'après. J'avais pris conscience de son mal être, je l'acceptait, et je le soutenait patiemment, en souffrant, mais en attendant qu'il se soigne. J'ai toujours pensé que je ne savais pas la fin de l'histoire : est-ce qu'on s'en sortirait ensemble, ou pas. Mais ma priorité, pour lui et pour nos enfants, était qu'il se soigne.
Toujours en parallèle de toute cette période, j'ai appris début novembre qu'il m'avait trompée par 2 fois, en août et en septembre, par le biais de sites qui permettent des rencontres "faciles". Çà peut sembler absurde, mais j'ai très vite pardonné. A tors ou a raison, j'ai compris ce geste désespéré, car il cherchait tellement à ressentir des choses, des sentiment perdu, qu'il a fait n'importe quoi ... bref, encore un truc qui n'aide pas dans notre tragique histoire...
Depuis septembre, il est également suivi par un psychiatre. Début novembre, après 6 mois d'un 1er traitement AD, qui avait aidé un peu au départ, mais stagnant ensuite, il test un 2ème ... Je remarque des légers mieux en décembre, notamment aux fêtes de fin d'année, où je le trouve moins fatigué. Puis je le verrais aller faire des legos avec notre grand garçon, ... des petites choses, que je me presse de lui faire remarquer, parce que j'espère que ça peut l'aider. Je pense que ce nouveau traitement commence peut-être à donner des résultats, et je m'accroche à l'idée qu'on va en voir le bout.
On va en voir le bout, oui ... mais le bout de notre histoire... De nouveau, le 03/01 mais 2021, cette fois, 1 an jour pour jour, après la 1ère fois, il me dit qu'il va partir. Cette fois-ci, je vois tout de suite que cette fois n'est pas comme les autres. Il ne s'effondre pas, il parle sereinement, sans émotion aucune même je dirais (je me demande si les AD qui certes l'aident à ne plus sentir cette tristesse, ne lui coupe pas également toutes les émotions, car vraiment, je ne ressens aucune émotion chez lui, positive ou négative)... Il me dit qu'il se sent en effet mieux depuis 15 jours 3 semaines, et qu'il pense que la maladie est derrière lui. Il se sent moins fatigué, moins triste et recommence à trouver la force de se bouger. Cependant, il pense que malgré que la maladie soit derrière lui, les sentiment ne reviennent pas. Il veut avancer, il en a marre ...
Aujourd'hui, même si je suis certaine que la maladie n'est pas derrière lui (on ne sort pas d'une telle M.... en 15 jours 3 semaines de mieux) je suis à la fois perdue et fatiguée ... Perdue car je me dit que peut-être il ne m'aime réellement plus, malgré le fait que pendant 1 an de maladie, j'ai eu pleins de preuve contraire, mais peut-être après tout .... et fatiguée parce que presque 2 ans de dépression c'est long, parce que je l'ai soutenue, j'y ai cru pour 2 je pense, et à peine il commence à aller mieux que direct il veut partir. Je lui demande d'attendre un peu, qu'on soit vraiment certain que la maladie n'est pas encore présente, à tromper ses sentiments et ses ressentis, mais il en a marre, il veut avancer, il veut partir ...
Il doit voir son psychiatre lundi, alors je lui ai demandé de lui en parler. De lui parler de nous, de ses sentiment perdus, de lui demander si j'ai raison de penser que c'est la dépression ou non, de lui demander si la dépression est bien derrière lui comme il le pense ... Je ne suis pas certaine qu'il le fera ... Il nie toujours beaucoup sa maladie, l'a cachée tout du long à notre entourage, et préfère tout rejeter sur nous plutôt que d'accepter.
Il semble prêt à parler à notre famille, mais parler uniquement de notre séparation, certainement pas de sa dépression. Il semble prêt à parler à nos enfants, qui vont tellement souffrir que je m'en rend malade. Il semble prêt à partir, même si à ma connaissance, n'a lancé aucune démarche.
Aujourd'hui, mon seul espoir est qu'il se rende compte de ce qu'il va perdre, en partant, et qu'il ait un électrochoc qui lui fasse revenir sentiments et envie de rester. On dit souvent que cette maladie marche par électrochoc, alors peut-être...
Et si ce n'est pas le cas, alors je perdrais mon amour de toujours, mon homme, mon soutien, mon tout ..., mes enfants pour moitié du temps (je deviendrais une maman à mi-temps, et je raterait la moitié de leur vie), nos enfants n'auront plus leur équilibre familiale, seront partagés d'une maison à une autre..., je perdrais la seule famille qui me reste (celle que j'ai construite avec lui, et la sienne. De mon côté, j'ai plus personne), je perdrais ma maison, et tout ce que nous avons construit en 20 ans ... J'espère réussir à affronter ce nouveau combat, mais je n'en suis pas certaine ..... Il y a un moment, j'en ai marre, j'ai l'impression d'avoir dû me battre toute ma vie, d'avoir dû être forte toute ma vie... marre !
Voilà, je crois avoir écrit un roman, mais j'en avait besoin, et je vous remercie si vous avez réussi à me lire jusqu'au bout
