Une question d'environnement ?
Règles du forum
Avant d'ouvrir un nouveau sujet dans cette partie du forum, pensez à utiliser Les moteurs de recherche du forum.
Un point bleu s’affiche devant les messages sans réponse



- Autumn
- Messages : 54
- Enregistré le : lundi 01 septembre 2025 4:19
Une question d'environnement ?
Pensez-vous qu'un environnement anxiogène (famille dysfonctionnelle, en mauvaise santé), malsain et triste (village-rue morne, cité, barre malfamée, voisinage auquel on ne peut s'identifier), frustrant (pauvreté), vécu enfant puis ado, puisse être à l'origine d'un état dépressif chronique ?
-
- Messages : 410
- Enregistré le : vendredi 28 février 2025 15:39
Une question d'environnement ?
Bonjour.
Oui, parce qu’il y a des méta analyses sur chacune de ces corrélations avec parfois des liens de cause-effet bien renseignés. C’est parfois cumulatif et ça peut laisser des empreintes biologiques … pas simple de casser les cercles vicieux.
Oui, parce qu’il y a des méta analyses sur chacune de ces corrélations avec parfois des liens de cause-effet bien renseignés. C’est parfois cumulatif et ça peut laisser des empreintes biologiques … pas simple de casser les cercles vicieux.
- Autumn
- Messages : 54
- Enregistré le : lundi 01 septembre 2025 4:19
Une question d'environnement ?
Bonjour à toi, tu peux développer ?
-
- Messages : 410
- Enregistré le : vendredi 28 février 2025 15:39
Une question d'environnement ?
Je vais épargner le forum de nombreuses sources pompeuses très accesibles, mais il est aujourd’hui très facile de trouver des méta analyses (donc un regroupement d’études avec un niveau de preuve solide) sur le Net assurant des corrélations ou des liens de cause à effet entre un environnement toxique pendant l'enfance (quartier pauvre, famille pauvre, maltraitance liée à la pauvreté, maltraitance liée à un handicap, harcèlement scolaire …) et un risque accru de dépression chronique. En fait, la dépression chronique est l’intersection de beaucoup de causes psycho sociales interagissant en dyanmique d’effets cumulatifs et la difficulté c’est qu’on ne ressort pas indemne de ça parce que ça peut laisser des empreintes biologiques profondes, ce qui vient compliquer le processus de résilience et rend difficile la rupture des schémas négatifs (je crois que les thérapies comportementales s’appuient majoritairement sur ça).
Avec les avancées récentes, il est maintenant établi que des traumatismes et/ou le stress chronique (au delà de causes évidentes comme de la notion d’une qualité de vie moins bonne pour des raisons allimentaires dûes à une pauvreté, des raisons de santé ou de handicap facilement observables) opèrent des changements biologiques visibles, comme des altérations au niveau épigénétique ou au niveau de l'ADN (méthylation, des modifs des télomères et une hausse de l'ADN mitochondrial) qui peuvent même malmener la santé psychique sur plusieurs générations.
Et ça, c’est sans compter les recherches sur l’effet de traumatismes sur le cerveau qui entraînent une hyper activité de l’amygdale (grosso merdo, hausse d’une hypersensibilité) et une atrophie de l’hippocampe (grosso merdo, baisse des facultés cognitives comme la mémoire, la régulation émotionnelle, troubles de l’attention, trouble des fonctions exécutives).
Bien évidemment, si l’on a des soucis avec ses facultés cognitives, on fonctionne moins bien dans la société et l’exclusion et l’impuissance qui peuvent s’y greffer dans notre paradigme capitaliste de productivité et de performance viennent alimenter les pensées négatives qui sont du grain à moudre pour une dépression chronique / une anxiété chronique et autres troubles psychologiques.
La thérapie idéale, ce serait un médicament pour temporiser mais l’action est hyper limitée (c’est un peu un pansement sur une jambe de bois), une thérapie comportementale mais l’accessibilité est restreinte (faut être pas être pauvre ET être capable d’être suivi) et surtout des aides concrètes pour changer son environnement mais c’est carrément une succession d’obstacles structurels (du domaine de l’impossible de nos jours
).
Avec les avancées récentes, il est maintenant établi que des traumatismes et/ou le stress chronique (au delà de causes évidentes comme de la notion d’une qualité de vie moins bonne pour des raisons allimentaires dûes à une pauvreté, des raisons de santé ou de handicap facilement observables) opèrent des changements biologiques visibles, comme des altérations au niveau épigénétique ou au niveau de l'ADN (méthylation, des modifs des télomères et une hausse de l'ADN mitochondrial) qui peuvent même malmener la santé psychique sur plusieurs générations.
Et ça, c’est sans compter les recherches sur l’effet de traumatismes sur le cerveau qui entraînent une hyper activité de l’amygdale (grosso merdo, hausse d’une hypersensibilité) et une atrophie de l’hippocampe (grosso merdo, baisse des facultés cognitives comme la mémoire, la régulation émotionnelle, troubles de l’attention, trouble des fonctions exécutives).
Bien évidemment, si l’on a des soucis avec ses facultés cognitives, on fonctionne moins bien dans la société et l’exclusion et l’impuissance qui peuvent s’y greffer dans notre paradigme capitaliste de productivité et de performance viennent alimenter les pensées négatives qui sont du grain à moudre pour une dépression chronique / une anxiété chronique et autres troubles psychologiques.
La thérapie idéale, ce serait un médicament pour temporiser mais l’action est hyper limitée (c’est un peu un pansement sur une jambe de bois), une thérapie comportementale mais l’accessibilité est restreinte (faut être pas être pauvre ET être capable d’être suivi) et surtout des aides concrètes pour changer son environnement mais c’est carrément une succession d’obstacles structurels (du domaine de l’impossible de nos jours

- Autumn
- Messages : 54
- Enregistré le : lundi 01 septembre 2025 4:19
Une question d'environnement ?
OK, on rejoint là le concept de destins sociaux de Bourdieu, qui dressait en son temps un constat politique des inégalités et ce qui pouvait en découler dans nos vies. Pour le reste, les études dont tu parles rejoignent ce que j'ai pu observer autour de moi chez les gens des générations aînées qui ont traversé jeunes la Seconde Guerre Mondiale, et il en a été de même des exodes ; j'ai le souvenir, enfant, de couples et de personnes rapatriées d'Afrique du Nord (Pieds-Noirs), déjà d'un certain âge, rendus malades, défaits, au point de décéder prématurément (deux dames dont il se disait, dans mon quartier, qu'elles étaient mortes de "lanquissement") ou de sombrer dans la démence (une dame "morte chez les fous" selon la même rumeur"). Je me souviens de voisines d'immeuble toujours tristes, "qui languissaient", c'était un terme sudiste qui revenait souvent.
J'ai connu un temps la monstruosité d'une cité, bien avant les dérives que l'on sait, les phénomènes de ghettoïsation, les narcos, et c'était déjà profondément flippant, on ne peut pas dire que cela respirait le bonheur. Un creuset de pathologies où, sans exagérer, il n'était pas rare d'entendre parler de tentatives de suicide, de défenestrations, de drames passionnels, il y circulait des drogues dures, et on n'était qu'à la fin des années 70.
Si je pose ici la question c'est que le lien entre environnement moche, paupérisme, situations anxiogènes, traumas collectifs et ce que j'appelle, moi, taedium vitae, assorti d'une vision très sombre, pessimiste de l'existence et de l'humanité, me sont de toujours apparus évidents. Chez les grands créateurs et intellectuels comme chez les gens du commun. Sartre, Camus, Vian, Cioran, excellaient dans une noirceur dont le parallèle se retrouve dans le rap, produit de la culture dite "populaire" des quartiers... et le dark/death metal issus du mouvement punk, qui concerne plutôt les individualités des classes moyennes.
Je ne sais pas s'il y aurait un médoc ou des thérapies pour redresser le cap avant le crash qu'on pressent tous, disons que pour le moment, certains se font croire aux vertus du CBD quand ils n'osent pas les opioïdes. Pour ce qui est des thérapies, je pencherais pour une catharsis collective qui engendrerait de nouveaux traumas pour les générations suivantes. L'humanité est ainsi faite.
J'ai connu un temps la monstruosité d'une cité, bien avant les dérives que l'on sait, les phénomènes de ghettoïsation, les narcos, et c'était déjà profondément flippant, on ne peut pas dire que cela respirait le bonheur. Un creuset de pathologies où, sans exagérer, il n'était pas rare d'entendre parler de tentatives de suicide, de défenestrations, de drames passionnels, il y circulait des drogues dures, et on n'était qu'à la fin des années 70.
Si je pose ici la question c'est que le lien entre environnement moche, paupérisme, situations anxiogènes, traumas collectifs et ce que j'appelle, moi, taedium vitae, assorti d'une vision très sombre, pessimiste de l'existence et de l'humanité, me sont de toujours apparus évidents. Chez les grands créateurs et intellectuels comme chez les gens du commun. Sartre, Camus, Vian, Cioran, excellaient dans une noirceur dont le parallèle se retrouve dans le rap, produit de la culture dite "populaire" des quartiers... et le dark/death metal issus du mouvement punk, qui concerne plutôt les individualités des classes moyennes.
Je ne sais pas s'il y aurait un médoc ou des thérapies pour redresser le cap avant le crash qu'on pressent tous, disons que pour le moment, certains se font croire aux vertus du CBD quand ils n'osent pas les opioïdes. Pour ce qui est des thérapies, je pencherais pour une catharsis collective qui engendrerait de nouveaux traumas pour les générations suivantes. L'humanité est ainsi faite.