bonsoir Le Glaude,
Tout d'abord je vous prie de bien vouloir m'excuser je n'ai pas mis d'alerte sur mon post et voilà un petit moment que je ne passais plus...
Quel témoignage ! et quelle force aussi ! Merci pour tout ce que vous venez de donner.
Je vois qu'en matière d'imagination dans la déconsidération l'administration est prolixe ...
Moi aussi je vais te tutoyer. J'ai un peu le sentiment que beaucoup de choses nous sont communes comme à d'autres forumeurs. Et je comprends aussi combien le partage de galère peut aider bien d'autres alors ...
Pour résumer j'ai eu la malchance d'être blessée à l'occasion d'un grave évènement. Malheureusement j'ai eu peur de me rendre à l'hôpital et autour de moi les professionnels n'ont pas nécessairement saisi la gravité de mon état. Bilan grosse galère à gérer en solitaire des blessures physiques et morales graves et des douleurs inhumaines...avec très peu d'arrêt de travail et peu après reboum, la réforme de l'Etat, la grosse machine à broyer. Sinon pareil que toi, jamais malade, plutôt de grosses compétences reconnues localement et plus...Et bien sûr aucun soutien, aucune aide dans l'épreuve s'agissant de mon administration.
J'ai mobilisé une grosse énergie à convaincre les professionnels de la santé que j'avais des blessures, j'ai mis plus de 3 ans pour pouvoir faire les examens qu'il faut et qu'enfin on identifie les lésions et le reste.
Parallèlement comme je crois au service public, aux métiers qui étaient les nôtres...je me battais pour essayer de donner du sens à tout ça...bref je me suis épuisée et en plus j'ai fait tilt avec une hiérarchie particulièrement indélicate qui faisait régner la dévalorisation, la menace, le stress etc etc ...histoire de surtout masquer une incompétence je pense mais bon ...J'ai eu le droit à tout humiliation, déconsidération, planche savonnée, accusations mensongères, violence verbale et morale...je ne les compte plus.
A force de ruer dans les brancards on a fini par me placardiser. Non pardon on m'a promis un nouveau poste genre chargée de mission histoire de me garder sur des compétences qui pouvaient servir tout en me séparant de ma hiérarchie immédiate. Le moyen une convention de mise à dispo. Il était urgent de me mettre sur ce poste vu la mésentente et le fait que ma hiérarchie ne supportait plus que j'ai pu oser remettre en question son management. Le hic c'est que je me suis retrouvée sur mon poste en urgence et sans convention. Je suis passée d'un grand bureau à un bureau placard ( au propre comme au figuré ). Perso je m'en fiche mais tous les signes extérieurs étaient là de perte d'aura on va dire aux yeux de tous ceux au courant des "codes" hiérarchiques. Surtout la convention ne venait pas car mon ancienne hiérarchie continuait à bloquer la situation me mettant ainsi dans le mur et sans solution. Administrativement je me retrouvais à tout avancer ( comme des frais d'avion pour se rendre à un stage ) sans quasi espoir de me faire rembourser vu que l'on me renvoyait sur mon ancienne hiérarchie qui disait ne plus avoir à faire avec moi. Et tout le reste qui va avec: aucune existence quant à la présence officielle à des commissions, des délégations de signature etc ...si ce n'est un échelon régional qui essayait de sauver un peu les meubles mais qui n'arrivait pas plus à signer la convention à la place de la hiérarchie défaillante. Pour compliquer tout cela mes errances dans ce qu'on peut appeler du harcèlement au travail m'avaient amenée à devoir ( enfin je le vivais comme une nécessité à ce stade hélas, erreur ) me justifier et ainsi faire connaître mes gros ennuis de santé. Je pensais que de dire ce que je supportais ne serait-ce qu'en douleur physique et en racontant l'évènement à l'origine de mes maux ça allait calmer mon harceleur, ...oui quelle naïveté n'est-ce pas ? Non seulement il a pu peaufiner son harcèlement et commencer à jouer de surcroît sur la rumeur mais en plus sur mon nouveau poste après avoir dénoncé son harcèlement je suis arrivée avec la pancarte comme toi cas social, psychosocial et psy tout court. On me parlait quasiment comme à une débile ou bien on me menaçait indirectement en me racontant les dossiers épais sur telle ou telle personne qui était dans une situation similaire..J'ai appris un détail par la suite...c'est que ma nouvelle hiérarchie directe était pote avec l'ancienne ( ensemble dans un autre contexte professionnel ) . Là dessus encouragée par un sentiment d'impunité l'ancienne hiérarchie se faisait plaisir comme parler de mon cas dans des réunions avec les personnels que j'encadrais ou les anciens collègues..( cette ancienne hiérarchie m'a même envoyé copie d'un mail qu'elle comptait envoyer à une soixantaine de personnes et où elle donnait sa version des faits ) oui parce que la mise au pilori faisait partie des techniques...( mail que j'ai transmis à d'autres acteurs pour prouver ma bonne foi quant au harcèlement , ils ont été sidérés et ont partagé mon étonnement sur un tel comportement )
Bref marre, donc au bout de tant d'années de galère, médecin, arrêt de travail...
De l'aide médicale j'en avais et ils ont été le témoin du harcèlement , une expert psy mandatée pour l'indemnisation de l'évènement grave m'a même mis dans la case harcèlement moral au travail , me privant ainsi d'une prise en compte des conséquences à court terme et long terme des blessures physiques et morales alors subies ! la médecin conseil ( que l'on m'a fait aller voir ) a reconnu que cette hiérarchie avait déjà eu de sérieux soucis de précédents harcèlements...mais je ne sais pas si elle en a référé ( ô courage )
Là dessus arrêts maladie ordinaires puis CLM. Et bon je ne supporte plus ces expertises à répétition où tu te demandes quel peut être le sérieux de tout ça. quand un professionnel de santé te suit pendant plusieurs années, que des spécialistes ont eu du mal eux mêmes après des IRM à définir des diagnostics et voilà un autre qui en un quart d'heure ou 30 mn max se fait une opinion à partir de ses questions ( et parfois ses propres réponses arf ) le tout orienté avec son à-priori et dans son seul domaine ; et c'est cette dernière opinion qui va nécessairement prévaloir, trop forts !
En plus il a décidé à la dernière expertise que je n'ai pas été victime de harcèlement ( pseudos persécutions il a écrit ).
Bien avant ce dernier verdict j'avais décidé d'arrêter tout ce cinéma. Je trouve que garder un lien avec mon administration ( la hiérarchie en cause est la même qui gère le comité médical , quelle confidentialité il peut y avoir de surcroît pf) est pour mon moral destructeur car cela me ramène sans arrêt en arrière. Par ailleurs je ne sais combien de fois j'avais avancé des propositions de solution tout au long de ces années y compris pour une reconversion professionnelle et jamais mon administration n'a pris une seule perche. Ils n'ont pas le temps ou bien on n'en est pas encore là dans la gestion des personnels, des services sont détruits, des coeurs de métiers sont tués mais après on ne sait pas faire ni imaginer autre chose. Pas de sens pour des réformes alors pour la gestion humaine...En plus je me sens sans arrêt dépendante de ce qu'ils voudront bien décider alors que j'ai envie de reprendre ma vie en main..
C'est pour cela que j'ai déposé ma demande de dispo et que je vais faire un virage pour essayer un autre métier ailleurs qu'au sein de l'administration. Je me suis inscrite à une formation à distance pour commencer le virage et que cela m'aide à concrétiser mon projet. ...
L'aide des autres quand tu as une pancarte psy c'est de moins en moins évident, les syndicats ben j'ai essayé mais ils étaient tous tout autant concernés par la réforme et inquiets pour eux mêmes et vu mon "cas social" je pense que ça les a découragés ... et puis c'est ta parole contre une autre bien plus élaborée, bien moins fatiguée par les galères physiques et morales..
J'avais commencé à demander pour mon retour...toujours le même vide de solutions, c'est usant d'avance. Je préfère me mobiliser sur un autre avenir loin d'une machine qui une fois partie en crabe a du mal à ne plus te broyer. Et puis bon quand je vois comment on a détruit des services et des gens sans que pas grand monde ne moufte...je ne sais pas si j'ai encore envie de travailler avec ceux-là. Cela fait froid dans le dos tant d'obéissance.
Voilà voilà.
Je me bats mais sur un autre terrain où j'ai le sentiment, malgré une plus grande insécurité professionnelle, d'y trouver plus d'oxygène et plus de perspectives d'avenir.
Je te ferai signe pour te dire comment ça se passe et si j'arrive à avancer mon bonhomme de chemin.
J'espère que de ton côté tu sauras également faire ton avenir et que le statut de travailleur handicapé qui a été ta solution continuera de te protéger au mieux.
Je l'avais envisagé à moment mais je ne savais pas trop si cela allait changer en bien mes rapports professionnels et encore des expertises j'imagine...
Bien à toi
