Je suis une bientôt-trentenaire qui réside au Japon depuis fort longtemps.
Et voilà je suis en train de subir une énième insomnie due a la dépression de mon copain, j'ai donc senti le besoin de demander de l'aide.
Il est japonais et en fait ça ne fait pas longtemps qu'on est ensemble, quelques mois seulement, mais notre rencontre a été un véritable coup de foudre des deux côtés. Seulement voilà, il a divorcé il y a tout juste un an après 11 ans de vie commune avec son ex et 3 enfants. Il était en dépression a cause d'un supérieur qui le harcelait, mais Japon oblige, son rôle c'était de ramener toujours plus de flouz et son ex lui mettait la pression, impossible donc pour lui de changer de travail, après tout les recours possibles pour tenter la médiation sur son lieu de travail... Du coup il s'est renfermé et sa femme a fini par partir avec un autre, les 3 enfants sous le bras. De plus il a perdu sa mère dans la foulée (elle était paralysée depuis des années).
Donc année atroce pour lui, pas trop de compassion dans son entourage, ses amis lui disant de passer a autre chose en mode "soit un homme, arrête de te lamenter va faire des gosses ailleurs" (oui psychologie level 10)
Mais il a décidé de ne pas se laisser abattre, puisque malgré la pension alimentaire il n'avait plus autant de pression financière il a pris l'initiative de se mettre a son compte pour être au moins un peu moins malheureux au travail. C'était pas encore ça mais ça allait mieux. Il a repris du poids, s'est remis au sport, s'est rapproché de son frère qui habite tout près avec ses deux filles. Il a pu rabattre ses habitudes de papa sur elles en allant s'en occuper lorsque son frère et sa belle-soeur rentrent tard. Puis sous la pression de ses amis il s'est inscrit sur une application de rencontre et c'est comme ça qu'on s'est rencontré. A notre surprise mutuelle on a eu une sorte de révélation, il m'a tout de suite présenté a sa famille et ses amis, pour nous deux c'était évident qu'on allait faire un bon bout de chemin ensemble si ce n'est plus... Moi qui sortait d'une relation avec un homme très malade et mythomane, j'étais rafraîchie par sa douceur, son humour, ses coup de fils quotidien et l'effervescence d'amour qu'il me donnait, plus que rare au Japon je peux vous le garantir !
Sauf que la son ex a commencé a le harceler en lui demandant de payer d'avantage, que la pension alimentaire ne suffisait plus, quelle en avait marre... Sauf que cette pension a été calculée sur ses revenus et qu'il est déjà tout le temps sur la paille, impossible pour lui de payer plus, d'autant qu'il la sait assez mauvaise comptable. Mais depuis il a commencé a replonger. Au début il continuait de me voir et de me parler. Il me parlait de la culpabilité qu'il avait face a ses enfants, mais déjà elle ne l'avait pas laissé les voir depuis plusieurs mois (pas de droit de visite légal au Japon...) Il avait l'impression qu'elle lui mentait, déjà elle n'était pas sensée être seule et il connaissait les aides dont elle bénéficie. L'impression d'être qu'un distributeur de billets dont on ne s'est jamais soucié des sentiments, mais la volonté de garder ses enfants loin du besoin... Il réclamait régulièrement mes bras, mon amour, mais des fois je le sentais loin. Il ne m'appelait plus que rarement, ses messages étaient que des messages bateaux. Quand on était ensemble (il habite a Himeji et moi Osaka, ce qui correspond plus ou moins a un Rennes-Nantes, pas le bout du monde mais pas pratique) il était tantôt câlin tantôt ailleurs.
Puis il a carrément été très lointain, à part sous les effets de ses somnifères ou d'un seul coup il redevenait l'homme le plus amoureux du monde. Le reste du temps il était... Pas là. Incapable de répondre a mes je t'aime. J'ai eu une crise de panique et j'ai eu le malheur de le confronter : tu t'es déjà lassé ? Tu veux me quitter ? Tu en a trouvé une autre ?
Ce à quoi il m'a répondu que non et qu'il n'avait pas du tout l'espace de cerveau disponible pour ne serait ce que penser a me tromper. Et c'était effectivement l'évidence même. C'est, a ce jour, la dernière fois que je l'ai vu, il y a deux mois.
Mais malgré mes connaissances en psychologie, mon angoisse par rapport a ses sentiments envers moi m'ont empêché de voir l'évidence : il était au fond du trou et il ne me voyait plus ni moi ni qui que ce soit. Me rendant compte de mon erreur qui l'avait poussé dans la culpabilité et dans davantage de mutisme, je lui ai envoyé un long message pour m'excuser et lui dire comme j'étais là pour lui, que j'avais compris que j'étais a côté de la plaque et que le problème c'était pas moi, mais que je l'aiderait a aller mieux. Ce message l'a fait revenir un peu, j'avais droit à nouveau à des nouvelles quotidiennes plus ou moins légères et parfois des mots d'affection.
On a été très occupé pour la fin de l'année côté boulot. Lui a bossé comme un dingue sans s'arrêter, malgré mes alertes lui disant que c'était comme courir avec une jambe cassée...
Je me faisais une joie de passer le premier de l'an avec lui et la quelques jours plus tôt, paf : oh bah tiens, j'ai fait tomber mon portable dans l'eau il s'allume plus que de temps en temps mais j'ai pas d'argent. Et paf : ah les enfants passent le premier de l'an chez moi désolé on peut pas se voir...
Douche froide. Je suis persuadée qu'il est seul dans sa chambre avec son portable éteint et que tout ça c'est des bobards pour me maintenir à distance. Heureusement je suis en contact avec son frère, qui n'a pas plus de nouvelles que moi, il a eu droit a l'histoire du portable cassé mais pas celle des enfants bizarrement. Mais il essaie de me rassurer, me dit qu'il passera voir a l'occasion.
Quant à moi mes seul moyen pour savoir qu'il en en vie est de guetter ses connexions éclaires sur Facebook, une à deux fois par jour, et un message d'excuse vague tout les 4 jours...
Après que son frère soit passé sonner chez lui, pour se faire royalement ignorer, il a constaté la présence d'un mot de son ex femme sur sa voiture. Ce qui confirmait ce que je soupçonnais : il ne voie personne, ne sort pas, et n'a pas repris le travail. On a fini par lancer une double attaque en mode mauvais flic/gentil flic : il lui envoyait un message le menaçant de faire ouvrir sa porte par le propriétaire, en tant que son garant, si il ne donnait pas signe de vie, que sa copine était morte d'inquiétude, que ça suffit comme ça. Et de mon côté je lui disait que je l'aimais, qu'il se mettait en danger en restant comme ça, qu'il ferait mieux de venir vivre chez moi quelque temps. Je le laisserais se reposer tranquillement, mais je lui apporterais un peu de chaleur humaine et d'amour. Et ça a payé : il m'a appelée, il m'a avoué ne pas sortir du tout et ne pas avoir repris le travail. Il avait l'air sensible a mes arguments, même si je le sentais pas tellement capable de prendre quelque décision que ce soit. Il a convenu pour dire que n'étant visiblement pas capable de travailler il allait "probablement" faire les démarches pour obtenir des aides, sa dépression ayant été diagnostiquée. Il m'a dit qu'il allait réfléchir à tout ça. J'ai même obtenu le droit de venir le voir ce weekend ! Youpi !
Mais il a annulé en pleine nuit mercredi soir. Soit disant qu'un ami lui a demandé de l'aide pour travailler de nuit.
Mais t'inquiète on peut se voir le weekend prochain.
Mais depuis plus rien. Il ne s'est même pas connecté sur facebook.
J'envisage de débarquer, mais si il dit vrai, je vais passer pour la parano de service (je suis pratiquement sûr que c'est pas possible, si il répond même pas à son frangin, qui est franchement pas un mec prise de tête, je vois pas comment cet ami aurait pu le contacter, son portable étant éteint 99% du temps, mais bon...), et si il ment et qu'il l'avoue, c'est bien, si il refuse de l'avouer, il risque de s’engouffrer encore davantage.... et si... et si...
Bref. En ne voulant ni être brusque, ni culpabilisante, tout en ne voulant pas le laisser crouler tout seul dans le noir de son studio.... Je sais plus quoi faire.
Si il y a des personnes qui ont affronté cette situation d'un côté ou de l'autre, qu'est-ce qui a marché, qu'est-ce qui vous faisait du bien ?
Il n'est pas du genre à être agressif pour un sous, il déteste les conflit, comme moi, donc on a jamais un mot plus haut que l'autre. Mais il est du genre mutique, et ça, moi, pas du tout, quand ça va pas il faut que je le dise et même lorsque j'ai été très dépressive, j'étais pas capable de le dire certes, mais je l'écrivais, sur internet, à mes amis. Mais lui il a pas ça.
Désolée pour le pavé et amour et arc en ciel sur tout le monde
