Mon psychiatre me met en colère

[helene18]

J'ai été hospitalisée pour TS en septembre dernier et bizarrement dès la sortie de l'hôpital je me suis sentie vachement mieux sûrement liée à mon année de césure (ma dépression est liée à ça car j'ai continuer trop longtemps dans une voie qui ne me convenait pas) et j'ai décidé de prendre un psychiatre de l'hôpital car le feeling passait bien. En gros comme je me sentais bien je n'ai pas vu l'intérêt de voir une psychologue comme je voyais le psychiatre. Sauf que petit à petit je me suis rendue compte qu'il me faisait plus ou moins culpabiliser. Et en mars 2021 je me rends compte que je fais une rechute donc il m'augmente mes doses etc. Je me décide à voir une psychologue en mars dans le cadre de santé psy étudiant (3 séances offertes) et elle me dit de creuser dans l'enfance. Ce que je fais et c'est peut-être dû à un trauma transgénérationnel. Donc je repensais à des choses du passé et c'est vrai que parfois y'avait pas de non dits et de colère ou de propos de mon père inadaptés. Mais bon je vais pas lui en vouloir éternellement sachant qu'au-delà de ça on s'aime.
Bref, je me sens jugée et depuis plusieurs séances je m'énerve contre lui pcq j'ai l'impression qu'il me prend pour une malade imaginaire. Alors que je sais que si je suis en colère contre ma famille et tout le monde c'est lié à ma dépression alors ça m'énerve quand il me dit "réfléchissez à pourquoi vous êtes en colère" .

Et dès fois quand je raconte des choses, il me dit "ça n'a ni queue ni sens ce que vous dites" ou "tout est décousu" etc sauf que moi on me dit ça ça me braque. Limite il me dit "on fait un pas en avant 3 pas en arrière". Fin je le trouve extrêmement négatif et moi je sais je suis assez critique mais j'ai vrm l'impression de l'être bcp plus à cause de la dep et j'ai l'impression qu'il me prend pour une malade imaginaire.
Vous trouvez ça normal ou c'est moi qui suis susceptible ?

[Onagre]

Bonjour helene18, ce que je retiens de ton message c'est que tu n'es pas plus à l'aise que ça avec ton psychiatre, à cause de son comportement vis à vis de toi. Et moi dans ces situations, où je me sens plus en confiance, je change de psychiatre ^^ C'est peut-être radical comme façon de procéder, mais j'ai besoin d'être 100% bien dans mes pompes avec un soignant aussi important, confiance, bienveillance, respect mutuel, c'est essentiel.

Du coup qu'en penses-tu? Est ce que tu te sentirais mieux en changeant de psy?

[lise]

Bonjour Hélène.
Le titre de ton sujet me fait penser au blog d'un psychiatre américain qui avait écrit un article intitulé :
"Gardez le psychiatre qui vous met en colère".
(Je ne peux pas mettre de lien, son blog n'est plus disponible.)
En gros, il expliquait dans cet article qu'éprouver de la colère envers son psychiatre, ça peut être dû à nos mécanismes de défenses :
- parce que le psy tente de nous faire sentir qu'on peut reprendre le contrôle sur notre propre situation, et que l'on est au fond le seul responsable de soi-même, qu'on est donc le mieux placé pour régler nos problèmes.
Là, on active nos mécanismes de défense, parce qu'on trouve cette idée effrayante, et qu'on vient plutôt pour que lui nous aide et nous déleste de nos problèmes, pas pour qu'il nous remette le fardeau de notre responsabilité sur le dos. Donc ça nous met en colère.
- parce que le psy veut qu'on opère des changements : il veut peut-être qu'on commence à faire quelque chose qu'on n'a pas du tout envie de faire, ou au contraire qu'on arrête de faire quelque chose qu'on n'a pas le courage d'arrêter.
Là aussi, c'est effrayant ou frustrant, et ça nous met en colère.
- ou alors parce que le psy veut nous faire éprouver des émotions difficiles, qu'on n'a pas envie de ressentir et qui sont elles aussi effrayantes.

L'article expliquait que les mécanismes de défense sont là pour protéger l'ego, l'ego veut rester intact, il ne veut s'exposer à aucune menace et préfère quand la situation n'évolue pas d'un pouce.

Cela signifie qu'il ne faudrait pas se débarrasser d'un psychiatre capable de faire bouger les lignes de nos mécanismes de défenses.
Dépasser un peu nos mécanismes de défense est souvent la seule manière de faire évoluer la situation.

Tu dis que le feeling passait bien au début avec ce psychiatre.
Et maintenant tu dis que tu te sens jugée.
Est-ce que ce psychiatre te paraît toujours un minimum bienveillant ?
Est-ce que son attitude avec toi te permet encore d'envisager la possibilité qu'il dirait ces choses qui te mettent en colère pour t'aider, au final ?
Tu dis que c'est un psychiatre hospitalier, mais as-tu assez de temps pour parler de tes problèmes ? Combien de temps durent les rendez-vous ?
Et si tes moyens le permettent, tu pourrais continuer à voir ce psychiatre, et consulter un psychologue en parallèle.

[helene18]

Oui Lise c'est vrai qu'au final j'ai eu tendance à faire ma caliméro comme je l'ai souvent fait dans l'enfance pour attirer l'attention de mes parents peu à l'écoute. Et c'est sûr qu'après 2/3 jours je me suis remise en question et ai réalisé qu'effectivement ce n'est pas en me plaignant que ça allait améliorer les choses. Malheureusement, comme je lui ai dis "ça va" la séance dernière, je trouve qu'il va vite dans les projets du genre "vous avez prévu des vacs et/ou vous pourrez potentiellement travailler en plus de vos études" ce sont des conseils en soit bienveillant mais à vrai dire je n'en suis pas à ce stade là, et il faudrait que j'apprenne à lui dire et ne pas toujours être d'accord avec lui. Du coup je me suis permise de lui dire que je le trouvais un peu dur parfois mais effectivement en posant le pour et le contre j'apprends à accepter les remarques et réaliser que certaines situations dans lesquelles je me met sont contestables ou "pas normales" (j'avoue que j'ai proposé une coloc à un garçon rencontré sur tinder alors que je vis avec ma soeur et là il m'a engueulé en mode : pourquoi vous imposez cela à votre soeur etc mais bon en soit elle etait d'accord, c'est à ce moment là en particulier que je me suis sentie jugée).
30min c'est assez peu pour creuser et oui je continue la psychologue en parallèle qui est elle très bienveillante et plutôt d'accord avec moi. Lui plutôt l'inverse à ne pas être d'accord mais au moins ça m'oblige à m'affirmer ce que je n'ai pas l'habitude de faire car je déteste le conflit.

De plus l'article que tu décris est très intéressant !
Après je voulais lui dire que si je suis capable de me remettre en question lui aussi et ça va quand je lui ai dit que je le trouvais dur il n'a rien dit, bon trop de fierté pour l'affirmer mais au moins il l'a entendu et je suis contente d'avoir été capable de lui dire.
Et oui il reste un minimum bienveillant, d'ailleurs j'ai l'impression de ressentir une sorte de transfert sur lui donc je me dis que c'est peut-être bien justement...

[om-d-kaverne]

J'ai connu un psychiatre qui me foutait en colère et un autre qui me rendait violent, moi, le Dalaï-lama des malades, pour réussir cet exploit, c'est dire la formation du spécialiste en colère soupe-au-lait !

C'est vraiment un comble, quand on attaque un malade Psy alors qu'on est censé être le secours tant attendu... Moi, je rayerai ces gens du métier de médecin, ils seraient interdits d'exercer un métier qu'ils déforment et abiment ! Un métier qu'ils ont appris pour soigner (serment d'Hippocrate) alors qu'ils font le contraire !

Je peux prendre beaucoup sur moi, mais face à ça je peux les envoyer ch... avec un certain plaisir (voir leur tronche à ce moment-là, ça vaut tous les paradis du monde).


C'est pour ça, entre-autre, qu'il est difficile de trouver LE bon psychiatre tout de suite. C'est à nous, malades, de jouer les "guides Michelin" de la Psychiatrie, en quelque sorte. Et d'attribuer des étoiles à tel ou tel autre.